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ab imo pectore ••• belladone InvitéInvité | Sam 30 Sep - 22:45 Cette soirée ressemblait à beaucoup d'autres. Il y avait eu dehors le ciel qui pleurait et sa tristesse était grande. Il n'y avait rien d'exceptionnel à la présence de cette pluie incessante depuis ces quelques jours, elle avait pourtant le don d'assombrir tes pensées. Toi qui étais habituellement si vive et enjouée, le ton était aujourd'hui des plus moroses. Tu n'étais arrivée en Angleterre que depuis quelques jours et depuis, chaque jour, il avait cette pluie. Si tu aimais la brumeuse anglaise qui enveloppait les valons, donnant des apparences fantasmagoriques aux paysages, tu n'appréciais que trop peu sa météo grisâtre.
Plus loin il y avait ces gens. Des inconnus croisés un peu au hasard, au détour d'une rue plus tôt dans la journée ou le soir même en ces lieux choisis par dépit. Tu les observais. Les hommes s'enivraient, braillant et riant un peu trop fort à ton goût. Leurs voix tonitruantes parvenaient à tes oreilles comme on aurait pu t’asséner de coups. Ils flattaient le cuisseau des serveuses comme celui de vulgaires bêtes, les mains glissaient sous les jupes et elles se contentaient de glousser. Oh...Seul tes Dieux pouvaient savoir comme cette scène pouvait te répugner.
Tes yeux se levèrent vers le ciel, puis te retournant à ta fenêtre. Si elle était quelque peu trouble de part la présence d'une crasse évidente, elle était ta compagne d'un soir. A travers elle, tu observais les passants. Tu t'amusais à comprendre, à chercher à déceler ce que l'on pouvait cacher dans une rue sombre à une heure tardive. Tu voyais des échanges douteux, des amants fiévreux. Rien. Il n'y avait rien qui ne pouvait réellement susciter ton intérêt, rien qui pourrait pimenter cette nuit terne et maussade. Et puis, te pris à rêver. La mélancolie s'empara de ton cœur dans un premier temps et gagna doucement tes pensées. Troublée par ces nombreux jours à vagabonder, tu te sentais seule depuis quelques temps. Si exécuter un contrat et, la plupart du temps, un moyen de te stimuler, tu avais passer de mois entier à parcourir les terres italiennes puis françaises, aujourd'hui tu attendais ton pays d'adoption actuel : la Suède. Cet isolement finissait par altérer ton comportement. Si tu étais une errante, une femme sans attaches, tu demeurais un être fougueux au tempérament volcanique. Tu avais besoin de plus.
Alors, tu pensais. Tu t'égarais dans ces idées. D'apparence impénétrable et cependant vulnérable en cet instant. Un rien aurait suffit pour te mettre hors de toi, mais tu étais fantomatique à leurs yeux. Une silhouette sombre perdue au fond de la taverne, une choppe dans la main gauche, ton coude droit posait sur la table et en haut de ce bras, ton visage posé dans ta main. A peine éclairée par la bougie à côté de toi. Ton position tournée vers la fenêtre et l'extérieur, ton regard perdu au loin, tout faisait que démontrer que tu étais fermée aux autres en cet instant. Figée, bloquée dans ta bulle.
En cet instant, tu aspirais à autre chose. Oui, toi. Toi qui avait une vision des plus chaotiques de ce monde. Un monde en pleine décrépitude. Tu valais mieux que tout ça ou tout du moins, tu l'espérais. Tu avançais probablement sur un chemin tapie d'illusions, mais tu avais besoin de tout ça le faire la tête haute. Toi qui avait fini par appendre seule à t'endurcir et te battre envers et contre tous. Triste constat que tu faisais là. Redoutable mais désormais hésitante, tu étais en train de comprendre qu'il ne fallait te servir uniquement de ta témérité. Tu avais d'autres qualités, tu devais simplement apprendre à les exploitées. A mieux te servir d'elles. Ta mort approchait, tu le savais plus que quiconque et cette réalité était de plus effrayantes.
Soudain, tu réalisas quelque chose. Il y avait dans une tes ces sacoches en cuir que tu accrochais à ta ceinture, un jeu de cartes de tarot. Lâchant ton verre, tu glissas ta main dans chacune d'elles, tout à tour, jusqu'à ce que tu tombes enfin sur ce trésor que tu convoitais. Sur ce souvenir du passé qui venait de te rattraper. Tu les étalas devant toi dans un geste leste qui prouvait que tu n'avais pas perdu la main, puis lentement, tu entrepris de tirer les cartes. Peut-être pourraient-elles t'aiguiller.
| | Belladona E. Thorn♕ • Sang-Pur • ♕ Messages : 78 Âge du personnage : On ne demande pas son âge à une -vieille- femme..
| Mer 11 Oct - 10:02
Quel sens donner à sa vie quand tout n'est que jeu d'apparence, fantaisie et superficialité ? Où était le salut de mon âme déchirée ? Ce fardeau que celui d'endosser le rôle d'une femme que je n'avais jamais été prédestinée à devenir. Une vérité que je n'avais su voir, aveuglée par la cupidité et dont à présent je me rendais compte. Comment continuer de porter la conscience d'avoir tué mon propre reflet sans l'ombre d'une hésitation ? Tout ceci pour n'être finalement qu'une paria. Chaque jour mon âme souffrait de ces erreurs passées, amenant cet insupportable sentiment de culpabilité pesant que je trainais comme une chaine. Je revoyais l'ombre de ces visages morts qui aimaient me rappeler l'abomination de mes actes et se moquer de ma bêtise. Pourtant, peu importe combien la souffrance devenait insupportable coincée dans l'étau de mon corps sans possibilité d’en jaillir. Ce n'était qu'un écrin de plus, la cage la plus dorée d'entre toute de laquelle j'étais prisonnière à jamais. En vérité, une sentence méritée. Celle-là même que je m'étais créer par ma seule volonté, que je me devais à présent d'endosser
Ma Belladone, je te le devais bien à toi aussi n'est-ce pas ? Toi qui aurait été parfaite pour ce rôle. J'avais mis fin à tes jours dans l'espoir de goûter une paix qui finalement n'était jamais parvenue, et m'étais à contrario creusé une tombe dans laquelle j'étais à présent parfaitement coincée. Les choses étaient bien faites, et bien que ces sentiments me rongeaient l'âme je me devais de garder la tête haute au nom des Thorns. En ta mémoire, et en l'avenir des nôtres. Peu importe si cette souffrance ne suffisait pas à panser ma peine, je me consolerais à l'idée qu'il en était ainsi fait. Et pour ma fille. Comment regarderait-elle sa propre mère si elle n'était personne ? Je n'avais pas besoin de réponse pour le savoir. Alors je ferais fis de mes acquis de conscience pour faire illusion. J'étais Belladone Thorn que je le désire ou non. Un autre visage, un monstre modelé par les ténèbres de ce monde. Une créature pleine de bile dont la bouche n'étais qu'un délicat poison que buvait mes proies. J'avais le pouvoir, j'étais le désir, j’agissais sans entraves, mener ma vie comme bon me semblait et pourtant, à cette vie je ne trouvais point de destin. Ce n'était pas cette fille là que j'étais au fond. C'était la vie de ma soeur. La mienne aurait du se contenter de rester Calice, Calice sans nom, sans attaches ni racines. Libre mais inconnue du grand monde. Celui par lequel les privilégiés existaient, traités tels des rois. Tout ceci était risible.
Mais ce n’était que l’histoire d’un vague à l’âme de quelques jours, telle la houle qui revenait caresser les rives d’une plage figée, elle gagnait l’âme étendant son voile de mélancolie peu avant de repartir, telle qu’elle était venue, dans les aléas du vent et du temps. L’une des seules clés à cette souffrance était la fuite. La fuite de tout ce que je connaissais au profit du renouveau, pour échapper à tous les sers avides de presser ma gorge.
Voilà quelques jours déjà que j’avais pris la mer à bord d’une frégate pour rejoindre l’Angleterre dans une escapade solitaire. Peu avant de disparaitre j’avais donné mes derniers ordres, et m’étais débarrassée de toutes ces conventions pour troquer mes habits de fortune pour une toilette bien plus sobre. Plus masculine. Je me souvenais avec amusement du soulagement à peine caché de Céleste lorsqu’il avait apprit. Savoir que sa maitresse s’éclipsait pour quelques jours devait sans doute lui épargner une certaine peine, mais le pauvre ne se doutait pas de ce que je lui réservais à mon retour. Qu’il profite de ce moment de répis, j’avais maintes choses à lui faire faire dès lors que je serais rentrée.
Alors que mes doigts pressaient la rambarde du bâteau mes yeux avaient observé les eaux houleuses de la mer de Poséidon. Un bercement tendre et cruel à la fois qui me menait pourtant vers l’unes des lueurs de ma vie, dont la chevelure de feu brillait d’avantage que le soleil lui-même. Aleera. Ma douce amante, mon âme damnée. Délicate et bornée, épicée mais suave, piquante et douce à la fois. L’une de ces rares vies à éclairer la mienne et dont je me sentais l’obligée. Sa détresse plus grande la mienne encore m’appelait toujours, envoutant, tel le chant d’une sirène. Trop de temps avait passé sans que nous ne nous retrouvions, je désirais la revoir, m’assurer qu’elle supportait ses souffrances. Et si je pouvais sauter dans l’eau pour venir la rejoindre je le ferais. Dire que je l’avais rencontrée lors d’une nuit dégagée, face à face sans autre apparats que nos âmes.
Ainsi plusieurs jours après mon périple je foulais les terres des campagnes anglaises et le temps pluvieux sut apaiser mon esprit tourmenté. J’aimais l’odeur de la terre humide, la brume cotonneuse qui se répandait le matin sur les terres et l’ambiance qui en découlait. Il y avait là quelque chose de mélancolique mais étrangement apaisant. Je séjournais d’auberge en auberge, jusqu’au soir ou je la repérais enfin. Assise là, fondue dans la masse et pourtant dissociée du reste de l’auberge étouffée par les brouhahas bien heureux des hommes. Parmi toute la foule et le nombre incalculable de personnes présentes, je pouvais flairer son odeur jusque l’entrée, s’élever entre toutes les autres, unique. J’y étais coutumière à force de côtoyer sa chair, elle était restée imprimée à mon nez, suave et sensuelle comme un doux fumet. Pourtant aujourd’hui dans sa façon de se tenir seule parmi les autres, je palpais cette habituelle fragilité qui transpirait d’elle plus que de raison dans sa simple posture. Ma chère Aleera, toi que la vie n’épargne pas, toi qui aimait entretenir les apparences tu n’avais jamais su me cacher ta fragilité. Cette délicate fleur que tu abritais sous les flamme de ta hargne.
Il était temps. Je me frayais un chemin parmi les hommes, habillée d’une fine robe de brocard délicate mais relativement sobre sous une cape discrète. Je ne désirais pas attirer les regards. En approchant par dessus son épaule je pus remarquer qu’elle tirait les cartes d’un jeu de taro et observa ses gestes, silencieuse. J'approchais mon visage par dessus son épaule, côte à côte à sa joue pour étudier les cartes tirées.
— La mort susurrais-je finalement peu avant d’ajouter au creux de son oreille. Méfiez-vous peut-être êtes vous en danger, ou peut-être étais-je dors et déjà annoncée ? Qu’importe, me feriez-vous l’honneur de tirer les cartes à une simple voyageuse de fortune ?
À ces mots je la laissais tourner la tête pour me reconnaitre, peu avant de venir prendre place à ses côtés, heureuse de la retrouver dans ce cadre si inhabituel à celui que vous avions l’habitude de côtoyer.
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