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Errances crépusculaire [Ft Inesis]InvitéInvité | Lun 17 Juil - 15:29 Les rues du centre ville demeuraient bondées de jour comme de nuit. Elles étaient bien trop connues pour être ignorées, et restaient toujours le lieu favori des marchands, pour pouvoir y étendre leurs étals. Mais toute cette foule était étouffante, en plus de ce soleil qui lui brûlait la peau. Elle avait parfois même l'impression que la chaleur pénétrait sa chair. Il n'y avait pas d'autre choix que de se draper dans l'obscurité des rues les plus reculées et les moins fréquentées de la capitale. D'un côté, ce n'était pas pour lui déplaire. Sa condition lui était bien désavantageuse, en plus d’impliquer un grand risque de faire du mal à autrui. Et puis, Kéziah s'était habituée à demeurer dans le calme et à apprécier les moments de silence, bien qu'elle se sentait seule depuis qu'elle avait été forcée de se séparer de son père.
Elle n'avait plus qu’à attendre le crépuscule. En fin de journée, il y avait toujours foule, mais cela était bien plus aisé à supporter que de marcher sous le soleil. Kéziah profitait de ces moments pour demander aux passants de quoi manger, parfois même aux marchands. Elle était souvent balayée d’un grand signe de main, comme si l'autre tentait de chasser un insecte nuisible, mais elle s'y était faite, se contentant de passer à la personne suivante. La jeune fille avait toujours cette peur au creux de l'estomac, celle de partir en vrille, d'avoir un moment d'absence au pire instant, devant tous ces gens qui ne désiraient que flâner dans les rues tranquilles. Heureusement, cela ne lui était encore jamais arrivé, et elle croisait les doigts pour que ça ne se produise jamais. Elle avait déjà eu du sang sur les mains et l'avait amèrement regretter. Et son père n’était plus là pour la maîtriser au cas où…
Enfin, le crépuscule. Moment clair obscur durant lequel le soleil décidait de s'écarter d'elle, durant lequel le ciel se montrait plus clément envers la créature qu'elle était. Elle sortit de sa cachette à pas feutrés, et s'engouffra doucement dans la foule. Elle avait appris à se faire discrète tant bien que mal, bien qu'elle gardait une certaine maladresse à certaines occasions. Comme à chaque fois qu'elle approchait des gens, elle se mit à demander à quelques passants de quoi se nourrir, prête à essuyer des refus pour passer à d'autres personnes. Elle s'arrêta devant quelques marchands de fruits et de légumes, tentant d’éveiller leur générosité, et tenta même avec une poissonnière. Au bout de ce bon nombre de refus, Kéziah choisit de déambuler à travers la rue, à la recherche d'autres âmes possiblement charitables. | | InvitéInvité | Mer 19 Juil - 22:56 Il avait envie de vomir. Inesis ne se sentait pas au mieux de sa forme et pourtant, en dépit de ses nausées, il ne se sentait pas spécialement fatigué. Étrange mélange que voici, et malgré tout, le jeune homme se demandait bien comment il pourrait occuper sa soirée par la suite. L’Ouroboros était ‘endormi’, prenant du repos après sa précédente apparition, lors de la mission fraîchement terminée à laquelle Inesis avait participé plus ou moins contre son gré. Lorsqu’il avait repris connaissance, un goût de fer lui avait agressé les papilles et il avait même recraché un morceau de chaire, probablement ayant appartenu à l’une des malheureuses victimes de son ‘pouvoir’ si obscur à sa façon.
Quoi que… le terme malheureuses victimes était probablement mal choisi étant donné qu’il s’agissait cette fois-ci d’un petit groupe de lycanthropes – dont il ne restait plus grand-chose, présentement. Ils méritaient de mourir, ils étaient des monstres, des charognes allant à l’encontre de Dieu et de ses préceptes. Les ennemis des hommes ne méritaient point de fouler cette terre ; c’était ce qu’Inesis avait bien retenu de son séjour au sein de l’Ordre ; organisation pseudo-mystique qui avait tant fait pour lui et sa sœur, fut un temps.
Sans doute le goût du sang lui avait passé l’envie de se sustenter de manière ‘normale’. Son estomac se refusait même à songer à manger les quelques provisions qu’il avait dans son sac, maigre récompense donné par un fermier dont avait émané l’ordre de mission précédemment cité. C’était toujours mieux que rien, et même si Inesis n’avait présentement pas faim, il se disait que, peut-être, cela lui serait utile pour plus tard. Peut-être. Car aucun doute sur le fait que le quignon de pain allait bien vite durcir d’ici demain matin s’il n’était pas rapidement consommé. En un sens, Inesis s’en voulait de faire la fine bouche de la sorte.
Mais puisque l’Ouroboros lui laissait un peu de répit, présentement, il partit marcher un peu dans les rues de Paris.
Il atterri bien vite vers le centre de la ville où l’agitation commençait à faner… ou au contraire à s’exalter ; il n’aurait su le dire avec précision. Son état de santé actuel brouillait un peu sa perception. Inesis avait honte de lui. Il était supposé être un chasseur de monstres, à la base ; et le voici en train de trembler pour un peu de sang sur la langue ? Quel pathétisme !
Il ne remarqua pas immédiatement que l’on venait de l’aborder. Reprenant pieds avec la réalité, le jeune homme se sentit stupide également. Il répondit aussi poliment que possible à la demoiselle. « Je… Je peux t’aider ? »
Il parlait un français correct bien que rudimentaire par endroit. Ce devrait être largement assez, cependant.
| | InvitéInvité | Dim 23 Juil - 21:23 La jeune fille continuait d'avancer silencieusement parmi les passants, s’approchant de ceux qui étaient à portée de sa voix. Elle n'avait pas tendance à l'élever, elle était de nature calme, mais s'efforçait de faire preuve de plus de présence en s'adressant aux gens autour. Parmi la foule, elle aperçut un jeune homme, qui marchait seul. Elle haussa les épaules puis s’avança vers lui ; qui ne tente rien n'a rien, et puis, il avait l'air seul, peut-être sa voix porterait-elle plus que si elle s'adressait à un groupe de plusieurs individus. Elle arriva bien vite à sa hauteur, puis, prête à recevoir un nouveau refus, s'arma d'un sourire :
-Excuse moi ?
Elle en avait vu certains la rejeter d'un mouvement de la main, d'autres l'ignorer complètement et continuer leur chemin comme si rien était. Heureusement, ce ne fut pas le cas, car il répondit à son interpellation. Mais plutôt que d'un tel comportement, ce qui la frappa, c’était son visage d'une pâleur qui paraissait un peu maladive. Cependant, elle ne le fit pas remarquer, préférant se focaliser sur la raison de sa venue, à savoir cette faim et cette soif qui la conduisaient à l’épuisement, depuis un moment déjà. Il lui demandait s'il pouvait l'aider. À sa question, elle y répondit en hochant la tête, sans se départir de son sourire.
-Je suis affamée, et je n'ai pas de quoi manger…
Cela ne lui plaisait pas vraiment de demander ainsi des services aux autres. Jusqu'à la seconde attaque de l'Ordre, elle avait pu jouir de la protection de son père, qui avait les moyens de survenir à leurs besoins. À cause de sa nature pour le moins monstrueuse, Kéziah n’était jamais parvenue à faire un vrai pas vers quelqu'un d'autre, et préférait se réfugier dans ses appartements plutôt que de faire face à autrui. Maintenant qu’elle était seule face au reste du monde, elle n'avait pas d'autres choix que de se montrer courageuse et d'ignorer qu'elle pouvait perdre pieds à tout moment. Et tout ça pour demander des services à des inconnus sans rien leur donner en retour.
-Aurais-tu quelque chose à me donner, s'il te plaît ? Je sais me contenter de peu...
Tout comme elle savait sourire sur commande, faire la sourde oreille et fermer les yeux sur l'horreur qu'elle était et de ce qui l’attendait dans quelques années, si quelqu’un ou un accident ne se charge pas de faire le travail avant son corps. Elle détestait ça. | | InvitéInvité | Lun 24 Juil - 23:43 Le cœur au bord des lèvres, Inesis du rassembler toute l’énergie dont il disposait pour pouvoir comprendre ce qu’il venait de se passer. Autour de lui, les ombres des passants se mouvaient encore et encore, sans le voir ; ni lui ni la demoiselle qui venait de lui adresser la parole. Elle avait une sorte d’aura d’irréel qu’il n’aurait su définir clairement. Et pourtant… paradoxalement, le jeune homme avait une impression de déjà vue, dans ce regard. Où et quand ? Il aurait été bien incapable de le définir clairement en revanche.
Il secoua la tête et mit un temps avant de comprendre ce qu’elle venait de lui demander. Ah, oui… A manger. Quelque chose pour se sustenter. Inesis sentit une migraine pointer le bout de son nez mais préféra stopper là ses réflexions qui n’étaient en réalité guère utile à l’avancée de sa situation. Il avait quelque chose à manger, oui, en effet. Il en avait même fait lui-même mention dans les limbes de son esprit il n’y avait pas si longtemps ! « Ah… Oui, attends, je dois avoir quelque chose, là… » Ouvrant la lanière du sac qui était en sa possession, Inesis plongea sa main dans les entrailles de tissu de ce dernier jusqu’à mettre la main sur ce qu’il recherchait. Le quignon de pain encore frais. L’extirpant du sac, il le tendit à la demoiselle. De toute manière, il ne comptait pas le manger –enfin, il ne s’en sentait pas vraiment capable, pour dire l’exacte vérité – et préférait qu’une personne dans le besoin en profite. « Tiens, je n’ai que ça, j’espère que ça pourra t’être au moins un peu utile… »
Il se sentait malgré tout assez désolé de ne pouvoir faire mieux. Mais lui non plus ne roulait pas sur l’or, après tout… « Dis, tu ne connaîtrai pas un endroit où je pourrais passer quelques heures ? » il n’avait pas les moyen de se payer une auberge de belle facture, mais qui sait, peut-être cette fille saurait le renseigner un peu mieux.
| | InvitéInvité | Sam 29 Juil - 21:19 Le jeune homme ne la rejeta pas comme elle avait pu l’imaginer avant. Il prit le temps de lui répondre, et prit aussi la peine de fouiller dans son sac. Ce genre de réaction n'arrivait que trop peu souvent, et Kéziah lui était reconnaissante, pour l'avoir prise en considération. Maintenant qu'elle le regardait de plus prés, il lui disait quelque chose, mais elle ne savait quoi. Elle en avait vu, des visages, à force d’errer dans les rues de la capitale, et même à force d'arpenter les terres environnantes. Ce n’était pas traverser la totalité de la France, certes, mais il y avait de quoi voir un grand nombre de personnes sans vraiment les regarder de près. Peut-être avait-elle du croiser cet inconnu auparavant, voilà tout. Pourtant, elle se sentait mal à l'aise, car les visages qui lui étaient un tant soi peu familiers ne se comptaient que sur les doigts.
Finalement, il sortit un morceau de pain. Il était petit, elle avait déjà mangé mieux au cours de sa vie, mais la jeune fille n’était pas du genre à faire des manières, quelle que soit la situation. Et encore moins dans la sienne, puisqu’elle n'avait pas avaler quelque chose de vraiment nourrissant depuis longtemps. Un morceau de pain, ça allait lui remplir la panse, elle pouvait en être sûre. Quand il lui tendit le quignon, elle le prit comme un présent précieux, trop heureuse d’avoir un petit quelque chose, pour une fois.
-Merci infiniment !
Elle n'avait rien pour le remercier en retour. À part peut être le malheur et la mort si son corps décidait de se déchaîner soudainement sans son accord. Voilà qui était réjouissant… La jeune fille retint un soupir, d'abord de peur que son interlocuteur ne l'interprète mal, mais aussi parce qu’une voix au fond d'elle lui répétait de s'efforcer de garder espoir. Elle croqua dans le morceau de pain, trop affamée pour attendre un peu d’être dans un coin plus tranquille pour manger, tout en se disant qu’il y avait bien peu de chances pour qu’elle se montre utile. Ou peut-être que si. Le jeune homme ne connaissait pas Paris comme sa poche, et lui demandait si elle connaissait un endroit où se reposer. Enfin, elle pouvait se rendre utile ! Pour une fois que l'occasion se présentait, elle n'allait pas la refuser ! A force d’errer ainsi, elle connaissait assez le centre ville pour y avoir repérer quelques endroits. Elle répondit positivement à sa question :
-Il y a l’hôtel populaire, il n'est pas loin d'ici.
Elle s’apprêtait à tout simplement lui indiquer le chemin et ensuite continuer le sien, mais à l'instant où elle allait le remercier une dernière fois avant de s'en aller, elle changea d’avis. Elle voulait tenter d'en savoir plus sur lui, sans exactement savoir pourquoi. Et même si c’était prendre un risque.
-Je peux t'y conduire si tu le souhaites !
Elle se maudissait déjà d’avoir pris cette décision. | | InvitéInvité | Mer 16 Aoû - 1:52 A voir l’enthousiasme de cette fille vis-à-vis du quignon de pain donné par Inesis, il en déduisit qu’elle non plus ne devait sans doute pas être en mesure de s’acheter correctement à manger tous les jours. Il aurait voulu pouvoir contribuer davantage à ce bonheur éphémère mais force était de constater qu’il n’était déjà plus en mesure de s’aider lui-même, alors aider les autres… Lorsqu’il entendit la demoiselle faire mention de l’hôtel populaire, son intérêt fut quelque peu éveillé. Le nom était-il fidèle à l’idée qu’il s’en faisait ? Car l’image populaire, dans son esprit, était assez attrayante pour sa modeste bourse qui ne pouvait se permettre des folies sans le regretter amèrement par la suite. « Si ce n’est pas très cher, je veux bien aller y jeter un coup d’œil, oui… »
Il parvint avec une force comme sortie d’Outre-Tombe à articuler une phrase. Mais ce n’était pas cela qui attirait le plus son attention, finalement. Non, c’était la jeune fille en elle-même. Mis à part le fait qu’elle paraissait tout de même très affable et prompte à lui venir en aide comme lui l’avait fait pour elle il y a très peu de temps, son visage lui disait quelque chose. Il l’avait déjà vu, une telle chevelure ne s’oublie que rarement, après tout. Mais, où ? Telle était la question.
Inesis avait beau chercher, rien ne lui revint. La fatigue et la contrariété qui le harassaient alors devaient sans doute être un catalyseur suffisamment puissant pour brouiller une partie de sa mémoire. Tout irait mieux une fois qu’il serait bien reposé, il le savait bien. Encore fallait-il trouver un endroit où se reposer sans craindre de se faire dépouiller dans son sommeil et donc, par extension, de passer un mauvais moment loin d’être réparateur.
En tout état de cause, alors qu’il s’apprêtait à suivre la demoiselle, il préféra ne plus se triturer les méninges et demander directement à la concernée ce qu’il en était, au sujet de cet état de ‘déjà-vu’. « Euh… Excuses-moi, je sais que ça paraît un peu cavalier mais… On ne se serait pas déjà vu quelque part, toi et moi ? » Il espérait simplement que cette question ne la ferait pas fuir. Ce n’était en rien une tentative de séduction ratée sur toute la ligne, mais bel et bien une requête motivée par le simple fait d’avoir un nom, une situation sur le bout de la langue et d’être incapable de l’extirper totalement de son crâne.
Autant rentrer immédiatement dans le vif du sujet, c’était une technique comme une autre, après tout.
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