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Francis de Saint-Cloud :: DONE

Francis De Saint-Cloud
Francis De Saint-Cloud
♕ • Proie designée • ♕
Messages : 39
Âge du personnage : 28

Mémoire de vie
Race: Humain
Métier/Rang: Général d'Armée
Statut amoureux: Célibataire
Profil Académie Waverly
Francis de Saint-Cloud :: DONE EmptyLun 31 Juil - 17:37

Francis

ÂGE ─ 28 ans
ANNIVERSAIRE ─ 26 juin
ORIENTATION SEXUELLE ─ Francis n'est pas fermée à toute proposition.
OCCUPATION ─ Duc de Saint-Cloud / Général d'Armée de France
PAYS ─ France
CLASSE SOCIALE ─ Noble
RACE ─ Humain
AVATAR ─ Hetalia :: France
Profil Psychologique


- Former les hommes ce n'est pas remplir un vase c'est allumer un feu.



Définir le caractère de ce bel homme est une tache bien hardie qui nécessite que l'on fouille depuis le jour de sa naissance pour comprendre l'organe le plus complexe du corps humain : le cerveau. En ces temps où la science était signe de blasphème face à la religion, l'observation de l'homme. Que nous cherchons à comprendre est plus que nécessaire. Êtes-vous prêts ? Bien ! Prenez votre plume, votre encrier et votre carnet et suivons le Duc dans les rues de Paris.

Le voilà ! Beau, digne et élégant dans ses habits, marchant la tête haute et fier dans les parcs parisiens. Il sourit, signe de bonne humeur. Cet homme est, comme vous le remarquerez souvent, d'excellente humeur. Son secret ? Rien de bien compliqué : loin d'être pessimiste, il aborde chaque jour que fait Dieu comme si c'était le dernier. Il est si jeune pourtant. Proche de la trentaine, il pense comme ces jeunes hommes de vingt ans fraîchement sortis de leur puberté. Croquant la vie à pleine dent, Francis fait partie de ses personnes dont l'aura joyeuse revigore les âmes en peine ou désespérées, ou quelques fois il peut y avoir l'effet contraire. Sa joie en excès peut en agacer plus d'un. Surtout les hommes, rarement les femmes.

En parlant de ces dames, le voilà qui les abordent, sûr de lui, très confiant. Conscient de ses atouts, il en use et abuse pour arriver à ses fins. Connaissant l'influence que peu avoir sa beauté et son charme et malgré son intelligence, il s'en vante un peu trop, son comportement dérivant vers le narcissisme. Il ose se comparer à d'autres ce qu'il lui valait des duels ou des comptes à rendre. Nous reviendrons sur ce point de sa personnalité plus tard.

En ce qui concernait le beau sexe, séduire les femmes était devenu un passe-temps pour lui depuis son adolescence. Il avait compris que séduire les dames d'influence et être dans leur petit papier avait de nombreux avantages. Surtout les veuves fortunées. Les mots doux, sa voix chaleureuse telle une caresse de velours, son sourire séducteur lui permettaient de les faire flancher. Ainsi, totalement envoûtées, elles lui accordaient ce qu'il désirait. Cependant l'argent était un domaine qu'il n'osait trop abordé. D'ailleurs c'était quelque chose qu'il ne lui manquait guère. Je vous expliquerai plus tard. Pour l'heure, reprenons nos observations.

Le duc blond baise tendrement la main d'une jeune marquise brune à peine âgée de seize ans. Malgré sa beauté innocente, il ne peut détacher son regard bleutée d'une toute autre proie. Sa préférée d'ailleurs. Alors que la jeune pucelle lui proposait de prendre le thé, lui échafaudait un plan pour approcher sa future victime qui venait dans sa direction. Absorbé dans sa contemplation, il ne remarqua pas que la personne qui accompagnait le damoiseau était une connaissance de sa mère. La voilà qui l'aborde et lui présente son jeune fils, le même marquis qui se retrouve dans ses bras et dans ses draps. Ne traitez pas ce cher Francis de pédéraste ! Il aime juste les défis. S'approprier les faveurs d'une femme était devenu un jeu d'enfant. Attirer un jeune garçon profondément marqué par le catholicisme dans son lit se révélait être une distraction des plus amusantes. Le mettre en confiance petit à petit, l'effleurer, le toucher, l'embrasser puis le moment fatidique où il s'abandonnera totalement à lui. Ces manœuvres peuvent prendre plusieurs semaines mais le résultat était toujours satisfaisant.

Cette intimité désormais installée, les semaines écoulées, il pouvait désormais s'atteler à d'autres taches. Son regard effleura un instant le corps reposé du jeune marquis endormi avant de scruter la nuit, plus précisément le jardin du château. Même s'il possédait sa propre demeure, il prenait les précautions que ces ébats charnels interdits par la religion se déroulaient ici, pour éviter que les domestiques aillent cancaner des histoires compromettantes surtout pour le damoiseau. Une attention des plus charmante, n'est-ce pas ?

N'en déplaise aux hommes jaloux car sous ses airs de don juan, Francis est un fin stratège. L'habit ne fait pas le moine, dit-on. Le Duc n'en as pas l'air mais il s'agit bien du Général d'armée. Après avoir passé de longues heures à s'exercer au jeu d'échecs afin d'affiner son esprit et son sens de l'observation, le jeune homme aura toujours trois coups d'avances sur ses adversaires. Sa sensibilité au danger fut aiguisée sur le champ de bataille. Il est toujours conscient de ce qui se passe autour de lui, collectant minutieusement chaque information qu'il pourra utiliser dans l'immédiat ou peut-être plus tard. Vous imaginez qu'il est très difficile de s'échapper de son piège une fois que vous y êtes.

Après une nuit mouvementée, Francis avait décidé de rendre visite à Charles de France. Il sourit, mais cette fois de-ci un sourire nostalgique se figea sur ses lèvres, se remémorant le temps où ils étaient enfants, bien avant que son rôle de prince et futur roi ne vienne entacher les beaux jours heureux.

Le blond est sûrement l'unique homme à la cour à l'appeler par son prénom et à voix haute de surcroît, juste assez pour que les personnes aux alentours tournent la tête vers lui.
L'intonation dans sa voix dégoulinait de gaieté et de bonne humeur. Comment ne pas l'être lorsqu'on voyait le le visage du Roi? C'est de l'ironie évidemment. Francis, lui, est toujours ravi de le voir, même si le garçon d'autre fois n'est plus...

Vous vous demandez sûrement comment ce cher Duc a pu rester aussi longtemps en vie avec un tel comportement envers un monarque réputé pour annihiler toutes personnes l'incommandant?
Demandez donc à l'intéressé, lui seul pourra vous le dire...
Histoire


- Prologue -



Une vie pour une autre vie.

Cette sentence décrivait parfaitement les circonstances de la naissance du jeune Francis par une chaude nuit d'été. Paris était magnifique sous ce ciel bleu éclairé par l'astre du jour. Paris était mystérieuse enveloppée de ce manteau sombre étoilé et scintillant à la lumière de dame la Lune. Paris allait accueillir en son sein un nouvel habitant. Un jeune noble. Un apollon. Un autre enfant de la belle Paris.

- Duché de Saint-Cloud. La nuit du 26 juin.

Un chant désaccordé résonnait entre les murs du manoir des Saint-Cloud. Cris d'agonie, cris de désespoir. L'humaine qui émettait ces sons accomplissait la tâche noble de mettre au monde son enfant. Après de longues heures de travail intenses à extraire cet enfant de son ventre, ce sont les cris du bambin qui remplacèrent celui de sa mère, exprimant à gorge déployée qu'il venait de voir le jour. Un petit garçon. Un nouvel Adam. Le corps et l'âme presque consumés, Angélique, la mère du petit réclama de prendre son enfant dans ses bras malgré le peu de force qui lui restait. Guillaume, le père se hâta de rejoindre l'amour de sa vie.

Son coeur s'emballait dans sa poitrine. Il allait la perdre. Elle ne pouvait survivre. Il suffisait de voir la pâleur maladive que portait son faciès. Le Duc s'approcha et déposa un délicat baiser sur sa main, profitant de leurs derniers instants. La belle sylphide murmura ses derniers mots dans un tendre baiser.

-Prenez-soin de Francis, mon amour. Vous serez un bon père. N'en doutez pas de vous une seule seconde.

Plus faibles encore sont les battements de son coeur à chaque mot que libèrent ses douces lèvres. La bougie s'éteint et en allume une autre. Son époux l'embrassa une ultime fois, prit le petite être fait de sa chair et de son sang dans le creux de ses bras et sortit de la chambre, laissant les domestiques s'occuper du corps de sa belle et défunte épouse. Submergé par la mélancolie et la tristesse, ses larmes d'amertume coulèrent lentement puis se reprenant en l'honneur de son aimée, il ravala ses perles grises et contempla le fruit de son amour. Il avait de petits cheveux blonds d'anges sur le haut de son crâne et ses yeux discernant peu de choses, brillait du même éclat que sa mère, aussi éclatant que le topaze bleu.

Le veuf sourit attendri par la frimousse de son petit. Il du cependant les laisser aux hommes de sciences pour s'assurer qu'il était en pleine forme. Puis, il eut besoin qu'on le nourrisse. Et enfin, il eut sa première nuit de sommeil. Francis eut ce petit privilège de dormir dans les bras protecteur et fort de son géniteur qui prévoyait déjà de grand projet pour son fils unique.


- I -

Un sourire. Un soleil. Des étoiles dans les yeux. L'enfance du petit duc coulait lentement comme une rivière calme que miroitaient gracieusement ses deux prunelles dans les tons de bleu. Malgré l'absence de sa mère, il n'en souffrait nullement, la remerciant de l'avoir mis au monde, il prenait les jours comme ils venaient, son visage toujours peigné de bonne humeur. Voué à un destin prometteur et parsemé de gloires et de richesses. Son père songeait déjà à son rôle dans les hautes sphères de la société. Il eut ouïe dire que le roi Henri, avait un enfant du même âge que sa progéniture. Peut-être qu'en les liant d'amitié, Francis pourra atteindre le haut de la pyramide. Mathématiques, philosophie, politique, sciences, escrime, langues et pleins d'autre domaines dans lesquelles le jeune garçon devait exceller. Son géniteur fut agréablement surpris de le voir assimilé aussi vite les histoires. De même son intelligence se révéla surprenant lorsqu'il vaincu son père aux jeux d'échec à l'âge de 5 ans. Ce fut dans cette même période qu'il rencontra le jeune prince du pays, Charles.

Par une journée ensoleillée du moi de juin, Francis avait accompagné son père au château du roi pour des affaires importantes. Il avait rendez-vous avec un haut placé dans l'armée, le Général d'armée semble-t-il. Francis se souvenait parfaitement de son prédécesseur. Le militaire haut gradé avait le visage taillé par la sévérité, faisant ressortir son autorité. Sa barbe était bien fournie tout comme ses sourcils froncés par le sérieux. Il portait une chemise à jabot blanc et un sarrouel noir et était chaussé de haut-de-chausses en cuir noir. Ses larges épaules contrastaient avec la silhouette fine de son père. Sa voix grave et rauque était emprunt de confiance et de franchise. Guillaume ordonna à son bambin d'aller visiter le château tandis qu'il discuterait entre adultes. « Ne fais pas de bêtises, d'accord. » répétait-il sans cesse lorsqu'il le laissa seul.

Le petit duc explora donc le château avec curiosité. Il avait arrêté de compter le nombre de portes, de servantes, de domestiques et de gardes. Il croisait parfois quelque nobles qui se promenaient dans leurs toilettes élégantes. Habitué au luxe et à la richesse depuis tout petit, il resta tout de même impressionné par la finesse et les détails de la bâtisse, l'or présent dans les colonnes, les nombreux lustres en cristaux. Francis était finalement arrivé au jardin royal. Il s'extasia devant la multitude de plantes et fleurs qui s'y trouvaient. Alors qu'il s'approchait des rosiers, une toison d'or attira son attention de l'autre côté du jardin. Il s'approcha et vit un petit garçon de son âge appuyé contre le mur, le visage boudeur. Il ne savait que c'était le petit prince, Charles. Même s'il le savait, il s'adresserait à lui comme il s'apprêtait à le faire :

-Hey, toi ! Oui toi, avec le sourire à l'envers. Tu veux jouer avec moi ?

L'enfant leva les yeux et ses prunelles émeraudes croisèrent les saphirs de Francis. Ce dernier lui adressa un sourire joyeux avant de le rejoindre.

-Je m'appelle Francis, et toi ? L'interrogea le garçonnet.
-Charles, répondit le jeune prince.
-Charles... C'est joli. Alors, tu viens jouer avec moi ?
-C'est pas joli ! Je suis pas une fille-

Le plus joyeux des deux attrapa la main du moins enthousiaste avant qu'il ne termine sa phrase. Il l'entraîna vers les jardins. Malgré les réticences que présentaient Charles, le jeune garçon n'abandonnaient pas et finit par le convaincre de rester au près de lui pour quelques heures. Même si forcer serait le terme le plus approprié dans cette situation. Francis ayant toujours été seul chez lui, pensait que Charles serait comme le petit frère qu'il n'avais jamais eu. Il adorait le taquiner, le voir rougir de honte ou de gêne à chaque fois. Ce petit prince ajoutait la touche enfantine et innocente à sa vie.

-Francis, il nous faut rentrer, interrompit Guillaume en appelant son fils.

L'interpelé cessa toutes activités – en l’occurrence chatouiller le prince qui se tenait les cotes à force de rire – et rejoignit son père.
-Je reviendrais jouer avec toi, Charles ! Lança le petit duc en lui faisant un petit signe de la main.

L'héritier du trône garda sa mine renfrognée tandis que ses joues reprenaient une teinte plus ou moins normal. Il retourna à l'intérieur du château, puis jeta un coup d'oeil au garçon qui avait eu pour la première fois l'audace de jouer avec lui. Quant au jeune duc, il se promit de revenir voir son nouvel ami, dans l'espoir de lui redonner le sourire. Parce qu'au fond de lui, il était convaincu qu'il avait besoin d'un ami. Cet enfant de noble ne devait pas en avoir beaucoup à en juger par son comportement timide et renfrogné.

-Tu as rencontré le prince, il semblerait, mon fils, lâcha le duc de Saint-Cloud.
-C'était le Prince ? S'étonna le fils en regardant son père.

Il acquiesça en souriant tandis qu'il montèrent dans la diligence. Francis resta silencieux quelques instants. Puis un sourire vint illuminer son visage, une idée merveilleuse émergeant dans son esprit. Il avait décidé de venir voir plus souvent le jeune prince en espérant ainsi voir un sourire, même infime, sur son faciès d'enfant. Bien évidemment, il suivit sa résolution et se plaisait à venir embêter l'enfant royal chaque fois qu'il le pouvait et, comme pour se faire pardonner, il lui apportait quelques pâtisseries ou autre friandises qu'il cuisinait lui-même à l'aide de la gouvernante Pauline qu'il appréciait beaucoup. Elle n'était pas la mère qu'il cherchait vraiment, mais elle agissait comme telle, comblant le manque maternel. Une enfance qui s'annonçait heureuse et calme. Enfin presque.


-Charles ! Charles ! Claironnait une voix enfantine.

Des rires de domestiques résonnèrent dans les couloirs de l'immense bâtisse royale alors que le propriétaire de ce chant innocent leurs demandaient où pouvait bien se trouver le prince. Attendrie par sa bouille d'ange et de regard enfantin. Les jeunes femmes lui indiquèrent les appartements privés de l'héritier du trône. Alors que ses petits pas s'accéléraient, un bruit claqua dans l'air. Le petit duc resta interdit quelques secondes jusqu'à ce qu'une porte s'ouvre. Sa Majesté Henri sortit d'une pièce, son visage peigné par la colère et la haine. Que s'était-il passé ? Il avait ce mauvais pressentiment qui se nouait dans son estomac. Il s'assura que le Roi ne soit plus dans les parages pour entrer dans la salle d'où il venait. Ses mains poussèrent les immenses portes de la salle du Trône. Il aperçut une toison d'or familière, un petit corps tout aussi familier qui tremblait. Ses épaules tressautaient. Francis déglutit lorsqu'il comprit que le jeune prince pleurait. Il posa sa main timidement sur son épaule mais la réaction du blondinet en pleurs ne se fit pas.

-Ne me touche pas ! Cria-t-il en s'enfuyant.

Légèrement surpris par cette réaction quelque peu inhabituelle de son jeune ami, il recula d'un pas mais se reprit promptement en le poursuivant, l'appelant de tous ses poumons, jusqu'à ce qu'il s'enferme dans sa chambre. La porte claqua dans son nez. Ses petits points tambourinèrent contre la porte tout en priant le jeune garçon d'ouvrir. Mais rien. Pas une réponse. Juste des sanglots. Celui d'un enfant. Qui n'avait sûrement rien fait de mal. Il se saisit de la poignée avec une forte intention de consoler son ami mais il ouvrit timidement la porte ne voulant effrayer.

-Charles ? C'est moi Francis, chuchota le blondinet.

Il perçut les pleurs de son ami qui s'arrêtèrent brusquement lorsque sa voix résonna dans la salle. Ses prunelles bleutées scrutèrent la chambre jusqu'à ce qu'elles remarquent la silhouette gracile du prince. Il s'en approcha à pas feutrée et s'accroupit en face de lui. Ils restèrent un bon moment ainsi sans échanger une seule parole, le silence pour seul témoin. Le futur Général d'Armée cogitait, on pouvait entendre les rouages tourner dans sa tête. Il n'y avait qu'une personne qui pouvait faire couler les larmes de Charles. Le Roi en personne. Le jeune Duc qui prenait la peine de mieux comprendre l'héritier du trône, commençait à haïr de plus en plus ce Monarque que tout le monde idolâtrait. A ses yeux, son jeune ami n'avait rien fait de mal. Ceux qui devraient recevoir une correction sont ceux qui l'enferment pour faire de lui le parfait Roi qui succédera son père le moment venu. Même s'il devait un jour prendre place sur le Trône, il n'en restait pas moins un enfant. Pour l'instant, tout du moins.

Le Prince de France se résolut finalement à lever son faciès vers celui du jeune Duc. Ce dernier fut parcouru de frissons en voyant cette marque écarlate qui mangeait une bonne partie de son visage. Il déglutit tandis que ses sourcils blonds se froncèrent que ses prunelles d'un bleus si clairs s'assombrirent. Mais il reprit son visage jovial habituel lorsque Charles l'interrogea du regard, ses pupilles émeraudes rougit par les perles salées qu'il avait versées auparavant.

-Oh, j'allais oublier ! S'exclama soudainement Francis.

Il avait effectivement oublié qu'il avait encore apporté des friandises pour eux deux. Il défit le noeud en satin noir qui fermait un sac en velours pourpre. Un doux parfum sucrée s'en dégagea alors que leurs petits doigts s'affairaient à prendre leurs confiseries. L'aîné des deux, Francis, suçotait un caramel au beurre salé tandis que le plus jeune de quelques mois dégustait un calissons, une friandise faite d'une fine pâte de melon confit et d'amande broyées ensemble, nappée de glace royale et posée sur un fond de pain azyme. Bientôt de petits rires remplirent la pièce alors que la petite bourse contenant les sucreries se vidaient peu à peu. Leurs fins doigts collaient. Puisque personne n'était là pour les obliger à se tenir droit, à appliquer les bonnes manières, ils se permirent de se lécher les doigts pour récupérer le reste de caramel qui collait à leur peau. Comme si l'incident avec le Roi n'avait jamais eu lieu, ils sortirent de la chambre et allèrent s'amuser dans les jardins du château sous les regards tendres des domestiques.

Ce qui semblait être une enfance douce et innocente n'était que le prélude d'une longue descente vers les ténèbres pour l'un et une lente montée vers la gloire pour l'autre. Un déchirement pour les deux.


- II -


Les arbres et les collines défilent. Au loin, le soleil se cache derrière une vallée, couvrant la région d'une chaude lueur orangée. La diligence se dépêchait d'emmener ses clients à bon port avant la fin de la soirée. Le cocher frappait régulièrement les chevaux, les ordonnant d'accélérer la cadence. Les prunelles azurés de Francis dévorait chaque parcelle du spectacle qui s'offrait à lui. Il aperçut au loin, un pic noire qui petit à petit se révélait être un immense manoir des plus somptueux. Les duc s de Saint-Cloud allait rendre visite à un parent éloigné de Guillaume, le Duc de Normandie. Du haut de ses 10 ans, le jeune garçon avait éveillé une certaine curiosité sur tout ce qu'il voyait. Malgré son jeune âge, il s'intéressait déjà à la politique, à la psychologie humaine mais possédait une passion dévorante pour élaborer des stratagèmes durant les guerres. Depuis qu'il prenait les cours d'escrime avec le Général d'Armée, son corps d'enfant s'était transformé en un jeune homme en bonne santé.

La voiture s'arrêta un instant avant de reprendre sa course pour s'introduire dans le manoir. Elle s'arrêta enfin et les voyageurs purent enfin descendre et poser bien à terre. Francis arrangea les manches de sa chemise et replaça correctement sa rapière à la hanche. Il contempla une nouvelle fois le manoir mais se présentait nullement impressionné. Après tout, il avait passé de longues heures à jouer avec le Prince de France en personne. Habitué au luxe et à la richesse, plus rien ne l'étonnait. Il était encore bien innocent de ce qui se passait dans les bas-fonds de Paris, une fois la nuit tombée ou lorsque la Lune était pleine à chaque mois. Il n'était nullement au courant de l'existence des vampires ou des lycans, des créatures démoniaques. Après tout, il avait passé la majorité de son temps dans une belle cage dorée. Que se passerait-il s'il posait un pied au dehors ?

Un vent léger fit virevolter ses cheveux blonds qui étaient désormais longs. C'était une petite excentricité que son père n'appréciait pas vraiment mais la couleur de sa chevelure lui rappelait sa bien-aimé défunte qu'il fermait les yeux sur ce léger écart de conduite. Et ayant réfléchi de nombreuses, depuis que sa fils portait les cheveux longs, il attirait un peu plus les jeunes demoiselles de son âge. Chaque fois qu'il y pensait, des souvenirs de sa propre enfance lui revint en mémoire. Une époque douce et si tumultueuse. Cette époque-là portait un nom : Angélique. Oui, du temps de leurs jeunes âges, c'était une demoiselle farouche et bien capricieuse. Elle ne cessait de l'envoyer sur les roses chaque fois qu'il lui faisait des avances. Guillaume ne baissait pas pour autant les bras malgré les insatisfactions fréquentes de sa promise. Mais un beau jour, Angélique s'était avancée vers son fiancé, les joues pourpres, le regard brillant de honte mais de fierté à la fois. Elle lui prit brusquement la main et y laissa un mouchoir sur lequel elle avait brodé les initiales du garçon. Le travail avait été minutieux et les couleurs choisis avec soin. Ce jour-là scella à jamais leur amour. Une période des plus douces et savoureuses de toute sa vie.

Il posa son regard ambré sur Francis. Un mince sourire vint dessiner ses lèvres fines. Un sourire triste et mélancolique. Comme si sa fin était proche. Et comme il avait raison. Le Duc de Saint-Cloud posa sa main gantée sur l'épaule de son enfant qui discutait avec enthousiasme avec une belle femme attendant un enfant. La Duchesse de Normandie. Son cousin, le Duc de Normandie l'avait convié à un séjour dans sa demeure. Il souhaitait voir le neveu qui, d'après les rumeurs, possédait une agilité hors du commun à l'épée et un esprit bien plus aiguisé qu'un adulte normal. Il pouvait confirmer les dires par lui-même et un tête à tête avec son nouveau était nécessaire pour cela. D'ailleurs, voilà le chef de la maison qui s'avance vers les nouveaux venus. Ils se serrèrent la main chaleureusement, heureux de se revoir après tant d'années. Les adultes se retirèrent dans le bureau de l'hôte tandis que Francis explorait la demeure. Des couloirs richement décorés dans le moindre petit détail, des dorures, des peintures à n'en plus finir, des meubles de qualités, des pièces immenses. Tout cela n'était pas inconnue au jeune Duc. De son point vue, il le qualifierait presque de banal.

Il s'arrêta finalement au bout d'un couloir, déçu de ne pas en voir plus. Le jeune garçon fut tenté d'ouvrir l'une des portes pour simplement voir quelques secondes le contenu, mais son éducation lui rappelait que la curiosité était un bien joli défaut. Il se ravisa donc et retourna au salon, attendant sagement son père dans le salon. Les servantes et domestiques présents ne pouvaient ce jeune noble s'ennuyer. Ils décidèrent donc de lui servir de quoi grignoter jusqu'à ce qu'on vienne lui annoncer où il coucherait durant son séjour. Les heures passèrent, le soleil déclinait petit à petit dehors. On annonça l'heure du dîner. Évidemment le petit duc n'avait plus de place pour un gigot d'agneau ou une crème brûlée. Il fut toutes excusées grâce aux servantes qui prirent sa défense. Domestiques qui estimaient que ce jeune garçon avait beaucoup de charmes pour un si jeune âge. Et aussi improbable que cela puisse paraître, Francis en avait pleinement conscience et profitait de la situation. Son égocentrisme se développera un peu plus tard. Pour l'heure, revenons à son histoire.


Une longue nuit de repos bien mérité, les lames s'entrechoquaient dans une immense salle aménagée pour pratiquer l'escrime, ou les combats à l'arme blanche. Le Duc de Normandie croisait le fer avec l'héritier du Duché de Saint-Cloud. Ce dernier manquait encore d'expérience mais gardait ses positions malgré les difficultés que lui imposait le vieil homme. La duchesse ainsi que son père observait la scène, elle inquiète, lui fier de sa descendance. La notable pensait qu'il n'était pas prudent d'affronter un si jeune garçon mais le concerné n'en démordit pas et accepta volontiers le duel. Les règles étaient simples : le premier désarmé avait perdu. Voilà dix minutes qu'ils se défiaient mais ni l'un ni l'autre ne souhaitait abandonner maintenant. Deux esprits combatifs à la poursuite de la victoire. Mais les desseins de Francis étaient tous autres. Voilà 3 ans qu'il pratique l'escrime sous les ordres du Général d'Armée du Roi Henri mais depuis peu, ils cherchaient à acquérir plus de force. Et sa force, il la puisait dans sa haine. Sa haine qu'il ressentait vis-à-vis du géniteur de son meilleur ami, le prince Charles. Il l'exècre chaque fois qu'il voit avec horreur les hématomes qu'il inflige à son fils. Il le maudit chaque fois que Charles verse ses larmes. Des larmes d'incompréhension et de mélancolie. Il ne supportait plus cela. Il ne supportait plus sa faiblesse. Ne pas pouvoir protéger son ami le plus cher lui donnait envie de vomir.

-Francis, attention !

Revenant à la réalité, l'interpellé entendit cette phrase juste à temps pour éviter la lame qui fonçait droit sur lui. Il déplaça légèrement son épaule et passa sa lame dans la garde de la rapière de son adversaire. Ce dernier surpris et déstabilisé par une telle rapidité, flancha une fraction de secondes, juste assez pour permettre au jeune garçon d'envoyer son épée glisser quelques mètres derrière eux. Après cet instant surprenant, son faciès reprit son expression habituel puis il s'inclina respectueusement :

-Tu as énormément de talents, Francis. Ce fut un plaisir de te combattre.
-Ne vous inclinez pas, je vous en prie. Je ne mérite pas de telles éloges, répliqua le jeune Duc quelque peu gêné.
-Tu seras un parfait Général d'Armée, j'en suis sûr, ajouta l'homme en posant sa main sur le sommet du crâne de l'enfant.

L'enfant noble sourit faiblement les joues légèrement rosées. Il est vrai que son mentor, Le Général d'Armée le formait dans l'unique qu'il puisse prendre sa succession plus tard. Le poids d'un tel fardeau ne dérangeait nullement Francis. Si cela lui permettait de rester auprès du futur Roi, il endosserait ce rôle, à n'importe quel prix. Il restitua la rapière à son oncle et retourna auprès de son père. Le séjour fut des plus agréables et ils promirent de revenir plus souvent leur rendre visite.

Choses promises, choses dues. Guillaume et Francis revinrent voir le couple quelques mois plus tard, en plein hiver, suite à la naissance de Diane. Ce fut la première fois que le petit Duc voyait un nourrisson. Il était terriblement fasciné avec ses petites mains, ses joues potelés et ce petit coeur qui battait tranquillement dans ce petit corps. Il songea soudainement que lui aussi, il fut ainsi autrefois, qu'il était également sorti du ventre de sa mère. Sa gorge se serra un peu en songeant à celle qui l'avait mis au monde. Il n'avait jamais eu l'occasion de grandir avec un amour maternel comme les autres enfants de son âge qu'il connaissait hors mis le Prince. C'était peut être ce point commun qui les rapprochait un peu. Voyant que la petit s'était endormie, Francis partit flâner dans le château des Colombières. Il n'avait pas de but particulier jusqu'à ce qu'il entende des voix. Il s'approcha à pas feutrés de la porte d'où provenait des sons et se colla au mur. Par chance, la porte était entr'ouverte. Il n'avait pas besoin de coller son oreille contre le bois pour entendre.

-S'il m'arrive malheur, promets-moi de t'occuper de Francis.
-Tu peux me faire confiance, Guillaume. Je m'en occuperais comme mon propre fils.

Étonné mais surtout effrayé par ce qu'il entendait, le sujet de conversation sentit des sueurs froides envahirent son corps. Qu'entendait-il par « S'il m'arrive malheur. » ? Son père était-il en danger ? Poursuivi ? Traqué ? Si oui, par qui et pourquoi ? Et surtout, pourquoi ne demande-t-il pas protection auprès de sa Majesté ? Quelque chose lui échappait. Si seulement il avait surpris cette conversation un peu plus tôt, il en aurait sur d'avantage. Ne souhaitant pas être surpris à écouter aux portes, il s'en alla promptement et se réfugia dans sa chambre à coucher. Ses yeux azurées se perdirent sur l'immense manteau blanc de l'hiver qui couvrait entièrement toute la Normandie. Les questions se bousculèrent dans sa tête. Qu'allait-il arriver à son père ? Savait-il qu'il allait mourir ? Pourquoi ne faisait-il rien pour éviter cela ? A moins que ce ne soit inévitable ? Que pouvait-il bien faire ? A part attendre ? Attendre que son père meurt ? Francis ne l'entendait pas de cette oreille...


Deux années s'écoulèrent depuis. Guillaume était toujours là au grand soulagement de son fils. Mais depuis cette conversation, il s'était entraîné d'arrache-pied pour être plus fort, pour pouvoir protéger ceux qu'il aimait. Ses entraînements à l'épée étaient devenus plus intensifs. Le Général d'Armée avait bien remarqué la détermination de son disciple aussi, pour satisfaire ses besoins, lui avait concocté un programme des plus particuliers. Mais oublions ce côté sérieux et revenons au caractère excentrique et farfelu du jeune noble.

Des bruits de pas résonnèrent dans les couloirs du Château de Paris. Puis des exclamations de voix :

-Quoi ?! Charles est occupé ?! Et que fait-il ?
-Il assiste à sa leçon de danse, vous ne pouvez donc pas le voir, expliqua une des servantes.
-Où cela se passe-t-il ? Demanda Francis.
-Dans la salle de bal, mais je doute fort que vous puissiez...

Sa main gantée s'empara du col de sa robe et la ramena près de lui pour qu'il puisse lui chuchoter le plan qu'il avait en tête. La femme rougit un peu mais rit doucement en entendant les idées du jeune homme. Elle obéit à ses ordres et revint plus tard avec un paquet de vêtements... pour jeune fille.

Au même instant, on s'agitait dans la salle de bal. Une des jeunes nobles manquaient à l'appel. Que faire ? On ne pouvait danser seule. Un peu plus en retrait, Charles observait l'assemblée avec indifférence jusqu'à ce que son regard croise celui d'une jeune fille. Il détourna le regard, les joues empourprées. Si son ami Francis avait été là, il l'aurait pousser à aller lui parler. Par chance, il n'était pas présent. Malheureusement, cette réjouissance fut de courte durée. Une pré-adolescente de son âge, les cheveux plus blonds que les siens mais bien plus longs, coiffé d'une rose dans les cheveux fit son apparition dans la pièce. De là où elle était, il savait que quelque chose ne tournait pas rond. La nouvelle arrivante chercha quelqu'un du regard jusqu'à ce qu'on l'appelle pour qu'elle prenne place auprès des autres demoiselles. Les garçons près du Prince commencèrent à chuchoter sur l'inconnue. Mais leurs messes-basses furent vite interrompus lorsqu'on leur ordonna de rejoindre leurs partenaires.

Impossible. Absolument impossible. Et pourtant, qu'il le veuille ou non, c'était bel et bien la réalité. La vérité vraie. Comment ? Comment pouvait-on tomber si bas ? Comment pouvait-on en venir à de telles méthodes ? Comment ne pas le remarquer ?! Le jeune De France en devenait fou. Mais il était surtout, très mal à l'aise par les prunelles aux teintes d'un ciel bleu sans nuage de sa partenaire et de son sourire moqueur, presque innocent. Sa main droit qui tenait la sienne lui dérangeait au point de vouloir la frapper. Ou plutôt « le ». Il n'y avait donc que lui avait découvert sa véritable identité ? L'imposture semblait si évidente, pourtant.

-Qu'est-ce qui t'es passé par la tête, Francis ? Tu es devenu fou ? Marmonna Charles entre ses dents.
-Qui est donc, Francis ? Je m'appelle Angélique, Mon Pr- Aïeuh !
-A qui veux-tu faire croire cela ? S'énerva l'héritier du trône en écrasant volontairement son pied, sans pour autant ne pas lever le ton pour ne pas alerter les autres.
-Mais personne ne l'a remarqué, répliqua le jeune duc en faisant la moue gardant toujours sa voix déguisée féminine. A part toi...
-J'ai passé beaucoup de temps à jouer avec toi. Il est évident que je te reconnaisse... Ton sourire moqueur m'agaçait aussi.
-Je plais aux autres garçons, n'est-ce pas ? Ils me jettent des regards concupiscents depuis tout à l'heure, soupira Francis, faussement gênée. Tu ne me trouves pas jolie, Charles ?
-Je m'abstiendrais de te répondre, répondit sèchement le prince.

Ils s'éloignèrent enfin, firent une révérence et la danse prit fin. L'enfant du Roi s'éloigna vivement de son ami mais se retrouva nez à nez avec celle qu'il aimait secrètement. L'imposteur ne tarda pas à le remarquer et, adorant taquiner son ami, il le poussa légèrement dans le dos, l'obligeant à se rapprocher de la belle brune. Ses joues se réchauffèrent, mélange de gêne et de colère. Il se retourna pour insulter « Angélique » mais elle n'était plus. Ses pupilles de jade purent voir in extremis un pan de robe disparaître derrière l'immense porte de la salle de bal. L'envie de lui courir après pour le frapper après ce tour pendable venait de s'évaporer lorsque Crystal prit timidement sa main. Il s'occupera de cela plus tard.

-Monsieur de Saint-Cloud vous n'avez pas été tendre avec lui, commenta la servante tout en pouffant alors qu'il lui racontait le déroulement de la scène.

Elle lui retirait le corset qu'elle avait déniché un peu plus tôt et lui remettait sa chemise blanche en coton. Le jeune Duc retrouva ses habits habituels et se pressa pour retourner au manoir familial avant de subir la colère du Prince. La nuit était déjà présente. Emmitouflé sous sa cape, sa main crispé sur ses armes, il marcha le plus vite possible, ne voulant faire de mauvaises rencontres. Au tournant d'une rue, il se heurta à quelqu'un, sentant son nez s'écraser contre le torse du bousculé.

-Francis ! Bon Dieu, je te cherchais partout ! S'exclama l'homme.
-Père c'est vous ! Vous m'avez fait peur, se rassura le blondinet en s'approchant de son géniteur.
-Rentrons, maintenant, ordonna Guillaume.

Le jeune notable sourit et resta près du chef de famille, totalement rassurée. Ou presque. Voilà quelques minutes qu'il se sentait suivis. Les paroles vieilles de deux ans de son père lui revinrent subitement en mémoire. La peur noua son ventre, ses mains étaient moites. Il jeta un rapide coup d'oeil à son père qui gardait le sourire. De la tristesse. C'était la fin. Une goutte de sang s'écoula lentement du coin des lèvres du Duc de Saint-Cloud. Le début d'une longue nuit écarlate. Le début d'une adolescence tumultueuse, avançant au rythme d'une froide vengeance.

-Père !! Que vous arrive-t-il ? Vous.. Vous saignez !

L'effroi s'immisça lentement dans le corps de Francis. Sa main couverte de cuir vint caresser doucement la joue de son fils. L'autre tenait fermement la lame qui venait de traverser son abdomen, empêchant son assaillant de s'enfuir.

-Cours Francis. Et ne te retourne pas, chuchota son père en le poussant.

Paralysé par la peur, l'enfant blond ne bougea pas. Pourquoi maintenant ? Pourquoi ce soir ?

-Va-t-en Francis, c'est un ordre !! vociféra Guillaume.

Il réagit enfin. Un pas en arrière. Puis un autre. Il n'avait pas pour habitude de voir son père entrer dans une telle colère. Une petite voix lui soufflait de rester. Des rester auprès de son père. L'autre l'incitait à s'enfuir, d'obéir à son géniteur. C'est la voix du fuyant qui l'emporta. La gorge nouée, il abandonna son père, s'enfonçant dans les rues étroites de Paris. L'obscurité ne l'aidait point à retrouver son chemin. Courant à l'aveuglette, il réussit cependant à retrouver quelques repères, lui indiquant qu'il n'était plus très loin de leur demeure. Ses yeux se perdirent un instant dans le ciel jusqu'à ce qu'il aperçoive une épaisse fumée noire s'élever dans le ciel. Il en eut des sueurs froides. Il imaginait le pire. Plus que quelques mètres avant d'atteindre le manoir. Il faisait de plus en plus chaud.

Au tournant d'une ruelle, il fut stopper par une foule. En regardant de plus près, ils étaient tous en peignoir ou robe de chambre. Le jeune duc reconnut aussitôt la gouvernante et se précipita vers elle. Son visage était tirée par l'effroi, la peur et l'inquiétude. Jusqu'à ce qu'elle le voit sain et sauf. Tous les domestiques de la demeure semblaient en vie. Il aperçut même le cocher tenir son chat domestique Apollon, apeuré par la situation. Parce que sous leurs yeux, leur toit se consumait lentement. Les flammes léchaient lentement les murs, s'amplifiant petit à petit. Son coeur se serra alors que les souvenirs de son enfance brûlait sans qu'il ne puisse faire quoi que ce soit. Ses yeux s'embuèrent de larmes alors qu'il sentait les mains moites de sa gouvernante se resserrer sur ses vêtements.

Que pouvait-il bien faire ? Il n'était qu'un enfant...

-

« Pauvre enfant... Abandonné si jeune... Qui va prendre soin de lui désormais ?... J'ai ouï dire que le Général d'Armée s'est porté garant de devenir son tuteur.... Ce n'est donc pas le Duc de Normandie ?... Que va-t-il lui arriver.. ? »


Ce furent les phrases que Francis entendit lorsqu'il se réveilla de ce cauchemar. Il aurait tant aimé que c'en soit un. Malgré cela, la réalité le rattrapait sans cesse. Recroquevillé dans un coin de sa chambre plongée dans le noir absolue, il se remémorait les scènes de cette horrible nuit. Cette nuit où tout son petit univers en or venait de perdre sa richesse. La demeure familiale en feu... Son père, assassiné, égorgé... Ce souvenir était des plus douloureux. Il n'aurait peut-être pas du revenir sur ses pas. Il n'aurait pas vu le cadavre de son père, arme à la main, la carotide ouverte. Cette vision l'avait tellement horrifiait qu'il sentit ses flux gastriques remonter. Il rendait toutes ses tripes, peu habitué à ce genre d'acte barbare. Une forte nausée le submergea et il sombra dans l'inconscient.

A son réveil, le Général d'Armée se tenait à ses côtés. Mais quelque chose était différent. L'éclat qui animait le jeune Duc n'était plus. Ses yeux bleus azurs n'étaient plus aussi pétillants et malicieux qu'avant. Il s'approcha lentement de lui et s'assit au bord du lit. Il ne réagit pas. Il l'appela par son patronyme. Aucune réaction. Sa main gantée se glissa dans ses mèches blondes et vint appuyer sa tête contre son épaule solide et carrée. Il murmura doucement.

-Montre-toi courageux, Francis. Pour ton père.

Un léger soubresaut survint. Mais pas une larme ne coula. Il n'avait pas le droit. Pas maintenant tout du moins. Après quelques instants de silence, le Général d'Armée se retira de la chambre laissant les domestiques s'occuper du garçon. Il referma la porte derrière lui et s'avança dans les couloirs du château sans remarquer la présence du jeune Prince qui l'observait de loin. Il n'osait aller voir son ami. Ce dernier, après avoir été lavé par les servantes, ne jeta pas un regard au plat chaud qui lui était dédié. Il n'y toucha pas et préféra s'enfoncer dans les ténèbres du désespoir qui le tourmenteront pendant une très longue période.

-

Le lendemain du drame, l'enterrement eut lieu. Un enterrement honorable digne du défunt. Le Roi et le Prince y assistaient également. Habillé tout de noir, Francis ne daigna pas lever la tête lors de la messe. Ses pupilles étaient aussi ternes que ce ciel noir menaçant au-dessus de leur tête. Lors de la cérémonie. Ses doigts graciles tenaient fermement quelques fleurs de lys. Au cimetière, il se tint debout près du cercueil. Ses lèvres ne laissèrent échapper aucun mot. Il se contenta de poser le bouquet sur la bière et de la regarder descendre dans la terre. Ce fut cet instant précis que choisis la pluie pour s'abattre sur Paris. On sortit les ombrelles pour se protéger. Certains s'en allèrent alors que l'on avait pas encore finit l'inhumation. Les quatre valets qui avaient porté le cercueil s'attelèrent à la tâche. Leurs vêtements étaient lourds à cause de l'au mais l'un d'eux s'arrêta et regarda avec incompréhension la main tendue de Francis vers sa pelle. Il lui donna sans piper mot et le futur Général d'Armée commença la besogne. Manche retroussée, les cheveux humides, il jetait coup par coup les mottes de terre sous les yeux ébahis et bouleversés de l'assistance.

Il ne faisait que suivre les ordres de son tuteur.

Ce dernier l'observa de loin, partagé entre la tristesse que dégageait son disciple et par la bravoure dont il faisait preuve. Une fois le trou rebouché, il s'essuya le visage en vain puis rendit la pelle. Petit à petit, les nobles présents s'en allèrent présentant leurs condoléances une dernière fois au jeune garçon. Il ne serra pas leurs mains, il se contenta d'un hochement de tête et d'un sourire douloureux. Plus personne ne vint le voir. Il se retourna donc pour faire face à la stèle de son père. Et il craqua. Songeant qu'il n'y avait plus personne autour de lui pour le voir, il céda enfin. Comme un abîme dans son coeur, les genoux enfoncés dans la boue, salissant son pantalon noir, Francis pleurait, hurlait. De désespoir, et de profonde tristesse sur la tombe de son père. Le visage ruisselant de larmes et des gouttes de pluie, il n'arrivait pas à s'arrêter. Comme si quelque chose débordait, le malheur envahissant tout son corps et son esprit.

Le détenteur de la Couronne française était toujours présent cependant. Son visage laissait paraître du dégoût et de la désolation face à un telle spectacle. Son fils, à ses côtés, ne savait que faire, que dire. Francis qui était toujours de bonne humeur, toujours souriant, toujours à ses côtés voulant le faire rire et lui rendre son sourire après les punitions infligés de la main de son paternelle, était à genoux sous ses yeux, en larme, sombrant dans le désespoir. Et lui, l'enfant royal était incapable de le consoler, de lui rendre l'appareil. Il déglutit et prit l'élan de se déplacer vers son ami mais la voix de Henri l'en empêcha.

-J'avais espéré que le Duc de Saint-Cloud n'avait pas pour fils un tel poltron. Pleurer sur sa tombe ne lui apporte que la honte.

Les mots de son géniteur le glaça bien plus que cette pluie qui s'abattait sur eux. Francis avait-il entendu ? Il ne pleurait plus. Il ne criait plus. Il parla pour la première après deux jours de mutisme :

-Je ne veux pas entendre cela de la bouche de celui qui n'aime pas son propre fils.

Il se retourne et défia du regard Sa Majesté. Ses mains tremblaient. Il ne contrôlait plus rien. Pas même ces propres mots.

-Celui qui devrait être honteux, ici, c'est vous ! Vous qui êtes incapables de donner à votre fils l'amour dans il a besoin. Vous étiez absents le jour de sa naissance. Vous étiez absents le jour du décès de Notre Reine ! Vous pensez que Notre Reine défunte votre épouse, soit fière de vous, là où elle est? Croyez-vous qu'elle soit heureuse de voir son fils, le fruit de votre amour, martyrisé par son père en personne ?!

Le Roi reçut toutes ses insultes sans broncher. Sa main droite se leva. Charles écarquilla les yeux sachant ce qui allait suivre. Il ne le savait que trop bien. Il n'eut pas le temps de s'interposer que la gifle vint s'abattre sur la joue du jeune orphelin. La force était telle qu'il tomba sur la tombe de son père, là où la terre était fraîchement retourné et il perdit connaissance. Sa Majesté tourna les talons, puis après quelques secondes de stupeur et d'effroi son fils Charles le suivit alors que le Général d'Armée prenait Francis avec précaution dans ses bras.

-

Les quelques jours qui suivirent l'incident, Francis n'avait plus goût à rien. Il n'avalait presque rien, ne bougeait presque jamais de sa chambre, et restait allonger sur son lit tout le long de la journée, ne pensant à rien. Son esprit était vide. Son coeur l'était aussi. Comme si ce meurtre avait crée un trou béant dans l'organe vitale qui le maintenait en vie et que tout s'envolait. Mais il fallait bien qu'un jour, il se lève et reprenne les cours d'escrime, de lettres et de mathématiques. Mais son chat à poil long blanc, Apollon ne l'entendait pas de cette oreille. Habituellement, il restait seul dans sa chambre et le félin réclamait souvent de la nourriture aux domestiques. Mais ce jour-là, il avait besoin de l'attention de son maître. Il réussit à se faufiler à l'intérieur de la pièce et vient se frotter à lui, réclamant des caresses mais surtout de quoi assouvir sa soif. L'adolescent ne cilla pas aux miaulements plaintifs de son compagnon animal. Il fallut qu'il lui lèche le visage pour qu'il sorte de sa torpeur. Bon gré mal gré, Francis s'extirpa difficilement de ses draps. Il n'avait pas énormément de force après tout. Il prit Apollon dans ses bras et mit enfin le pied dehors pour aller vers les cuisines.

Au début, il semblait perdu et déboussoler mais il retrouva ses repères et se redirigea rapidement dans la bonne direction. Dans le bâtiment royal, il passa près de la Salle du Trône. Il s'y arrêta brusquement. Il avait vaguement entendu son prénom. Il revenait enfin à la réalité.

-Sachez mon Général que la faveur que je vous fais doit être respecter sous certaines conditions. Assurez-vous que cet insolent soit plus docile. Il aura le droit de revenir à Paris lorsqu'il aura en sa possession le médaillon de sa famille.
-Le médaillon est-il nécessaire ? Il a été dérobé par le meurtrier de son père qui est toujours en cavale, remarqua le haut gradé militaire.
-Pour être le prochain Duc de Saint-Cloud, il est impératif de posséder l'emblème de la famille en signe de reconnaissance. Cette tradition est suivie depuis des générations. Il faut continuer à l'honorer.
-Je comprends, Sire...

La flamme qui s'était éteinte il y a peu, devenait un petit foyer timide mais incandescent. Francis s'éloigna finalement de la porte et retourna à sa destination initiale. Par chance, il y avait encore quelques servantes qui le regardèrent avec tendresse. Il demanda un bol de lait pour son félin et un potage de légumes et un morceau d'agneau. Il engloutit le plat à une vitesse affolante. Il n'avait pas ingurgité quelque chose de consistant depuis ces deux derniers jours après tout. Il en redemanda à plusieurs reprises et ce ne fut qu'au bout du 4ème service qu'il fut entièrement repu. Les domestiques étaient ravies qu'il ait si bon appétit. Il retourna à sa chambre avec une boule de poil blanche endormi. Sur le bord de son lit, il caresse distraitement la fourrure immaculé d'Apollon tout en songeant à la conversation qu'il avait entendue. Mais il fut interrompu par son tuteur qui frappa à la porte.

Francis lisait de l'appréhension et de la mélancolie sur son visage. Il allait sûrement lui annoncer la nouvelle de son départ du château. Mais le jeune Duc le prit de court.

-J'ai une faveur à vous demander, maître.

-

-Allez, Apollon descends ! S'égosilla son maître en tendant au maximum sa main et en se pointant sur la pointe des pieds.

Le chat de race se contenta de bailler et resta sur son perchoir, qui en ce moment précis était la pergola du jardin royal. Francis devait partir pour la Normandie, chez son oncle, aujourd'hui et la seule chose qu'il lui manquait dans ses bagages était son animal de compagnie. Il avait beau se hisser au plus haut, jamais il ne l'atteindra. Il soupira d'exaspération et fourra ses mains dans les poches de son manteau noir. Il sentit le jouet préféré de son félin, s'en saisit et l'appâtât avec. Il feignais l'indifférence mais comme son maître, il ne pouvait résister à l'appel d'une bonne partie de jeu. Il bondit sur sa joie qui était une boule de laine. L'adolescent blond profita de cet instant pour le prendre dans ses bras et de l'enfermer dans un panier en oseille.

-En route maintenant ! S'exclama-t-il joyeusement.

Lorsqu'il se retourna, il se retrouva nez à nez avec le Prince Charles de France. Sous l'effet de la surprise, il recula d'un pas mais se reprit bien vite. Un sourire joyeux vint se dessiner sur ses lèvres. L'héritier du Trône, soulagé de voir son ami retrouvé son état d'autre fois, esquissa un léger sourire mais reprit un air plus sérieux.

-Tu t'en vas vraiment ?
-Après ce qui s'est passé avec ton Père, je n'ai pas d'autre choix, Charles, répondit doucement l'enfant aux yeux bleus. Mais je reviendrais. Je reviendrais plus fort. Tu en feras autant de ton côté, n'est-ce pas ? Montre à ton père que tu n'es pas indigne de ton rang. Que tu mérites ta place sur ce trône. Je serais là pour t'assister, je te le promets.

L'enfant aux prunelles de jade acquiesça et serra la main que son ami lui tendait. Scellant leur promesse, Francis sourit de toutes ses dents blanches avant de la lâcher et de ses dépêcher de rejoindre la voiture qui l'attendait dans la cour. Il plaça le panier en oseille sur la banquette à côté de lui, jeta un dernier regard au château avant de s'enfoncer dans la voiture et de quitter la ville pour la Normandie. Alors que la capitale disparaissait derrière lui, il songea à l'avenir qui se présentait à lui. Puis finalement, il oublia vite cette idée et se concentra sur un événement bien plus proche du moment présent. Sa vengeance. Vengé son père, retrouvé son titre et le succéder était désormais sa priorité. Mais rester enfermé dans son cocon douillet n'allait pas lui apporté la force qu'il souhaitait. Il avait besoin d'exister. De se sentir vivant. Quitte à se salir les mains.

Le rideau est peut-être tombé mais il annonce simplement le changement de décor.
Questionnaire

ÊTES-VOUS AU COURANT DE L'EXISTENCE DES VAMPIRES ET LYCANS? ─ Général d'armée oblige, Francis est au courant de l'existence de ces créatures de la nuit. Il le sait également par le biais d'un jeune milicien, Jean Dubois.
QUE PENSEZ-VOUS DES LYCANS/VAMPIRES ─ Ce serait mentir que de dire que Francis ne serait pas un tant soit peu effrayé par ses créatures. Mais s'il doit les affronter, il le fera. Il n'en as pas encore eu l'occasion jusqu'à présent mais en écoutant les récits de Jean, il ne cache pas son appréhension vis-à-vis de ses être surnaturelles.
ÊTES VOUS SATISFAIT(E) DE VOTRE VIE ACTUELLE? ─ Oui et non. Francis a trop de choses à faire dans sa vie et la vie est si courte. Ce qu'il souhaite par dessus tout en ce moment? Aider son plus cher ami, Charles.
SI NON, QUE VOUDRIEZ-VOUS CHANGER?  ─ Il y a peu de choses qu'il souhaiterait changer à l'heure actuelle mais ce qu'il aimerait par dessus, c'est que Charles retire le manche à balai qu'il- *au loin, nous pouvons entendre des cris de douleur peu virils de Francis*
VOTRE POINT DE VUE SUR LE MONDE CONNU?
─ Le monde est très vaste et, bien que recelant de nombreux dangers, Francis rêve parfois de partir et de découvrir d'autres horizons. Mais pour l'heure, il doit accomplir son devoir de Général d'Armée.


Joueur

cf Astrid !
Francis De Saint-Cloud
Francis De Saint-Cloud
♕ • Proie designée • ♕
Messages : 39
Âge du personnage : 28

Mémoire de vie
Race: Humain
Métier/Rang: Général d'Armée
Statut amoureux: Célibataire
Profil Académie Waverly
Francis de Saint-Cloud :: DONE EmptyLun 31 Juil - 17:52
Histoire


- III -


-Echec et mat, Mon oncle, déclara fièrement Francis en plaçant son cavalier devant le Roi.
-Bravo mon neveu, tu m'as encore vaincu. Cela ne m'étonne pas de toi, sourit l'intéressé.
-Le jeu d'échec est un très bon moyen pour moi de développer mes sens stratégiques, affirma le blond en ramassant une à une les pièces sur l'échiquier.

Le Duc de Normandie acquiesça puis se leva pour se servir un verre d'absinthe. Il en but une gorgé tout en observant le fils de son cousin mort il y a 3 ans, Guillaume de Saint-Cloud. Francis avait entièrement hérité du physique de sa mère : des cheveux blonds et longs comme les blés, soyeux au toucher ainsi que des prunelles bleus topazes. Pour le caractère, il se situait entre les deux parents, calme et posé comme sa mère, réfléchi et diplomate comme son père. Mais d'où lui venait ce côté espiègle et joueur ? D'un parent lointain peut-être. Malgré 3 ans de cohabitation, il ne comprenait pas entièrement ce jeune garçon de quinze ans passés. Le Duc avait cependant un trait de caractère qui s'était peu à peu développé ces derniers temps. Lors des réceptions où il recevait d'autre gens de la noblesse, Francis attirait toujours l'attention. Il ne niait pas sa beauté et le charisme qu'il dégageait. Il était désormais un homme alors côtoyer les femmes était de son âge désormais. Ce fut auprès de le gente féminine qu'il changea. Avec elles, il était toujours charmeur, plaçait des compliments à telle marquise ou une autre comtesse. Flattées d'être le centre d'attention d'un si jeune garçon et bon parti de surcroît dans un futur proche, elles ne pouvaient que succomber.

Mais chaque geste, chaque parole de Francis était réfléchi. Durant ces trois années qui s'écoulèrent, il s'entraîna durement à l'épée et à l'escrime. Il était capable désormais de désarmé son propre professeur. De son oncle, il apprit le sens des affaires, il était bien plus cultivé, surprenant son entourage lors des discussion réservés aux adultes. Ces connaissances suscitaient beaucoup d'attention venant des dames fortunés qui prévoyaient de lui offrir la main de leur jeune fille. Le père n'étant plu, Francis se devait de gérer lui même ses multiples demandes. Son oncle songeait que lui laisser cette indépendance lui permettra de gagner en maturité. Cependant la seule chose que contrôlait son oncle chez Francis, ce sont ses déplacements. Le jeune homme aillant pour interdiction de revenir à Paris. Mais point noir sur le tableau, bon nombres de nobles lui proposaient souvent de venir, ou plutôt de revenir, qu'il serait bien là-bas, qu'ici. Il devait se résoudre qu'un jour ou l'autre, l'oiseau devra quitter le nid et voler de ses propres ailes. Mais si le Roi aurait eu vent que le futur Duc était de retour à la capitale, il n'osait imaginer ce qui pourrait lui arriver, ce que le courroux du Roi pouvait bien occasionner.

Mais un jour où l'autre, Francis devait affronter la réalité.

Ce fut donc après mûr réflexion que le Duc de Normandie accepta l'une des invitations d'un ami, à participer à une réception dans son manoir qui situait dans la capitale. Les préparations pour le voyage furent quelques peu long car ils prévoyaient de rester là-bas une semaine durant. Francis jubilait d'avance de son retour. Il allait enfin appliquer sa vengeance. Mais le temps de leur séjour était bien trop court. Il fallait qu'il trouve les bons arguments pour convaincre son tuteur de le laisser séjourner un peu plus longtemps que prévu. Il écrivit une lettre au Général d'Armée pour le prévenir de sa visite à Paris. Une fois les préparations terminées, il profita du temps libre qui lui restait pour jouer avec sa jeune cousine, Diane, âgée de 5 ans. Cet enfant était comme une petite soeur. Une petite soeur en porcelaine, fragile de santé. Elle venait parfois se glisser dans son lit durant la nuit, pour retrouver le sommeil. Et à ce jour, aucune femme ne l'attirait particulièrement. Il appréciait les petits jeux de séduction mais rien de plus. Personne ne parvenait encore à faire battre à son coeur, à lui faire tourner. Il n'était pas si tendre qu'il avait l'air contrairement à son ami d'enfance, Charles, héritier du trône. Il avait hâte de le retrouver.

-

Les voilà enfin à Paris. L'enfant blond ne savait pas du tout où ils allaient loger. Il est d'abord perplexe. Ce chemin ne menait-il pas vers... ? Impossible. Quelle ne fut pas sa surprise en voyant le manoir qui était sa demeure, entièrement remis à neuf après l'incendie qui eut lieu il y a trois ans ? Comme si rien ne s'était passé. Il resta ébahi pendant une longue minute devant le magnifique portail en fer noir.

-Monsieur Francis, c'est vous ?

L'interpellé se retourna et vit son ancienne gouvernante s'avancer vers lui, les larmes aux yeux, un mouchoir contre ses lèvres. Il se jeta littéralement dans ses bras, heureux de la revoir, ici. La dame était émue de revoir ce bambin en pleine forme. Il avait l'allure d'un beau jeune homme, respirait la santé et il était même plus grand que sa personne. Elle lui caressa doucement la joue, quelque peu troublée par cette ressemblance frappant avec la mère du petit. Le même blond, les mêmes yeux bleus. Guillaume ne semblait pas lui avoir donné quoi que ce soit. Or, elle se trompait lourdement. Après ces douces retrouvailles, on les installa rapidement, juste à temps pour le souper. Tout semblait paisible et joyeux, comme autrefois. Mais ce n'était pas vrai. Ce n'était pas les mêmes meubles, ce n'étaient pas les mêmes tapis. Sauf peut-être une chose.

Le futur Général d'Armée se retira dans sa chambre lorsque l'horloge sonna neuf heures du soir. Il regarda d'abord le sol habillé de somptueux tapis puis releva la tête. Il resta figé quelques secondes en voyant le portrait de ses parents au fond du couloir, comme intact. Il s'en approcha et l'examina. Il était identique à celui qui avait péri dans l'incendie.

-Le portrait de vos parents est le seul objet qui put être sauvé, constata une voix féminine dans son dos.
-Comment ? Demanda Francis en effleurant du bout des doigts le cadre dorée.
-C'est Serge qui eut le courage de le retirer du mur et de l'emporter à l'extérieur avant que tout ne soit consumé, expliqua doucement la gouvernante en posant ses mains sur les épaules de son jeune maître.

Francis n'en servait rien. Il ne savait pas, il n'avait jamais remarqué à quel point tout le personnel de la maison était si dévoué à son père. Qu'ici on l'aimait vraiment. Qu'avait-il fait pour lui ? Il ne faisait que profiter de son titre, de sa situation. Ne faisant que s'amuser, totalement insouciant. Le Roi avait peut-être raison après tout. Il n'était qu'un poltron ne faisant qu'apporter la honte à son géniteur. Ses poings se resserrèrent en songeant à cette idée. Il en avait assez. Assez d'être faible. Assez d'être dorloté. Il devait honorer son père désormais. Ce séjour en était le but. Retrouver son titre par tous les moyens quels qu'ils fussent. Il n'allait pas abandonner alors qu'il était si près du but. Il adressa finalement un sourire à Pauline et lui annonça qu'il avait besoin de dormir, de se reposer après ce long voyage.

-

Des cris enjoués, une taverne animée, une soirée bien arrosée. Voilà près d'une heure que Francis attendait, tapis dans l'ombre d'un empilement de caisse en bois. L'odeur des ordures qui s'entassaient là n'était pas des plus agréables mais il pouvait bien endurer ce petit désagrément pour l'instant. Il ne quitta pas des yeux une seule seconde l'entrée de la taverne, de peur de laisser sa proie s'échapper. Selon les sources de son professeur, le Général d'Armée en personne, l'assassin qui aurait subtilisé le médaillon avait pour habitude de venir ici. Porterait-il ce soir, l'objet tant désiré à son cou ? Il n'aurait peut-être pas de seconde chance car le lendemain, ils devaient partir et retourner en Normandie. C'était maintenant ou jamais qu'il devait devenir un homme.

Un groupe d'hommes, âgés dans la quarantaine sortit finalement de la taverne. Il les observa du mieux qu'il pouvait, plissant les yeux pour tenter de trouver l'homme qu'on lui avait décrit et signalé comme le meurtrier de son père. Grand, bruns, des cheveux poivres et ondulés, habillés modestement pour ne pas se faire remarquer. Il le remarqua enfin , attendit quelques secondes qu'il s'éloigne du groupe pour le suivre en filature. La nuit était fraîche, si bien qu'il resserra un peu plus sa cape autour de son cou. Le présumé assassin s'éloignait du coeur de la ville. Très bien, personne ne me verra ainsi, pensa Francis. Au bout de quelques minutes à marcher, il se décida enfin. Il saisit doucement la garde de sa rapière, puis se précipita sur sa proie, lui barrant la route, le bout de sa lame posée sur sa poitrine.

-Si vous souhaitez avoir la vie sauve, rendez-moi le bijou que vous portez autour du cou, ordonna froidement le blond en remontant lentement vers sa gorge.
-N'es-tu pas un peu jeune pour vouloir tuer quelqu'un ? Demanda calmement l'homme en prenant délicatement la lame entre son index et son pouce. Ton père te laisse jouer avec-
-Vous avez tué mon père, il y a trois ans !!

La stupeur le frappa de plein fouet. Il s'en souvenait désormais. L'alcool qu'il avait bu cette soirée ralentissait son cerveau mais il se souvenait de ce soir-là. Maintenant qu'il y repensait, il aurait du abattre l'enfant aussi mais ce garnement s'était enfui. Et c'était ce même jeune garçon qui le menaçait. La lueur qui brillait dans ses yeux bleus lui rappelaient ceux de sa victime, quelques secondes avant sa mort. Il n'avait pas peur de la mort. Parce qu'il savait que cette aurait été inévitable. Après avoir réussi à récupérer une bonne partie de la fortune des Saint-Cloud, il était difficile pour Guillaume de dormir tranquillement. Parce que, celui qui avait commandité ce crime, c'était le frère du géniteur de Francis, Pierre de Saint-Cloud, fils cadet de la famille. Après tant d'années à jalouser l'aîné, il fallait que toute sa haine soit déversée. Mais il avait oublié un petit détail. Et ce petit détail était face à lui.

-Vous n'aviez pas le droit... Vous n'aviez pas le droit de le tuer ! Cria Francis, à bout de nerf, enfonçant le bout de fer dans sa chair.
-Je ne faisais qu'exécuter les ordres, lâcha l'assassin en serrant les dents.
-Les ordres ? De qui ?
-Il est préférable que tu ne le saches pas, petit.

Sur ces mots, il referma un peu plus son emprise, empêchant tout mouvement de la part de Francis. Ce dernier comprit sa manœuvre et tenta de se dégager mais il n'eut pas le temps de réagir que son assaillant l'attrapa, son bras gauche venant se placer sous sa gorge, l'autre tenant son bras gauche pour exercer une plus grande force, lui coupant tout oxygène. Francis se débattait comme il pouvait, songeant qu'il ne pouvait pas finir ainsi. Il avait tant de chose à accomplir. La gloire l'attendait. Charles l'attendait. Il n'allait pas briser sa promesse aujourd'hui. Sa main s'empara d'un petit couteau accroché à sa ceinture et il l'enfonça dans son estomac. Sous le coup de la douleur et de la surprise, le meurtrier relâcha son emprise ce qui permit au blond de se retourner et d'un geste vif, il lui trancha la gorge. Le sang gicla, tâchant son visage et ses mains. La vie avait soudainement quitté ce corps.

Sous l'effet de l'adrénaline, Francis ne se souciait guère qu'il venait de tuer un humain. Il se pencha sur le cadavre, retira le médaillon tâché de sang et s'en alla. Puis il s'arrêta, et se rendit compte que les événements venaient de se dérouler à une vitesse hallucinante. Il tâta du bout des doigts le médaillon un peu poisseux au fond de sa poche. Tout ceci était bien réel.

-

3 ans s'étaient écoulées et le château était toujours aussi resplendissant, toujours aussi richement décoré. Comme si le temps ne ternissait pas ses couleurs dorés. Il arpentait les couloirs du plus somptueux domaine de Paris, cherchant son propriétaire, le roi Henri de France. Sa quête avait pris fin. Il pouvait revenir ici autant de fois qu'il le voudra désormais. Après de longues minutes de recherches, il arriva devant la Salle des Mémoires. Il poussa les grandes portes en bois et aperçut le monarque, contemplant un tableau. Il se tut quelques secondes avant de prendre la parole.

-Votre Majesté.

Il s'inclina légèrement puis se releva attendant qu'il porte son attention sur lui. Il le fit évidemment. Le Roi jugeau l'enfant du regarde haut en bas, puis ses prunelles s'arrêtèrent sur sa poitrine. Un mince sourire vint s'étirer sur ses lèvres puis il retourna à ses occupations.

-Que me vaut l'honneur de votre visite, Monsieur le Duc ? L'interrogea Henri.
-Je viens vous annoncer mon retour, Sire, répondit Francis avec un léger brin de satisfaction dans la voix.
-Soit. Vous pouvez disposer. J'ai une réception à préparer, annonça-t-il en feuilletant un ouvrage.
-Bien, Sire.

Une réception, n'est-ce pas ?

-

Francis serra la main de l'homme qui l'avait hébergé et considéré comme son fils durant ses 3 dernières années. Il le remercia mille et une fois pour tout ce qu'il avait fait. L'homme se contenta de sourire puis, il fut temps de partir. Le blond fit un dernier câlin à sa jeune cousine Diane, et lui promit de venir la voir dès que le temps le lui permettait. Leur carrosse s'en alla enfin, quitta Paris la Magnifique. Il resta de longues minutes seul, sur le pavillon de son manoir avant de se souvenir d'une chose. Il se précipita vers l'écurie et prit son plus bel étalon, un Pur-Sang arabe avec une magnifique robe de couleur marron. Il installa tout son attirail et se précipita à l'extérieur de la demeure. Il entendit au loin un « Monsieur Francis, où allez-vous ? » mais ne put répondre car il était déjà bien engagé dans les rues. Le paysage défila jusqu'à ce qu'il arrive à sa destination voulue, c'est-à-dire, le Château du Roi. Il déposa son destrier à l'écurie et se précipita vers les jardins du château. Il aperçut la toison d'or habituel du Prince et se précipita vers lui, bras tendus.

-Chaaaarles ! Qu'est-ce que tu m'as manqué !
-Francis ?! Mais, lâche-moi, sinistre imbécile ! S'énerva le Prince les joues rouges de surprises.
-Tu es toujours aussi ronchon qu'avant et toujours aussi adorable !

L'héritier du trône se débattit quelques instants mais il se rendit compte bien vite qu'il ne pourrait se libérer aussi facilement. Quelque chose avait changé chez son ami , mais quoi ? Il était toujours aussi agaçant, aussi bruyant, collant et farfelu et pourtant. Il manquait quelque chose. Mais quoi ? Charles n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Mais quelque part, au fond de lui, il était heureux de voir le sourire habituel de son ami. Il était content qu'il soit à ses côtés aujourd'hui. Tout doucement, il passa ses bras autour de la taille de son ami, son visage rouge de gêne et de honte caché contre son épaule. Francis fut surpris de ce geste affectif de la part de son ami d'enfance. Il s'apprêtait à le taquiner une nouvelle fois mais se retint ne voulant pas briser cet instant.

Ils se détachèrent finalement, Francis souriant de toutes ses dents, et Charles encore gêné par cette accolade. Un léger rire franchit les lèvres du Duc, puis il se pencha et murmura à l'oreille du prince :

-Comment ça se passe avec Crystal ?

Le regard du Prince s'assombrit si brutalement que Francis en sursauta. Il ne fallait pas être idiot pour comprendre qu'il s'était passé quelque chose d'important. Une chose bien plus importante qui échappait totalement à Francis pour l'instant. Bien qu'adorant taquiner Charles, il connaissait ses limites et n'engagea pas plus la conversation sur Crystal. Ce fut d'ailleurs la dernière fois qu'il l'évoqua, apprenant plus tard le sort de la malheureuse...


- IV -



-Puis-je savoir ce qui te fait sourire comme un parfait imbécile ?
-Hm ? Oh, rien en particulier. Je suis simplement heureux d'être là avec toi, Charles.

Le Prince Charles ronchonna quelque chose d'inintelligible alors qu'il frappa avec ses éperons les flancs de son cheval pour l'obliger à avancer et s'éloigner donc de Francis et sa monture. Désormais adolescents robustes et en pleine santé, Charles et Francis se pavanaient dans les rues de Paris à dos de cheval. Enfin, Francis se pavanait et Charles essayait de s'enfuir à n'importe quel prix. Mais s'il l'avait vraiment voulu, il aurait prit la poudre d'escampette depuis bien longtemps ou il aurait clairement refusé cette balade à cheval dès le départ. Mais il n'avait rien fait tout cela. C'était à se demander pourquoi...

C'était une belle matinée de juin, le Soleil était haut dans le ciel, les rayons de soleil caressant leur peau blanche. Cela faisait un bien fou ! Francis ne comprenait pas réellement cette entêtement à se protéger du Soleil des nobles, alors qu'il en était un lui-même. Il observa le dos et les épaules larges désormais du Prince français devant lui. Charles avait bien changé depuis qu'il était revenu. Hors mis le fait qu'il soit toujours aussi désagréable avec Francis mais ça, il ne s'en inquiétait pas. Au contraire, cela le rassurait. Il aurait eu à s'inquiéter si le jeune homme l'ignorait simplement et purement. N'était-ce pas un signe qu'il considérait toujours leur relation comme de l'amitié ? Francis se complaisait à le penser en tout cas. Charles n'avait jamais été doué avec ses sentiments ni comment les exprimer alors il ne lui en voulait pas le moins du monde. Il n'allait pas l'accabler plus, lui demander des mots qui seraient bien futiles alors qu'il avait déjà tant souffert. Quel ami serait-il s'il réclamait autant d'attention à un ami ? Quel général d'armée sera-t-il s'il avait besoin d'une preuve d'affection de la part du Roi ? Un Général d'armée et un ami bien déplorable.

Mais le moment n'était pas à ses réflexions. Aujourd'hui, ils étaient libres pour quelques heures. Et il avait bien l'intention d'en profiter. Le jeune Duc fit trotter son destrier jusqu'à hauteur de Charles et lui lança un regard amusé.

-Que me veux-tu encore ?
-Je me demandais si je suis toujours meilleur que cavalier que toi.
-Tu es tombé sur la tête, mon pauvre Francis. J'ai toujours été meilleur cavalier que toi.
-Vraiment ? Je n'en ai pas beaucoup de souvenirs. Pourrais-tu me rafraîchir la mémoire ?

Francis était doué pour tout, mais il avait surtout un don inné pour agacer et attiser un petit de défi dans le regard d'émeraude du Prince. Un sourire plein de confiance et de suffisance se dessina sur ses lèvres, signe évident qu'il acceptait la proposition de Charles.

-Soit. Si tu souhaites tant de subir une nouvelle défaite cuisante, laisse moi t'en honorer.
-Ne me déçois pas.

Ils alignèrent leurs chevaux, sommèrent une enfant paysanne qui passait par là de lancer le signal en échange d'une pièce d'or. Les adolescents s'échangèrent un dernier regard avant de s'élancer sur leur monture à toute vitesse après que l'enfant ait secoué son chiffon pour lancer le départ. Ils filèrent au vent sur leur fidèle monture, avalant des mètres et des mètres à toute vitesse cheveux au vent. Ils étaient côte à côte, gardant leur position farouchement pour ne pas laisser l'autre prendre les devants. La course avait semblé durer plusieurs minutes mais elle n'avait duré qu'une demi minute tout au plus.

La rupture se fit lorsque Francis fut contraint de bifurquer pour éviter un chariot sur sa voie, laissant Charles ainsi prendre les devants. Le Prince, fier d'avoir pris la tête, ne put s'empêcher de jeter un coup d'oeil par dessus son épaule. Et cette distraction lui coûtera une anecdote dont Francis s'en souviendra toute sa vie. Filant comme le vent, le cheval parti à toute vitesse, Charles vit trop tard la charrette qui bloquait son passage et c'est non sans douleur que le cheval s'arrêta brusquement, éjectant au passage son maître. Francis ressentit une horreur sourde en voyant Charles s'envoler dans les airs. Allait s'écraser lamentablement sur le pavé et mourir ainsi ? Mourir à cause d'une course à cheval si jeune ?

Mais ces pensées s'effacèrent aussitôt lorsque Charles arrêta sa course non pas sur un sol dur mais dans les eaux de la Seine, vingt mètre plus loin. Le jeune Duc dépêcha son cheval et s'arrêta près du lieu de chute alors que Charles émergeait de l'eau, passablement irrité en entendant les rires incontrôlés de Francis devant sa mauvaise fortune. Charles revint au bord du rivage et s'extirpa non sans difficulté, ses vêtements devenus lourds et lui collant à la peau. Francis ne put s'empêcher de faire le rapprochement avec Appolon, son chat, qui était tombé dans sa baignoire par mégarde et en était ressorti à toute vitesse. Ayant les poils longs, il avait perdu de sa splendeur avec sa fourrure toute trempée. Charles était exactement dans le même état.

-Cesse de rire, sombre crétin !
-Pardonne-moi mais- Hahahaha ! Ce saut était des plus beaux ! Hahahahahahahaha !

Les larmes aux yeux, se tenant les côtes tant il riait, il ne put esquiver l'inévitable et Charles le poussa dans la scène par pure vengeance. Il se débattit comme jamais pour rejoindre la surface et, une fois la tête hors de l'eau, il recracha l'eau dans ses poumons avec dégoût, agitant des bras et des jambes pour garder la tête hors de l'eau.

-Charles, tu n'es vraiment pas- Ah ! Attends ! Ne pars pas avec mon cheval ! Charles !

Francis fut bien obligé de regarder le Prince, encore tout humide, s'en aller avec sa monture sans même prendre la peine de regarder en arrière. Francis soupira avant de rejoindre le rivage et dut se résigner à marcher jusqu'au château, également trempé de la tête au pied. Mais il ne pouvait s'empêcher de pouffer de temps en temps en se rappelant de la merveilleuse courbe qu'avait fait Charles en quittant son cheval. Une anecdote que bons nombres de personnes s'en souviendrait du futur Roi si Francis venait à en faire part lors d'une soirée mondaine. Si le Duc était assez fourbe pour le faire ? Peut-être...

-

De retour à Paris, Francis se faisait connaître de plus en plus. Il était convié à bon nombre de réception et de soirées mondaines auxquelles il prenait toujours plaisir à y participer. Après tout, il devait rattraper le temps perdu et connaître chaque noble et bourgeois qui vivaient dans la Capitale. Savoir qui avait les moyens de financer une armée ou qui était prêt à faire un coup bas à la Couronne était un atout indispensable pour le futur Général d'armée. Il se devait d'être le digne successeur du Général actuel et être à la hauteur des espérances de Charles au moment où il se retrouvera enfin sur le trône.

Et pour devenir le Général d'armée irréprochable, il allait devoir passer encore quelques épreuves. Et pas des plus agréables, nous en conviendrons.

Francis eut l'occasion de participer à certaines batailles, à croiser le fer et à risquer sa vie pour le bien de son peuple. Mais il n'eut pas encore l'occasion de dirigez un véritable bataillon ou bien de vivre un siège. Jusqu'à cette funeste période de sa vie.

Vingt années ont passé et cela se voyait par la stature désormais imposante de Francis. Et il n'avait rien à envier le Prince Charles qui était également devenu un jeune homme bien bâti et dans la fleur de l'âge.

Francis laissa échapper un soupir.

Ayant retrouvé son titre de noblesse depuis quatre ans désormais, il avait pu commencer la restauration de son ancienne demeure qui s'était achevé il y a quelques mois de cela. Il était devenu le bon parti le plus convoité de Paris et chaque semaine, il recevait sans cesse des invitations pour rencontrer de jeunes marquises ou baronnes. La plupart étaient beaucoup plus jeunes que lui. Il était bien conscient qu'il devrait se marier un jour ou l'autre. Mais il lui était difficile d'adhérer à cette idée aussi facilement. Et se marier signifiait être fidèle à sa future épouse. Il pouvait l'être. Uniquement s'il s'agissait d'une personne dont il serait follement amoureux. Mais avec les mœurs et les règles de l'étiquette, les mariages d'amour étaient un événement très rare. Penser au mariage lui rappela Charles qui allait se marier avec sa tendre cousine Diane, une fois assis sur le trône. L'idée ne l'enchantait guère mais il ne se plaignait. C'était son devoir après tout. Et puis, Diane était une enfant délicieuse et adorable. Nulle doute qu'une fois sa maturité atteinte, elle n'en saura que plus belle. Et Charles ne pouvait pas être insensible à ses charmes, n'est-ce pas ? Ou Francis allait devoir se poser certaines questions...

Francis soupira une nouvelle fois. Penser au mariage n'était pas une bonne idée lorsqu'on était à quelques heures d'une bataille face à l'Empire Germanique. Il s'était réfugié près des chevaux pour se ressourcer mais cela n'eut l'effet escompté. Il tapota discrètement la crête de sa monture qui s'abreuvait paisiblement. Un mouvement à sa droite attira son attention et il n'eut le temps d'apercevoir une crinière blonde disparaître derrière les autres chevaux. Il n'y prêta guère attention au début avant de se souvenir d'un détail des plus perturbants. Il tapota l'encolure de son cheval blanc avant de se diriger vers la personne qui s'était faufilée parmi les autres chevaux.

Il s'agissait d'une jeune recrue aux cheveux courts blonds et aux grands yeux bleus qui nourrissait les étalons. Il était le plus petit des soldats mais il maniait aussi bien les épées et les arcs que les autres, peut-être même en mieux. Mais ce qui le démarquait réellement n'était pas son habilité au combat. Ce n'était pas cela qui avait attiré Francis au premier coup d'oeil. Le jeune Duc jeta un regard circulaire autour d'eux, s'assurant qu'il n'y avait personne dans les environs pour les entendre.

-Auriez-vous l'amabilité de m'expliquer la présence d'une jeune fille sur le champ de bataille ?

Francis n'eut même pas le temps de terminer sa phrase que la recrue se jetait sur lui, dégainant son épée. Mais Francis était plus fort et plus imposant et bloqua sans peine son offensive, serrant les poignets de son assaillante. Quelques centimètres séparaient leur visage. Vu de si près, Francis pouvait discerner plus librement les traits féminins qui se cachaient derrière les traits durs et froids. Francis n'avait pas été dupé et avait vu juste. Il s'étonnait encore que cette jeune fille ne fut pas remarquée plus tôt que cela. Pis encore, qu'il soit le seul à l'avoir remarqué. Il scruta encore le regard océans farouche de la demoiselle avant de la relâcher. Une bonne dizaine de secondes s'écoulèrent lorsqu'elle rangea son épée dans son fourreau, se rappelant lentement qu'elle était face à un allié, pas un ennemi.

-Alors ? Vous préférez peut-être en discuter avec le Général en personne ?
-Non !

La réponse claqua aussi rapidement qu'un cheval pouvait galoper. La panique et la peur s'allumèrent dans son regard. Elle était bel et bien consciente que sa place n'était pas ici, pas au milieu de centaines de millier d'hommes, sur un champ de bataille qui plus est. Les raisons de sa présence ici devaient être exceptionnels. Quelle jeune fille serait assez folle pour venir porter une armure, se battre et tuer ? Elle ne devait pas être plus âgée que lui, peut-être 17 ans ou 18 ans, pas plus.

-Je... J'ai pris la place de mon petit frère.

Oh. Ainsi donc la grande sœur protégeait son petit frère. Comme c'était honorable. Et complètement suicidaire. Mais Francis ne pouvait empêcher son admiration. Personne de son entourage n'aurait eu une telle audace.

-Soit. Et vous pensez vraiment vous en sortir avec une simple excuse ? Vous avez de la chance, vous le savez ? Il semblerait que je sois le seul à savoir la vérité. Pour l'instant. Et j'imagine que vous n'avez pas l'intention de quitter les lieux si je vous l'ordonne.

La jeune femme le regardait toujours avec méfiance, sourcils froncés, le regard brillant d'appréhension. Quelques secondes de silence s'écoulèrent et Francis soupira et rendit les armes.

-Je ne dirais rien. Mais j'espère que vous prenez conscience l'inquiétude dans laquelle vous avez mis votre famille.

Francis vit un grand soulagement dans ses grands yeux bleus et fut pris au dépourvu par ce grand sourire plein de sincérité.

-Merci infiniment Monsieur De Saint-Cloud.
-Si vous voulez me remercier, venez plutôt me voir dans ma tente c-



Jeanne Dubois savait se défendre. La magnifique tâche rouge à l'image d'une main ornant la joue gauche de Francis pouvait en témoigner. Il n'allait pas mentir : ce fut la première fois qu'une femme leva la main sur lui. Il était habitué à ce que les demoiselles – jeunes ou moins jeunes – tombent dans ses bras sans qu'il ne fasse le moindre effort. Un simple sourire, un geste galant, et il les avait dans le creux de sa main. Autant son charme et sa beauté naturelle ainsi que son statut jouaient beaucoup. Francis devait avouer qu'il n'avait pas été très fin avec elle. Était-ce parce qu'elle n'était pas une noble ? Sans doute. Mais Dieu, elle avait du répondant ! Personne ne lui répondait de la sorte. Sauf Charles. Mais le Prince était un cas particulier.

Le Général d'Armée avait haussé un sourcil dubitatif en voyant l'état de sa joue mais n'avait posé aucune question, préférant s'atteler sans préambule à leur stratégie d'attaque. Si leurs informateurs ne s'étaient pas trompés – ce qui arrivait rarement – ils pouvaient vaincre l'ennemi par le nombre. Cette réunion n'était qu'une simple formalité. Tous les dirigeants de guerre savaient ce qu'ils avaient à faire. Francis savait ce qu'il avait à faire. Etait-il nerveux? Un peu. Juste un peu. Il n'avait pas le droit de défaillir. Ou tous les hommes qui étaient derrière lui allaient également défaillir.

Enfin, il n'y avait pas que des hommes.

Ses prunelles saphir cherchèrent du regard Jeanne qui étaient quelques rangées plus loin derrière lui, fière sur son destrier, sous son armure qui cachait sa féminité et qui rehaussait sa férocité. Le bruit sourd des trompettes annonça l'arrivée des troupes ennemis. Avant que l'odeur du sang, de chair calciné et que l'adrénaline envahissent son cerveau, Francis se promit de retourner voir la belle pour présenter ses excuses pour son comportement grossier et peu galant.

-

Francis se pinça l'arrête du nez puis dégagea l'une de ses mèches blondes pour la remettre à sa place, derrière son oreille. Il grimaça quelque peu lorsque la blessure à son épaule le lança une fois de plus, lui rappelant qu'une fois de plus qu'il avait échappé à la mort. Au contraire de beaucoup de soldats sur le champ de bataille. Francis avait été loué par son courage et sa bravoure.

Mais ce jour-là, assis dans son carrosse arrêté devant une modeste librairie, Francis n'avait aucun courage.

Il n'avait pas le courage d'affronter le père de Jeanne, lui dire que sa fille est morte au combat. Il n'avait pas le courage d'annoncer à son petit frère Jean – elle avait dit son prénom avec tant de tendresse lorsqu'elle rendit son dernier souffle dans ses bras – que sa sœur s'était sacrifiée pour sauver celui qui venait lui apporter une funeste nouvelle. Francis aurait pu la sauver. S'il avait révélé son secret, elle aurait été renvoyé de l'armer, elle aurait été vivante. Elle aurait été là, derrière la vitrine, à dépoussiérer et à nettoyer les rayonnages.

Une vie peu trépidante, il devait bien l'avouer.

Le jeune duc lorgna quelques secondes la toison dorée qui s'affairait derrière la vitrine puis inspira et expira longuement avant d'ouvrir la porte de son carrosse. Il traversa la ruelle pavée bondée de manants et n'hésita pas cette fois à ouvrir la porte de la librairie, et fut accueillit par le tintement d'une petite cloche.

-Bien le bonjour, sir !

Francis eut le souffle coupé. Les mêmes yeux bleus. Les mêmes traits fins. Les mêmes pommettes. Le même sourire. La même gentillesse.

-Bonjour Jean.

Sa gorge était si serrée par la culpabilité qu'il eut grand mal à prononcer ses quelques mots. Jean avait 16 ans, tout au plus. Il était jeune, insouciant, plein de vie. Il pouvait le voir dans ses yeux qu'il adorait Jeanne. Sa douce et tendre grande sœur Jeanne. Francis aussi avait aimé Jeanne. Pour un instant fugace. Le temps d'une bataille. Le temps d'un regard. Mais il l'avait aimé. Bien plus qu'il n'avait aimé d'autres femmes ou d'hommes dans sa vie. Francis allait détruire un frère aimant et un père bienveillant. Et il en avait honte.

-Comment connaissez-vous mon prénom, sir ? Je ne vous ai jamais vu...
-J'ai connu ta sœur. Jeanne.

Francis ne réussit à détourner les yeux alors que le désespoir envahissait les yeux candides du jeune garçon.


- V -


Francis eut la désagréable impression d'avoir raté quelque chose. Quelque chose d'essentiel. Il pouvait réfléchir autant qu'il le souhaitait, il n'arrivait pas à poser le doigt dessus. Et ce n'était pas en fixant la pauvre domestique suspendue sur ordre de Charles qui allait l'aider. La malheureuse ne doit son sombre sort que parce qu'elle avait annoncé la mort de l'ancien Roi, le père de Charles, à c dernier. Le duc avait ressenti une pointe de soulagement, quelque part. C'était bien à cause de ce grand personnage que Charles était désormais... ainsi. Il pouvait se vanter d'avoir connu le nouveau Roi pendant son enfance, mais il ne pouvait rien dire sur le Charles d'actuel. Il ne le connaissait pas. Il était loin d'imaginer qu'il aurait capable d'exécuter une jeune femme par plaisir. C'était sans doute bien plus que cela mais cela lui échappait complètement. D'ailleurs, Charles ne prit même pas la peine de venir le voir après que Francis ait ordonné qu'on détache la servante et qu'on rende son corps à sa famille. Il ajusta une mèche de cheveux sombres de la demoiselle au teint désormais grisâtre avant d'ordonner qu'on la recouvre par respect pour elle.

Il quitta la pièce et rejoignit les couloirs plus éclairées et animées du château. Partout, on s'affairait pour le couronnement de Charles. Le sol, les poutres et chaque chambre étaient nettoyées, récurés et astiqués avec minutie. Tous les nobles de la Cour française seraient présents. Et Francis avait cette désagréable impression qui lui rongeait l'estomac depuis plusieurs jours. Dieu ! Il priait que tout se passe bien. Que le règne de Charles se déroule sans encombre.

-

Le nouveau Général d'Armées avait été naïf. Trop naïf. Francis avait échoué. Il aurait du le dissuader de pas y aller, qu'attaquer l'Angleterre n'était que pure folie. Et pouvait-il bien faire contre un homme dont la femme avait été blessé par une autre du pays ennemi et qu'elle avait possiblement perdu leur enfant ? Rien. Charles lui avait ordonné de rester, de protéger Diane, de protéger la France. Et il avait misérablement échoué. Avec la nouvelle de l'implacable Roi de France prisonnier des anglais, les troupes françaises en furent complètement déstabilisées. Francis fut contraint de ployer le genoux, et se retrouva enfermer dans les donjons avec quelques uns de ses subordonnés.

L'endroit était si sombre, sale et l'odeur pestilentielle et les reflux acre de pisse et de selle pouvaient en rendre fou plus d'un. Le Duc ignorait combien de temps il était resté là, à attendre qu'on vienne le chercher et le décapiter le pendre. Il s'attendait à tout, à la mort particulièrement. Il ne supportait pas de vivre dans l'attente qu'on lui annonce la mort de Charles et de Diane. C'était sa seule raison de vivre pour l'heure et son seul moyen de ne pas tomber dans la folie.

Des gonds grincèrent au loin. Des bruits de bottes et le cliquètement des armures se firent plus forte. Francis crut que son heure était arrivée. Mais il ne crut pas une seule seconde lorsqu'on lui annonça que Charles était toujours en vie – Dieu merci – mais qu'il avait perdu la mémoire. Qu'il ne se souvenait de rien.

Il avait besoin de le voir pour le croire.

Lazare Hautvent
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Francis de Saint-Cloud :: DONE EmptyLun 31 Juil - 20:05
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Charles De France
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Francis de Saint-Cloud :: DONE EmptyMar 1 Aoû - 12:11
••• BIENVENUE PARMI NOUS


JE. Non je ne fangirliserai pas sur frafra la grenouille avec Charles, nah. MAIS TU SAIS CE QUE J'EN PENSES HEIN? Validéééééé!

Passons! Tu as passé le test d'entrée, faisant donc de toi un NOBLE HUMAIN, encore bravo!
Tu peux dés à présent aller recenser ton avatar, chercher des partenaires de rp et poster une fiches récapitulative de tes relations si cela te tente!

N'hésites pas, également, à apporter ta pierre à l'édifice d'Ex-Cathedra, nous fondons beaucoup d'espoir sur toi!
Profites de ta jolie couleur ♥
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