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L'appel du Sang - Chapitre 3 [PV: Belladone]

Eckhard Draxler
Eckhard Draxler
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L'appel du Sang - Chapitre 3 [PV: Belladone] EmptySam 28 Oct - 2:10
Le sud de l’Europe était gorgé de contrées plus magnifiques les unes que les autres aux yeux d’Eckhard. Des magnifiques villages aux maisons en pierre blanche et aux tuiles ocre, aux paysages faits de collines de calcaire parsemées d’une herbe verte, de forêts de conifères, bien souvent au bord d’un littoral escarpé frappé par une mer aux eaux turquoises. S’il y régnait une forte chaleur en journée à cause d’un ciel très souvent dégagé et d’un soleil de plomb, il était agréable de sentir l’air marin, d’entendre les criquets le soir venu, et les vents méditerranéens qui apportent leur fraîcheur la nuit tombée. Il était rare de se soucier des pluies en plein bivouac, et il était assez facile de trouver nombre de fruits autrefois exotiques tels que les olives, pour n’en citer que le plus célèbre. Si on ne pouvait qualifier de « paisible » cet endroit, l’Europe en elle même ne l’étant quasiment jamais, la vie ici était agréable, et avait permis au voyage d’être particulièrement reposant, en dépit des défis qui se dressaient devant lui. Il s’y était senti particulièrement bien jusque là, comme s’il visitait une résidence secondaire, réservée aux vacances. « Peut-être dans le futur », se dit-il, en contemplant l’horizon méditerranéen.

La route de cette petite ville du Piémont avait été longue, simplement par caprice. Eckhard avait choisi une route alternative, longeant les falaises pour apprécier le spectacle tout en se convainquant qu’il esquivait les grands axes routiers sur lesquels planaient le risque d’être espionné. Il rit dans sa barbe, croyant à peine en cette éventualité, mais craignant tout de même que cela soit avéré quelque part.
La route décrivait maintenant une pente assez forte, plongeant au creux d’une sorte de crique entourée de collines escarpées. Le soleil commençait à tomber derrière l’une d’entre elle, d’ailleurs. De son point de vue, il pouvait voir la ville qu’il allaient rejoindre, à moins d’une demie lieue de là. On pouvait encore y deviner une légère effervescence sur le déclin ; il serait trop tard pour y faire quelques provisions, mais pas pour trouver un endroit où résider au chaud. À mesure qu’ils avançaient, Eckhard et ses hommes pouvaient regarder l’ombre du crépuscule envahir petit à petit la ville, et quelques torches éparses s’allumer juste après son passage. Un spectacle enivrant, supporté par le bruit des vagues contre les falaises. Puis, le port s’illumina à son tour, et une rangée de torches s’alluma le long de la digue de protection de la « marina » pour guider correctement les derniers bateaux de pêche encore en mer vers la sûreté.

Il fallut diviser la troupe de trente hommes en trois auberges différentes. Les effectifs étaient mélangés ; les conscrits des Thorn s’étaient bien intégrés, en plus d’être compétents, il étaient disciplinés et agréables dans l’ensemble. Mais pour preuve de bonne foi, la plupart avaient été disséminés parmi les trois groupes de mercenaires, et Eckhard lui restait dans l’auberge du port avec le détachement de soldats français le plus important.
Le loup attribua une bourse à chaque groupe, séparant une part de leurs bénéfices afin qu’ils s’organisent d’eux-même pour des festivités éphémères, bien méritées. Depuis leur départ pour la France, ils avaient voyagé sans arrêt vers l’Italie, puis étaient tous repartis sans presque jamais s’arrêter. En chemin, ils avaient fait comme à l’accoutumée : mercenariat, chasse, chasse à la prime. Un bon moyen de gagner de l’argent, un semblant de solde pour que tout le monde soit content.

Eckhard s’observa dans un miroir à la lumière d’une chandelle, dans sa chambre. Ses cheveux lui tombaient presque aux épaules toujours un peu broussailleux, et sa barbe longue d’un peu plus d’un pouce recouvrait son menton,  longeait le creux de ses joues et sa lèvre supérieure. Elle redescendait jusqu’à sa pomme d’adam. Il soupira avant de reporter tout ça au lendemain. Il était trop tard pour demander à se faire préparer un bain, de toutes les façons, et faire une toilette en pleine nuit était le moment idéal pour se tailler la peau au rasoir. Le loup entreprit donc de partir explorer la ville.
Si les couleurs claires et chatoyantes des bâtiments étaient bien plus triste en l’absence de la lumière du soleil, l’architecture des lieux était plaisante. De nombreuses maisons étaient reliées par une arche qui surplombait la route juste en dessous. À de nombreux endroits, on pouvait observer des terrasses ou des squares à hauteur d’un étage, accessibles par des escaliers. On pouvait croire que la ville entière était construite sur deux étages. Au cours de sa promenade, il tomba sur une grande place. D’un côté, une église, de l’autre, l’hôtel de ville. Petits, mais charmants. Eckhard connaissait le risque que représentait un lieu saint pour lui, mais il ne pouvait s’empêcher de les admirer, les humains portant toujours grand soin à l’esthétique dès lors qu’il s’agissait de rendre grâce à Dieu. À vue d’oeil, la place centrale devait faire cent pas de long, pour cent-cinquante de large. Il faisait frais, Eckhard soupira doucement, avant de se mettre à courir.

Des bruits de pas dans une ville désertée de ses habitants couchés pour la nuit. Bien évidemment, cela n’avait pas échappé à Eck. On l’avait suivi assez discrètement jusque là, et il avait confirmé la présence de plusieurs poursuivants. Bien heureux d’avoir conservé son équipement avant d’être sorti, il courait la paume enveloppant le pommeau de son épée longue. Une brûlure au bras gauche l’arrêta dans sa course, et un couteau brillant vint tinter en frappant le sol. Juste une petite coupure presque insignifiante à l’épaule, mais qui le brûlait comme un fer rouge. De l’argent.

Eckhard s’arrêta, fit volte-face et sortit son épée de son fourreau, juste à temps pour bloquer une épée. Lorsqu’il parait les coups de ses ennemis, il frappait. Il frappait la lame de son adversaire pour la chasser, et s’ouvrir une possibilité de contre attaquer. Mais il ne put rendre la pareille, lorsqu’une deuxième silhouette s’approcha à sa droite en armant un coup, qui le força à reprendre un peu de distance. Petit à petit, d’autres silhouettes firent leur apparitions. Douze, au total. Des yeux rubis. Gorge nouée. Des vampires. Trop.

Les lames brisent le silence en sifflant, fendant l’air, puis en se fracassant les unes contre les autres. Et Eckhard ne peut que reculer en bloquant. Le rythme et les coups pleuvent, ne lui laissant aucune occasion de contre. Parfois, un couteau de lancer vient tenter de le déconcentrer et d’ouvrir sa garde, mais rien n’y fait, il continue de se défendre désespérément.
Un premier fait un mouvement trop ample. Eckhard dérobe sa lame au dessus de la sienne, la chasse vers le sol et la remonte en un éclair pour trancher son cou. Le mouvement est net, pur, droit. Une botte parfaitement exécutée, qui rend ses yeux ambrés. Un sourire se forme au coin de ses lèvres quand il voit ses comparses faire un pas en arrière, alors qu’un premier cadavre s’écroule.
D’un coup le rythme retombe. Le doute et la prudence commence à s’emparer de leurs cœurs. Ils sont plus prudents, et lui, continue de reculer à l’aveugle, en direction du port.
Deux couteaux fendent l’air. Il en esquive un, et se retrouve de nouveau prit d’assaut par deux épées épées, ne peut esquiver le deuxième qui se fige dans sa cuisse gauche. Il hurle, bloques les deux attaquants, s’arrache le projectile de la cuisse en se brûlant la main et l’encastre dans la tempe d’un vampire trop surpris par la tournure des évènements. De rage, il tournoie son épée dans une main et la tient en garde inversée, avant de tournoyer et de perforer la cage thoracique de son deuxième attaquant. Ça n’en fait que trois.
Un nouveau couteau cette fois, se fige juste au dessus de sa clavicule. La douleur est horrible, il en hurle en encore. À chaque fois, il se retrouve obligé de retirer le couteau en restant concentré et mobile, pour ne pas redevenir une cible. Et sa rage se fait de plus en plus grande.
Son sourire aussi.
Contre toute attente, c’est Eckhard qui se retrouve à charger. Ses yeux brillent, et ses coups portés font mouche. Il frappe avec une telle violence, que ses ennemis sont repoussés quand ils bloquent. Deux d’entre eux flanchent et l’attaque passe à travers la garde, les blessant gravement au torse ou les tuant sur le coup. C’est probablement dû à la panique. Qu’une cible seule soit aussi coriace, qu’elle tente de prendre l’initiative d’un combat seul contre tous. Qu’il soit en train de tuer avec une expression aussi joyeuse. Aussi satisfaite. Qu’il soit en train de rire.

Une longue traînée de sang semblait peinte sur le mur de d’une maison, sur presque six mètres. Au bout, on pouvait trouver l’auteur de cette fresque macabre, encore appuyé dessus, au pas chancelant, tentant d’avancer. Plus loin dans la ruelle, douze cadavres alignés baignaient dans leur sang. Pas un habitant n’avait ouvert ses volets ou cherché à appeler la garde. Alors, seul, centimètre par centimètre, Eckhard prenait la route du port, épuisé, et aux portes de la mort. Il avait une profonde déchirure au niveau de l’épaule gauche, au dessus de sa clavicule. Son avant-bras du même côté était fendu en deux. Sa cuisse, gauche encore, était trouée par un poignard. Mais le pire à voir était probablement son visage, balafré du front à la mâchoire, l’œil percé, les dents déchaussées. Une plaie atroce, mais qui ne le faisait plus souffrir. Du moins, son corps entièrement endolori et empoisonné par la répétition de coups à l’arme d’argent ne ressentait presque plus rien. Seulement du froid, un très grand froid. Comme s’il était nu dans un blizzard. Ses veines avaient tourné au bleu, et il était presque exsangue.
Mais jamais il ne posa le genou au sol, en dépit de sa faiblesse. À moitié conscient, il leva son épée brisée vers la dernière personne encore debout face à lui. Son dernier assaillant, qu’il avait peine à décrire du regard. Cette vampire aux yeux rouges et à la chevelure blanche.
Belladona E. Thorn
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L'appel du Sang - Chapitre 3 [PV: Belladone] EmptyDim 12 Nov - 11:30

La comtesse Blanche était en route à nouveau sur les routes d’une nouvelle destination. Un voyage nouveau. Mais cette fois non pas pour noyer sa peine sur les rives d’une terre pluvieuse et grise telle que l’Angleterre. Elle se dirigeait vers une contrée nourrie par les rayons du soleil, pour gouter à un vent du Sud bien plus clément. Il lui fallait prendre racine ailleurs, se repaître d’un horizon qui lui permettrait de couper des plateaux venteux de sa famille.

À nouveau Calice, elle pouvait se débarrasser de son visage usurpé, et laisser de côté le temps d’un séjour, l’identité de sa soeur pour redevenir la bâtarde Thorn. Quand bien même elle appréciait tout ce faste elle s’était -il y a un moment déjà- rendu compte que c’était une cage dorée plus qu’autre chose. Avec son départ elle avait laissé au placard robes et autres soieries pour revêtir des habits passe partout qui lui donnaient l’air d’une bourgeoise. Vêtue d’une redingote noire, d’un tricorne, ses cheveux se répandaient en une cascade de filaments immaculés, lacés par un seul ruban de soie en une queue de cheval basse. Une paire de botte hautes mi cuisses accompagnaient ses longues journées de périples et une chemise légère recouvrait son buste que nul corset ne venait plus serrer.

En cette heure-ci, le bruit de son talon claquait contre le pavé des ruelles du Piémont, lent et silencieux, mais pas moins déterminé. Ce soir là elle avait eu soif, un besoin pressant de soulager ses besoins, ou peut-être simplement d’un entremet pour accompagner son voyage. Et alors qu’elle parcourait les ruelles, ses pas empruntèrent par eux-même le chemin d’une piste, particulièrement enivrante. Sans réfléchir son corps s’orienta d’une ruelle à une autre comme doué d’une volonté propre et alors qu’elle arrivait vers un nouveau dédales de ruelles en quittant la grande allée, c’est une toute toute autre scène qui se peignit sous ses yeux à mesure quelle découvrait les traces d’une lutte qui s’était menée ici même il y a encore peu de temps. Et c’est une scène bien sombre qui se découvrit sous ses yeux.

Ici l’un d’eux était tombé. Là un autre avait esquivé un coup. Elle pouvait imaginer la scène, les coups échangés, la lutte qui s’était menée. Sans peine une probable embuscade. Elle pouvait le déduire au vue des traces de sang répandues sur le sol et les divers parfums flottant dans l’air, chacun d’eux possédait une odeur différente. Bientôt au détour d’une rue, suivant inconsciemment le chemin dont une une trainée carmine délicieuse particulièrement longue, elle découvrit un certain nombre de cadavres. Intéressée elle approcha pour se pencher par dessus les corps inanimés, détaillant la manière dont ils avaient étés tués : dans la précipitation. Plus elle en découvrait plus elle frémissait de plaisir, c’était prenant de lever le voile un macabre drame de cette façon, si peu de temps après qu’il ai eu lieu. Autant dire que cela faisait longtemps qu’elle n’avait plus été excitée de la sorte. Ses doigts suivirent la courbe maladroite retracée contre le mur et poursuivit sa trace. L’un des hommes en avait échappé, mais il n’était plus loin, les courbes fragiles de la main qui avait cherché l’appui du mur se faisait de plus en plus vacillantes. L’homme s’y était appuyé pour tenir debout. Il luttait pour sa survie.

La mort était proche.
Elle était là. Elle arrivait.
Son odorat affuté le sentait.
Calice approchait à pas de velours, le regard acéré. Bientôt l’odeur de sang emplit ses narines, achevant définitivement de la mettre en appétit. Sa poitrine s’enfla d’un instinct de prédation nouveau tandis qu’elle dévisageait la silhouette en peine qui se tenait sous ses yeux. Un homme ensanglanté pas loin de rendre son dernier souffle. Ou non. Un animal boiteux. Ses yeux se perdirent sur le visage rougit, coulant sur les blessures décharnées qui parsemaient son corps, pas très belles à voir d’ailleurs. Plus que ces blessures, c’est le regard qu’il lui lança qui attira son attention. Elle haussa un sourcil, il y avait des regards que l’on oubliait pas, encore moins quand ils vous regardaient avec tant de mépris. C’était donc lui ? La surprise qui peignit son visage disparut aussi rapidement qu’elle était venue pour faire place à un sourire ironique.

— Draxler ? interrogea-elle.

Quelle surprise de le retrouver ici, à ce moment précis et dans cette posture. Qui l’aurait cru. Il fallait donc qu’elle revoit son satané visage. Ce misérable qui lui avait craché sans modération au visage. Il n’y avait vraiment que son odorat pour la rendre aussi aveugle : par sa soif et prise de fascination elle n’avait pas reconnu la fragrance de son sang pourtant si reconnaissable. Le pauvre homme était en piètre état mais toujours sur ses pieds. Peut-être était-ce un juste rendu pour l’affront qu’il lui avait fait, que de se retrouver en si faible posture sous ses yeux. Il lui offrait là une occasion rêvée. Après tout, peut-être le destin l’avait-il voulu là pour ça ? Au vue de ses blessures il devait souffrir le martyr, et s’il lui demandait ça serait volontiers qu’elle le soulagerait de ses souffrances. De sa lame ou de ses crocs.

— Vous voilà dans un bien piètre état très cher.

Et bien quel paradoxe entre leur première entrevue et celle-ci. L’homme si bien toiletté de leur première rencontre n’était ici plus qu’un lambeau vivant. Une bête enragée pas loin de s’échouer pour embrasser la mort. Lentement, la main sur son épée, elle approcha de lui, le pas félin, le regard inquisiteur. Elle n’avait désormais plus une petite faim mais un appétit particulièrement prononcé. S’il la titillait trop, elle ne répondrait plus de rien.

— Je vous conseille d'abaisser votre arme à moins de me faire vouloir changer d'avis quant à votre sort. Rendez vos armes, autrement je crois que c’est bien votre âme que vous perdrez car vous trépasserez sous ma lame. Je suis en pleine possession de mes forces, je ne suis aveuglée par aucune colère à votre contraire alors… épargnez moi plus de ce spectacle macabre voulez-vous ?

Pleine possession de ses forces, ou presque. Il ne fallait pas présumer de sa capacité à céder à ses instincts primaires. Elle approchait du loup, pas à pas, veillant à ne faire aucun geste brusque.
Eckhard Draxler
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L'appel du Sang - Chapitre 3 [PV: Belladone] EmptySam 25 Nov - 7:49
Main tremblante, bras à l’horizontale. Lame vers l’avant, toujours en garde. Près de la mort, pas prêt à abdiquer maintenant. Il avait encore bien trop à faire pour se laisser emporter maintenant. Il avait encore bien des choses à connaître avant de mourir maintenant. Eckhard poussa le mur d’une épaule pour se remettre droit, mais chancelant sur ses appuis, avant de se stopper net dans un équilibre précaire. Petit à petit, il se concentrait pour revenir parmi les conscients, pour se sortir de cette torpeur qui l’engloutissait et l’emmenait doucement à la mort. Il reprenait un peu de vigueur, qu’il tirait de Dieu sait où. Un instinct de survie primaire, ou un désir ardent de vivre.

Un vent marin s’engouffra dans les rues de la ville, se faisant doucement entendre grâce au silence de la nuit. Délicatement s’approchant comme une légère caresse de la mer vers les montagnes. Quelques effluves de sel, un peu d’humidité de la méditerranée, un chant chaleureux. Pourtant, il s’infiltrait vicieusement dans ses plaies, et il pouvait le sentir, rampant, remontant ses vaisseaux sanguins pour le glacer une nouvelle fois. Il ne put retenir un grondement sourd, témoin de la douleur que ce simple vent pouvait lui infliger.
Et après le toucher, l’ouïe.

« Draxler. Vous voilà dans un bien piètre état très cher. »

Il entendit son nom, comme à travers une épaisse porte de bois. Un son étouffé. Mais provenant de lèvres étirées, certainement par un sourire. L’ennemi le connaissait, mieux que lui le connaissait. Cette simple pensée, soutenue par un grossier raccourci faite par un  esprit dans l’incapacité de raisonner, était proche de le terrifier. Il crut, à cause de cette erreur, qu’il ne se tenait plus devant un assassin, mais une montagne au flanc lisse, qu’il ne pourrait gravir faute de trouver une aspérité. Un obstacle infranchissable, seul. Et on le moquait. On lui signifiait de nouveau sa piètre condition de dépouille vivante. De rage, il se prépara à faire un pas de plus, avant de flancher, et de finalement rester immobile.
Puis, le corps face à lui avança. Un pas léger, non pas de quelqu’un en posture de combattant, mais peut-être de vainqueur. Un être dominant, ne le prenant même plus pour une menace quelconque. Une violente migraine le traversa, et il crut sentir ses jambes défaillir sous un vertige puissant. Mais il resta debout, se concentrant pour chasser ce voile blanc qui lui obstrue la vue, l’empêche de définir les traits du salopard qu’il trancherait sous peu.
Et après l’ouïe, la vue.

La première chose qu’il vit, était sa propre épée. Du moins, la garde, puisque la lame était brisée net à la base. Il n’en restait que quelques pouces, et pas de tranchant. Pas même une petite pointe saillante au point de cassure, qu’il aurait pu utiliser. Il sentit presque une larme de colère monter, se sentant de plus en plus proche de trépasser. Et pendant ce temps, chaque seconde s’allongeait comme une heure, tant l’alanguissement qui le prenait était fort. La réalité semblait lui échapper de nouveau, puis revenir, l’empêchant de reprendre pied. Il put enfin décrire l’ennemi.

Belladone.

Était-ce là le songe d’un homme aux portes de la mort ? Pourquoi la voir, elle, maintenant, fièrement dressée face à lui ? Tout cela avait-il la moindre signification ? Était-elle réelle ?

Plus rien n’avait de sens. Elle n’avait aucune raison de parcourir les mêmes rues que lui, aussi loin de chez elle. Il n’y avait aucune chance, pour que le hasard la mette sur sa route. Pas le moindre sens. Ainsi, quand elle lui ordonna de rendre les armes, il le fit. Sans comprendre la suite de ses mots, trop nombreux pour tous les assimiler dans son état.
Eckhard jeta les restes de son épée, dans un tintement fracasseur au sol.

Il s’efforça de se redresser. La souffrance le secouait de spasmes violents, chaque fois qu’il faisait appel à ses muscles. Ses vêtements déchirés, tâchés par des mélanges sanguins effroyables. Le corps tout aussi en lambeau, rendu invalide. Il resta droit face à elle quelques secondes, expirant lourdement sa douleur à chaque mouvement de poitrine. Puis, sa mâchoire commença à trembler. Ses lèvres déchirées n’arrivaient plus à se pincer pour attaquer le moindre son. À la place, du sang, et un bégaiement ridicule, ponctué d’une respiration laborieuse.

Jamais il n’avait ressenti une telle honte, une telle douleur.
Jamais, quand bien même il fut traité de bâtard maintes et maintes fois, par la simple propagation de rumeurs, sur ce jeune homme sans mère, vivant au crochet d’un Duc. Un garçon simple pourtant, qui avait eu à subir de nombreuses humiliations par le passé. Allant parfois jusqu’à le frapper, sans jamais avoir le droit de réponse. Il n’était qu’un roturier. Un garçon de la plèbe, ayant juste un peu plus de chance que les autres, de vivre au chaud dans un manoir qui n’était pas le sien, à manger une nourriture qui ne lui était pas destiné.
Jamais, quand bien même il eut connu un champ de bataille, le combat, héraut d’une moisson d’âmes et de corps valides pour une futilité. Quand bien même il avait été frappé comme un chien. Et il fallut que Belladone soit témoin de ça. La dernière personne au monde à qui il aurait montré ses faiblesses. La dernière personne sur qui il oserait compter.
La liberté se payait au prix fort, en ce bas monde.

Les mots commencèrent à faire leur chemin hors de sa bouche. Malheureusement, peu d’entre eux purent sortir. Certains restèrent prisonniers de son esprit, convaincu pourtant qu’ils avaient accompagnés les autres dans une phrase en bonne et due forme. Ainsi, « bien », « le » « chère » et « aux » furent condamnés à l’oubli.

« … bonsoir… Dame.. calices.. »

Par excès de politesse. Pour garder ce masque de « bien-paraître » exécrable qu’il avait porté la première fois, mais surtout pour rester digne. Mais l’atonie le gagna, et ses deux jambes cessèrent de répondre, le laissant tomber à genoux au sol, tête ballante vers l’avant. Ses bras tombèrent mollement, laissant presque ses paumes de main toucher le sol entre ses cuisses.

« Rette…mich.. bitte... »
Belladona E. Thorn
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L'appel du Sang - Chapitre 3 [PV: Belladone] EmptySam 16 Déc - 0:14

Peu importe combien elle approchait, à mesure qu’elle avançait, l’homme tenait coûte que coûte à ce dernier pan de fierté qui semblait être finalement ce qui le tenait en vie. Un besoin de rester droit et inflexible jusqu’au bout, un accès de détermination pugnace. Elle devait bien lui reconnaitre ce courage, presque touchée par la manière dont son regard tremblant tentait encore de soutenir le sien. La femme n’émit plus un mot. Elle estimait que la situation s’en passait désormais.

Cette vision de lui n’était pas pour lui plaire. Draxler faisait peine à voir. Bien que l’on ne l’eu cru, l’immortelle n’aimait pas particulièrement les bains de sangs quand ils ne concernaient pas ses affaires, encore moins les victimes de massacres inutiles. Tant de gâchis, et d’un sang qui plus est si alléchant. Aussi cette image de lui suscita en elle un quelque chose, suffisant pour quelle daigne faire quelque chose pour arranger tout cela. D’un mouvement de jambe elle se retrouva à quelques mètres de lui, le regard fixe. Dans cette aura de défiance, la femme lui intimait de rendre les armes. Une chose que l’homme qui n’était plus en mesure de tenir ne tarda pas à faire. Le tintement du métal retentissait contre le sol et ne manqua pas de soulager l’immortelle qui finalement franchissait les derniers mètres qui les séparaient pour le rejoindre. Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, elle n’avait aucun sourire suffisant aux lèvres, et le voir dans pareille position bien qu’étant ironique, ne lui avait guère apporté plus de satisfaction.

Il ne devait pas mourir.
Du moins pas maintenant, son heure n’avait pas sonné. Elle lui portait des intérêts non des moindres, premièrement par la mission dont il était en charge a laquelle elle participait, mais aussi parce qu’une part d’elle voulait observer d’à peu plus près cet homme étrange dont tout lui échappait depuis l’instant de leur rencontre. Une curiosité suffisante pour l’empêcher de céder à cet instinct grandissant dont sa poitrine s’emplissait. Une envie intense, une soif telle qu’elle réprimait avec peine. Une envie sauvage de prendre l’ascendant, une toute dernière fois sur le presque cadavre d’un « innocent ». Une partie de son être, qu’à coup de maitrise et de temps elle avait maitrisé.

Stoïque, elle put palper la douleur électrique de l’homme aux portes de la mort. Ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’il ne trépasse pour rejoindre le monde des morts. Rien qu’à un fil. Elle avait cette impression d’assister à la mise à mort d’un taureau qui n’était plus capable de rendre les coups qu’on lui donnait mais qui jusqu’a son dernier souffle était capable de chercher à foncer sur le premier dressé sur sa route. Une scène aussi terrible que fascinante pour la vampire dont le regard ne quittait jamais sa « proie ». Oh si seulement il l’était, elle pourrait le soulager de ses douleurs, lui ôter ce poids.

Elle fut surprise néanmoins qu’il parvienne à prononcer… une salutation, et même pire, sans le savoir son prénom. Un instant son expression si calme se troubla, et elle plissa les sourcils, sans avoir le temps de s’attarder d’avantage. Bien sur, elle aurait pu jouir de cette vision de l’homme agenouillé devant elle si elle ne savait pas bien sur que c’était par épuisement. Elle ne tirait vraiment aucun profit de cet instant, aussi voyant qu’il ne tint plus, prêt à s’effondrer la seconde d'après, elle s’avança en un éclair.

La tête de l’homme ne s’échoua pas sur le pavé de la ruelle mais contre un buste froid et solide, et deux grands bras qui bientôt se refermaient tout autour de lui pour amortir sa chute. La vampire observa son visage éteint puis ne perdit pas de temps. Elle se redressa pour prendre le corps inerte sur son dos afin de le soulever puis elle partit non sans peine dans la direction de l’auberge où elle avait prit ses quartiers afin de l’y ramener, semant derrière elle des larges trainées rougeatres.

Peu de temps après, l’homme allongé sur le lit, elle avait prit le soin de le débarrasser des derniers lambeaux de tissus poisseux qui le recouvraient pour constater l’étendu des dégats, pas beaux à voir. Soigneusement, elle se débarrassa de sa veste, retroussa ses manches et entreprit de s’occuper des blessures du loups, la pupille noir d’encre.

Il y avait beaucoup à faire.
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L'appel du Sang - Chapitre 3 [PV: Belladone] EmptyVen 5 Oct - 23:32
L’endroit était calme. Une grande plaine, très légèrement vallonnée, couverte d’une herbe bleue-verte grasse et courte. Il semblait y faire nuit, mais une douce lumière pourpre irisait le ciel. Tout était silencieux, si ce n’est pour ces petites bourrasques légères qui faisaient onduler le sol. Eckhard ne savait pas où il était, ni ce qu’était cet endroit. Cela ne ressemblait en rien à ce qu’il connaissait, et les couleurs du tableau devant lui n’étaient pas naturelles, il s’en rendait bien compte. Mais il s’y sentait apaisé. Tout était si calme.
Il se retourna, et vit un homme face à lui. Il était surpris de le voir, même heureux. Son visage lui était particulièrement familier, rassurant. Ils commencèrent à discuter, de trivialités, surtout, comme deux personnes qui ne s’étaient pas vu depuis longtemps. Mais c’était chaleureux. Pourtant, il ne comprenait pas un mot ; ni ceux qu’il prononçait, ni ceux qu’il entendait. Il ne savait même pas qui s’était. Il ne percevait qu’une sorte d’émotion, de sensation de calme. Il aimait et respectait cette personne.
Une migraine lui écrasa la boîte crânienne. Une odeur poisseuse lui vint aux narines, il vit un bol face à sa tête, encore des mots dont il ne comprenait le sens. Puis il sentit qu’on l’entourait dans du tissu.
Il inspira un grand coup, et se réveilla à nouveau dans ses plaines féériques.
Cette fois, il était accueilli par une foule immense. Des gens qui le saluèrent, fourmillant à perte de vue. Autant de visages qu’il ne reconnaissait pas, mais qu’il avait la ferme sensation de connaître. Des gens qui, il le savait, l’avaient apprécié sans savoir pourquoi. En chœur, ils lui ont répété une phrase, qu’il s’était empressé de reprendre avec eux. Puis il sentit son corps se tordre de douleur.
Devant lui, un homme tenait un couteau et une bassine. Il était attaché, son poignet était ouvert. Il voulut hurler, mais n’entendit qu’un son étouffé. Il replongea une fois de plus.
Plus rien n’avait de sens cette fois-ci. Devant lui, des dizaines de personnes l’attendaient. Il pouvait les compter à l’œil, mais aucune d’entre elles n’étaient accueillantes comme celles d’avant. Au contraire, il ressentait de l’animosité. Beaucoup de rancœur. Les tambours, au loin, tonnèrent. Dans la légère obscurité, il vit les reflets de leurs lames sorties de leurs fourreaux. Et il remarqua ensuite que lui aussi, avait dégainé. Ils se jetèrent sur lui, il se jeta sur eux.
Du sang partout. Des cris, du métal fracassé. Il eut l’impression que le combat dura des jours.

Son cœur se mit à battre violemment. L’air entra, et lui brûla les poumons comme une soupe bouillante. D’un coup, la douleur s’empara de son corps. Eckhard se redressa d’un bond en étouffant un hurlement sourd dans sa mâchoire ; ou plutôt, dans le bandage qui la lui serrait. Sa respiration était courte, haletante, difficile. Et cette migraine… à s’en trépaner. Hagard, il lança son regard un peu partout dans la pièce, sans pour autant être capable de reconnaître quoique ce soit. Il ne comprenait pas où il était, ni ne comprenait ce qu’il y faisait. Sa tête était encore trop lourde, et ses oreilles étaient encore prises dans les échos de son cauchemar, ses tintements de lame, et ses tambours. Sa peau lui semblait brûlante, comme sa langue. De la fièvre, pensa-t-il. Il devait boire un peu pour s’en soulager. Il tourna la tête vers la gauche, y trouva un pichet qu’il tenta d’attraper avant de le renverser avec le dos de la main. L’ustensile en cuivre atterrit sur le parquet dans un claquas sourd, mais Eckhard était encore plus perturbé par son geste. Il se savait au-dessus de ce genre de maladresses.
Il regarda d’abord sa paume de main, à quelques centimètres de son visage. Puis le dos, en tendant le bras de tout son long, vers le plafond. Il ne percevait plus la profondeur. Une pointe de douleur lui traversa la face entière, et sans broncher, il ramena le bout de ses doigts sur son visage. Du bout des doigts, il découvrit le bandage qui lui serrait en réalité tout le visage, en se souvenant clairement du moment où ce dernier avait été blessé. Ce coup de lame qui aurait pu le tuer, le laisser le crâne fendu sur le pavé. Et sa main glissa doucement vers son épaule, puis vers les nombreux bandages qui lui couvraient le côté gauche du corps, essentiellement. Il se remémorait chaque coup reçu.
Il s’en serait mordu la lèvre au sang s’il avait pu ouvrir la bouche.
Petit à petit, il commençait à se désengourdir. Eckhard s’assit au bord du lit, prêt à se lever. Du moins, prêt à essayer. Il sentait ses jambes affaiblies, ce qui le laissa penser qu’il était alité depuis plusieurs jours. De plus, la faim se faisait sentir. L’évidence le voulait incapable de manger avec une gueule cassée pareille. Le mercenaire inspira un peu, et se hissa sur ses deux jambes avec difficulté. Le manque d’énergie se faisait sentir, on avait du le nourrir au mieux à l’eau et au bouillon de poule. Ou au pain trempé, si elle s’avérait être pingre. Elle. Ça lui hérissait le poil, de se savoir redevable de sa vie. Encore pire, si elle parlait allemand, car il se rappelait de l’avoir appelé à l’aide dans une supplication de mourant.

Une fois son équilibre retrouvé, Eckhard se pencha pour ramasser le pichet de cuivre, et le secoua avant de finir la petit gorgée d’eau qui y était restée. Il la reposa simplement sur la table de chevet, avant d’avancer à tâtons en passant l’endroit en revue. Une chambre, simplement. Il y avait ça et là le mobilier typique d’une chambre d’auberge classique. Les rideaux étaient fermés, mais on devinait la nuit. Il avança vers le miroir de la chambre, suspendu à un mur au-dessus de la table de chevet. Il regarda sa tête, bardée aux trois-quarts de bandages. Il eut envie de rire, à voir sa sale tête, et l’air improbable que ça lui donnait. Ses yeux étaient largement cernés, mais il devinait sa mâchoire rasée, sa joue étant lisse. Sa langue fit un état des lieux primaires de sa bouche. Il lui manquait quelques dents, mais la gencive avait l’air lisse. Sa lèvre était encore un peu fendue, mais était refermée. À vue de langue, ça laissait supposer comme un bec-de-lièvre à l’envers. Il entreprit d’enlever les pansements de sa tête, et les laissa tomber sur ses épaules. Et il se sourit. Il l’avait vraiment échappée belle.
Eckhard remit tout de même une partie des bandages, ainsi qu’une nouvelle  compresse pour sa cavité orbitale. Celle-ci prendrait énormément de temps à revenir, si jamais elle revenait. Son œil gauche était désormais couvert. La longue ligne qui lui traversait le visage n’était plus à vif, mais la surface était encore lisse et rose, à peine refermée. Une belle balafre, qui lui resterait encore un bout de temps. Pour le reste du corps, il pensa encore attendre avant d’en enlever les bandes. Après tout, il s’était affairé à dégager sa bouche pour aller trouver à boire, et avec un peu de courage, de manger quelque chose.
Mais il eu beau fureter, il ne trouva aucun vêtement à mettre. Seules ses bottes étaient présentes, calées dans un coin de mur à l’autre bout de la pièce. Il repensa à l’état dans lequel il était en arrivant, et il n’y avait rien à sauver. Ni ses vêtements, ni sa lame. Et sa bourse était, elle, dans l’auberge où il avait pris une chambre. Ce qui l’emmena à penser que s’il la retrouvait, ce serait un miracle, puis qu’entre ça et ses hommes qui devaient l’attendre à se demander où il avait disparu, ça lui donnerait pas mal de choses à régler. Je ne me mettrai plus jamais dans cet état, se promit-il, trop ennuyeux.
Enroulé dans le drap, comme dans une écharpe ridiculement large, il entreprit de sortir de la chambre. Il attrapa le bougeoir et l’alluma avec une petite allumette avant de sortir de la chambre à pas feutrés.
Du bougeoir il passa à la lanterne qu’il trouva sur le comptoir. Un peu mieux éclairé, il pouvait commencer à farfouiller le cellier pour y trouver de quoi se repaître un peu. Il trouva une miche de pain à moitié entamée, de la charcuterie, et un bout d’un fromage à la texture assez ferme qu’il ne connaissait pas. Le poids de ses vivres pesait sur son corps endolori, il les plaça rapidement sur le comptoir avant de retourner chercher un couteau pointu, et une carafe d’eau.
Et il se mit à table avec entrain, même si la mastication était un peu difficile à cause de sa gueule en biais.
Belladona E. Thorn
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Âge du personnage : On ne demande pas son âge à une -vieille- femme..

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L'appel du Sang - Chapitre 3 [PV: Belladone] EmptyVen 4 Jan - 20:34

Les premiers jours furent les plus pénibles. Draxler était dans un état préoccupant. Calice n’avait plus compté le nombre de bassines sanglantes vidées pour nettoyer les plaies sanguinolentes de l’homme. Le premier soir avait sans doute été le pire. Aucun autre mot ne lui avait était venu aux lèvres si ce n’est celui de boucherie quand elle avait dévoilé une à une ces plaies.

Elle n’avait pas pu appeler de médecin car étrangère à la région qui ne comptait aucun de ses amis auprès desquels demander de l’aide pour une créature immortelle. Ainsi forcée de s’y prendre elle avait peiné à soutenir l’odeur de sang frais qui dès les premiers instants avait réveillé ses instincts prédateurs. La nuit suivant l’incident elle n’avait pas attendu de revenir à l’auberge pour se nourrir pour ne pas céder à ses pulsions. L’écoulement constant du sang de ses plaies lui avaient mis ses nerfs à rude épreuve. Et quand elles avaient cessé, elles s’étaient mises à suinter de liquides purulents. La chair à fleur de peau palpable à son regard aiguisé. Elle pouvait en sentir la chaleur quand ses doigts changeaient les bandages imbibés, assistant en silence à la fièvre de la presque carcasse immobile entre les draps du lit,  plongée entre la mort et la vie. Ce soir de fièvre prononcée, assise dans un fauteuil de fortune étendu devant l’âtre crépitant, elle n’avait su dire si le lycanthrope s’en serait sortit. Elle s’était contentée d’attendre dans le silence de la chambre, sans un mot installée dans un fauteuil de fortune duquel elle contemplait le crépitement de la cheminée. Un maigre réconfort pour ce séjour qui avait prit une toute autre tournure que celle escomptée.


Sur ce même fauteuil elle s’était assoupie de nombreuses fois. Elle avait préféré dormir ailleurs le plus clair de son temps, pour laisser sa chambre à l’homme alité. Oh elle avait bien connu une infime part de souffrance similaire à la sienne, sa cicatrice en attestait tant bien que mal. Un soir profitant d’une accalmie de la fièvre de l’homme elle descendit rejoindre l’aubergiste pour prendre un tabouret.
— Votre camarade va mieux ? Lui avait-il lancé au moment où elle s’installait sur un tabouret, lasse de la tournure des évènements.
— Je ne saurais trop vous dire hasarda-elle en se passant une main sur les tempes. Servez moi dont un bourbon… 
— Courage ma petite Dame… Avec les soins que vous lui apportez je suis sur qu’il sera vite r’mit sur pieds mais il a bien été amoché l’garçon.
Bien sur qu’il avait été amoché et pas qu’un peu.
Quelle importance ça avait… Il n’était pas son compagnon de toute façon. Elle était même sure qu’il serait encore capable d’être ingrat quand il la reverrait. Et puis… de quoi se mêlait cet étranger. Elle détourna les yeux en ramenant à elle le verre qu’il lui posa sur le comptoir puis prit une première gorgée, appréciant le silence de la pièce.

Les nuits suivante après avoir constaté une amélioration de l’état du lycan, la vampire s’autorisa une sortie nocturne pour prendre l’air et fuir cette situation inconfortable. Toujours sans savoir réellement pourquoi elle avait sauvé l’homme elle était même allée jusqu’à chercher des herbes médicinales et quelques cataplasmes à appliquer sur les plaies de ce dernier. Et ce soir elle en était venue à bout, c’est pourquoi elle était sortie à nouveau pour aller en cueillir. Dans le silence de la nuit elle avait récoltée, fleurs, herbes sèches et grasses pour ses préparations avant de revenir sur les lieux. Il était tard à cette heure précise, pourtant lorsqu’elle entra, une lueur attira son regard et la femme s’avança jusqu’à surprendre une étrange silhouette, familière a tablée et faites de bandages. Elle le dévisagea en silence avant de s’avancer.
— Bonsoir.
Sa voix basse n’était pas destinée à le surprendre sinon qu’à l’informer de sa venue. Après seulement, elle se rapprochade lui pour poser son panier sur le bois de table.  
— Je vois que vous êtes enfin réveillé. Ses yeux descendirent sur les pansements réarrangés probablement par ses soins.
— Vous devriez peut-être manger plus lentement, ça fait des jours que vous n’avez rien avalé, vous allez brusquer votre estomac… 
Cela dit, elle était contente de voir qu’il était enfin sortit de sa longue nuit de sommeil. À en juger par ce qu’il avait porté sur la table, elle devinait qu’à son réveil, l’appétit n’avait pas tardé à le saisir. Un bon signe, néanmoins précipité au vue de son expression douloureuse. Depuis le temps qu’il n’avait plus avalé quoi que ce soit de solide, seuls les bouillons de poulet aux légumes soigneusement préparés par Mr. Mervald, l’aubergiste lui avaient été portés après des jours où elle n’avait pu l’hydrater qu’avec de l’eau.

Eckhard Draxler
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L'appel du Sang - Chapitre 3 [PV: Belladone] EmptyDim 17 Fév - 0:39
Mordre dans la charcuterie lui infligea une douleur terrible. Comme si il sentait une pointe d’acier lui entrer sous la mâchoire, jusqu’à lui ressortir par l’œil. Il ne pouvait plus vraiment mastiquer. Même en y allant doucement, dès lors qu’il devait mettre un peu de pression sur la viande, la douleur revenait. Il serra le poing, et se le mit devant la bouche ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Sa frustration était aussi palpable que les tremblements de sa main. Et il se forçait à mastiquer, entêté au point de ne plus savoir quand abandonner.

Sa voix l’arracha à sa bêtise.

Il eut un petit sursaut de la tête, avant d’entendre ses pas se rapprocher. Eckhard se saisit à la hâte de sa cruche d’eau et en avala une grande rasade. Le passage du morceau de saucisson fut difficile, et il s’accompagna d’un hoquètement  incomodant. Il n’avait aucunement envie de lui faire face maintenant. Bien que cela dut forcément arriver à un moment, il eut espéré que ce serait plus tard. Quand il se sentirait prêt à lui faire face. Après s’être hurlé au visage, puis quittés avec un goût acide proche de la haine, il se sentait honteux. Il l’avait avili, elle et ses activités qu’il considérait morbides, et elle l’avait sauvé. Il n’était pourtant pas si important, qu’il ne lui faisait économiser que quelques sous et quelques hommes, qu’elle décida d’enquêter par ses propres moyens. Sa mort n’aurait rien changé à son niveau, ça avait le don de l’irriter, car il n’y comprenait rien.

« Bonsoir, dame Belladone », dit-il en serrant les dents.

Il attrapa son pain, et se résolut à ne pas tenter le diable, en y déchirant la mie. Toute la mie, jusqu’à ne laisser que des coquilles de croûte vide. Au point où il en était, peu importait la honte, son estomac vide attisé par l’eau lui réclamait plus.

« Des maux d’estomac ne changeraient que peu de choses en l’état actuel. »


La mie avait l’avantage de n’offrir aucune résistance à ses dents : mieux, une gorgée d’eau suffisait à la diriger le long de son œsophage. Sa faim était apaisée, mais si il retint une grimace, il dut concéder qu’elle avait bien raison de le convaincre de tempérer son appétit. Il se sentait déjà ballonné, alors qu’il n’avait même pas encore mangé la moitié d’un pain, à peine une tranche de saucisson, et pas un gramme du fromage laissé pour compte sur la table.
Il attrapa son drap, qu’il réajusta correctement sur ses genoux pour être certain de garder encore un minimum de décence devant elle. Il en passa un coin autour de son épaule comme une toge romaine, et lui sourit légèrement. Il marmonna un « je » timide, esseulé au milieu d’un silence pesant. Il eut envie de s’écraser le front contre la table, forcer le sommeil à le reprendre pour quelques jours. Mais la douleur qui en résulterait le garderait suffisamment conscient pour ne pas apprécier. Il prononça un « je » hésitant, timide et esseulé dans un silence pesant.

« Je ne sais pas quel hasard vous a mis sur mon chemin ce s.. la nuit dernière ? J’ai dormi combien de temps là-haut, exactement ? », demanda-t-il ; il n’avait aucune idée du temps passé depuis son combat.

Puis il ferma les yeux, en soupirant. Il n’y avait pas d’odeur récurrentes dans la chambre, si ce n’est la sienne, celle de son sang, et son parfum à elle. C’était le signe d’une occupation des lieux uniquement par eux, assez longtemps pour y marquer son passage. La culpabilité le saisit, alors qu’il comprenait qu’elle s’était armée de patience pour lui sauver la vie, seule, ou sinon avec une aide extérieure succincte. Il s’en mordrait la lèvre, s’il avait encore toutes ses dents.
La main posée sur le cœur, la tête basse. Il aurait eu moins de mal si ce n’était pas elle. Elle dégageait cette aura froide et trop calculatrice pour qu’il s’en sorte simplement.

« Je vous remercie. Même si je ne comprends pas votre présence ici, ou vos motivations à mon égard, je vous dois la vie », annonça-t-il avec un ton un peu trop léger. Il était sincère, mais à contrecœur.
Puis il remarqua son panier, plein d’herbes qu’il avait vu être utilisées par les locaux comme remèdes. Son esprit se mit à tourbillonner, et machinalement il leva les mains pour se frotter les paupières, avant d’avoir un douloureux mouvement de recul. Ne pas sentir sa paupière, et soudainement se rappeler qu’il lui en manquait une le désespérait. Et ça se lisait sur son visage.

« Ce n’est rien. Je vais m’y habituer. Au mieux ça repoussera, au bout d’un moment »
, ponctua-t-il d’un rire amer, lui même peu convaincu.
Il savait les capacités de régénération des Loups, mais pas dans quelle mesure. Jamais il n’avait eu, ou vu de telles blessures. Et le reste de son corps étant dans cet état, sa guérison serait d’autant plus longue, que fiévreuse. Il leva ses yeux vers elle, tourbillon.

« Je… crois que j’ai perdu mon épée. Non, elle est cassée. Il va m’en falloir une autre, et des nouveaux.. vêtements. Ils sont tous morts, non ? Je suis sûr d’en avoir tranché plus d’un au cou. J’ai besoin d’une épée. »

Son esprit tourbillonnait encore, et de plus en plus fort. Les questions affluaient encore, et de plus en plus nombreuses. Il tentait encore de se focaliser sur quelque chose, mais même ses paroles divaguaient d’un sujet à l’autre. Il leva la main à l’attention de Belladone, l’œil papillonnant.

« Attendez, s’il vous plaît. »

Eckhard tentait tant bien que mal de réfléchir à sa crise délirante. Il savait ce que c’était mais ne pouvait mettre la doigt sur ce que c’était. Sa tête était pleine d’un chahut que son cerveau lui servait, comme un collégien tentant d’étudier un sujet philosophique de bon matin, dans un marché au poisson de la côte méditerranéenne. Il devait entendre les bonnes informations dans un brouhaha infernal, et inutile. Son visage était empreint d’inquiétude.
Crâne. Coup. Délire. Crâne, coup, délire. Crâne coup, délire.


« J’ai besoin d’opium. Commotion. J’ai besoin d’opium. »
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