|
"Cogito ergo sum" ••• MostroInvitéInvité | Jeu 13 Juil - 10:46 Après la cahoteuse aventure qu’Inesis avait eu à traverser à Londres, au cœur de la crypte, il s’était juré de ne plus remettre les pieds où que ce soit en compagnie de cet autre sorcier complétement fou. Le moins que l’on puisse dire était qu’il ne lui avait laissé une très bonne impression de sa personne – et l’expatrié soupçonnait que ce n’était en rien son objectif de départ, en réalité.
Mais sa traque avait repris lorsqu’il avait aperçu une jeune femme vampire se sustenter à la gorge d’un pauvre malheureux. Et si Inesis n’avait pas pu sauver le pauvre homme, il savait au moins par où la monstrueuse chose s’était enfuie. C’était étrange, d’ailleurs, puisqu’elle obliquait régulièrement dans ses directions tout sauf naturelles. Sans doute essayait-elle de tromper le pisteur à ses trousses, mais Inesis n’avait pas dit son dernier mot. Car avant d’être devenu un sorcier par la force des choses, il avait été formé à devenir un chasseur hors pair, un pisteur aux sens aiguisés, un assistant de choix pour les sorciers que l’Ordre enverrait en mission.
Il utilisait donc tout le savoir dont il disposait pour continuer sa traque sans jamais perdre son objectif de vue : tuer cette engeance. C’était la meilleure chose à faire pour tous le monde ; elle comprit. On ne peut vivre heureux en étant une créature non humaine après tout ! C’était le fruit des leçons durement inculquées au sein des couloirs secrets sous le sol de l’Italie, après tout. Et puis, peut-être qu’avec une mince chance, cette vampire saurait le renseigner sur sa proie à lui ; ce vampire qui avait tué sa sœur. Yula.
Inesis serra le poing, parvenant jusqu’à un immense cimetière de bateau. Hormis le son des vaguelettes venant mourir ici également, il n’y avait pas un son susceptible de faire penser à quelque chose de ‘vivant’. La légère brume donnait un air étrange à l’endroit. « Où est-ce qu’elle peut bien être… » « Elle a filé, imbécile ! Probablement dans la mer, un vampire ne peut pas se noyer après tout. J’aurai du prendre possession de ton corps, nous aurions été bien plus vite ainsi ! ». Soupir. La voix de l’Ouroboros, pleine de reproches, continuait de se déverser dans l’enceinte de sa tête. Heureusement qu’il n’y avait personne ici-bas, au final car voir Inesis agir aussi étrangement aurait sans doute suffit à l’envoyer chez les fous. Même si au fond, il l’était presque, lui aussi. Être seul capable d’entendre cette voix-là avait des airs de cauchemars.
Puis, il crut percevoir un son. « Qui va là ?! » Mais peut-être était-ce son imagination, encore une fois…
| | Mostro♕ • Hybride Lycan • ♕ Messages : 56 Âge du personnage : 22 ans
Mémoire de vieRace: InfantMétier/Rang: Loup errantStatut amoureux: Célibataire | Lun 24 Juil - 11:11 En dépit de la discrétion allouée à ceux de sa race, quelque chose avait trahie son approche furtive dans le dos de son poursuivant du moment, changé en victime potentielle. Ce petit semblait bien plus entraîné qu’il ne le laissait penser aux premiers abords. Alicia pesta entre ses dents serrées, encadrées par deux canines plus longues que la moyenne. Qui que soit cet importun, elle allait lui régler son compte. Ce serait son erreur pour l’avoir suivie jusqu’ici. Silencieuse comme la mort elle-même, la jeune femme jaillit des ténèbres qui avaient dissimulé sa présence jusqu’alors pour converger droit sur sa victime. Surprise dans un premier temps de constater que son adversaire parvenait à contenir ses assauts, même dans un combat au corps-à-corps, Alicia vit ses soupçons se confirmer : ce n’était pas la chance qui avait permis à ce petit morveux de repérer son approche. Il ne s’agissait pas là d’un vulgaire représentant des forces de l’ordre. Ce petit était entraîné dans ce but. Intéressant. Mais pas suffisant. D’un mouvement de bras, elle fit reculer son adversaire, profitant de cette distance pour se saisir d’une poutre qui gisait au sol, inerte. L’instant d’après, elle frappait sa victime avec, l’envoyant valdinguer plus loin. Au son que fit le corps en touchant l’eau, brisant son fragile équilibre horizontal de par sa chute, la vampire comprit où le coup l’avait envoyé. Si le malheureux ne savait pas nager, il allait couler comme une pierre. La mer pouvait se révéler extrêmement traîtresse une fois la nuit tombée.
Absorbée dans sa contemplation, Alicia entendit au dernier moment le son étouffé des coussinets battant la chaussée. Elle eut tout juste le temps de se retourner pour tomber nez à nez avec une gueule béante. Seuls ses réflexes vampiriques lui évitèrent une gorge déchiquetée par les crocs furieux du nouvel assaillant qui venait de s’inviter dans ce petit duel. Epargnant miraculeusement sa gorge, les crocs du loup blanc vinrent s’enfoncer profondément dans son épaule, à présent à découvert. La jeune femme grimaça de douleur avant de profiter de l’élan donné par son adversaire pour l’envoyer s’écraser un peu plus loin d’un coup bien placé dans les côtes. Au glapissement de douleur qui s’échappa des babines du loup, un sourire cruel vint s’établir sur les lèvres de la vampire : elle avait visé juste et son adversaire semblait posséder un point faible, précisément à cet endroit. Elle ne se retourna pas au bruit que fit le loup en allant s’écraser parmi une pile de vieilles caisses en bois. Probablement que celui-ci se chargerait de le blesser dans sa chute, passant la barrière toute relative qu’offrait le pelage souillé, performant la chair jusqu’à répandre ce sang si alléchant sur le sol… Un violent frisson la secoua. Quel gâchis cela représentait à ses yeux… !
« Un humain et un lycan qui s’allient… Où va le monde ? »
Dans sa prétention, Alicia choisit d’ignorer ce que son odorat lui avait pourtant rapporté : l’odeur qui émanait de ces deux-là n’était pas simplement celle attribué d’ordinaire à chacune de leurs races respectives. Pour une étrange raison, ils ne semblaient pas réellement appartenir à chacune de ces cases raciales. Cependant, elle ne s’en préoccupait pas sérieusement et remit sa chevelure en place d’un mouvement gracieux du poignet. Alors qu’elle s’apprêtait à tourner les talons, abandonnant là ses adversaires battus, du mouvement en provenance des caisses la fit arquer un sourcil. Le louveteau bougeait encore ?
« Tu n’iras nulle part démon… »
« Et dire que j’allais t’épargner en dépit de cette vilaine blessure que tu m’as infligée… Tu viens de gâcher ta chance et ta vie par la même occasion. »
| | InvitéInvité | Lun 24 Juil - 22:49 Il avait fait erreur et l’instant suivant, Inesis combien il avait été bête de relâcher sa garde ne serait-ce qu’un instant. Son bras droit lui faisait atrocement mal en dépit de sa chute dans l’eau salée. Quelques secondes assommé, le jeune homme reprit constance en sentant que ses poumons avaient grand besoin d’oxygène. Ne pouvant se servir de ses deux bras pour le moment, il revint vers la place en n’usant que le bras gauche et ce ne fut non sans galère qu’il parvint à s’étaler sur le sable fin de cette plage aux allures de cimetière. Se redressant sur ses genoux, son premier réflexe fut de vérifier l’état de son membre malmené. « …Cassé ? »
Ce fut une voix lugubre qui lui répondit, dans les tréfonds de son esprit. « Non, imbécile ! Je t’ai protégé suffisamment pour ne pas que l’os se rompe. Mais il va te falloir grandement ménager ce bras pour les prochains jours, voir les prochaines semaines. Regarde, il ne va pas tarder à bleuir ! » Le jeune homme soupira. Un frisson l’arracha à sa contemplation et il rabattit sa manche trempée sur sa blessure. Ce qu’il vit le stupéfia. Un lycan était aux prises avec sa cible.
C’était insensé… Les créatures du malin n’étaient-elles guère supposées s’allier contre l’homme, seul victime de l’histoire ? Inesis ne comprit pas ce qui se déroulait devant ses yeux mais il décida d’agir malgré tout. Ne souhaitant pas faire intervenir l’Ouroboros du fait de son bras, il se contenta de plonger sa main valide dans son dos. Là, il délia les cordelettes de cuir qui maintenait fermement une petite sphère de couleur bordeaux. Il n’attendit guère pour la lancer en direction de sa cible primaire. Il aviserait ensuite.
« Tu me diras des nouvelles de ma luciole rouge, catin ! » Le rouge aux joues d’avoir employé une insulte, Inesis réagissait malgré tout fasse à la douleur ressenti. Son bras lui faisait vraiment un mal de chien. Cette luciole rouge, dans le meilleur des cas, parviendrait à brûler suffisamment la vampire pour la clouer sur place de douleur. Ne manquerait plus qu’à l’achever par la suite. Dans le pire des cas… L’aveugler serait aussi une bonne solution. Et tant pis pour le lycan à côté. S’il ne fermait pas les yeux au bon moment, il risquait d’en pâtir lui aussi ; mais le sorcier n’avait guère le temps de penser aux dommages collatéraux. Il devait en finir au plus vite pour contenir l’Ouroboros et ne pas risquer de faire d’avantage de victimes innocentes. Déjà, des craquelures apparaissait sur la luciole.
| | Mostro♕ • Hybride Lycan • ♕ Messages : 56 Âge du personnage : 22 ans
Mémoire de vieRace: InfantMétier/Rang: Loup errantStatut amoureux: Célibataire | Mar 25 Juil - 17:03 Ignorer la douleur. Repartir à l’attaque. Voilà ce pourquoi on l’avait entraîné. Ce n’était pas maintenant qu’il devait faiblir. Pas devant cette chose. Par chance, il ne s’agissait pas d’un lycan, sinon les doutes auraient assailli son esprit de plus belle. Pour l’heure, Mostro s’ébroua pour remettre de l’ordre dans ses idées avant de fixer sa cible, déterminé comme jamais. Le loup blanc s’élança d’un coup, bien que prendre son adversaire par surprise n’apparaissait plus comme une possibilité envisageable. Moment que choisit l’humain pour intervenir à son tour, rappelant son existence dans un affrontement qui avait pris des allures de duel. Sans même se concerter, comme de vieux partenaires de mission, ils venaient de lancer une attaque simultanée sur deux fronts, espérant peut-être prendre leur ennemi commun en tenailles. Alicia eut un sourire désarmant pour le loup blanc qui lui sautait à la gorge une fois de plus. Qu’avait-elle en tête ? Comment pouvait-elle sourire dans une situation pareille alors que ses chances de survie venaient de fondre brutalement comme sa chair à la lueur de la luciole rouge ?
L’Infant eut bientôt la réponse : jouissant d’une vitesse à peine réduite par sa blessure à l’épaule, la jeune femme esquiva la seconde attaque sans mal, avant d’attraper la patte arrière droite de son assaillant. Dans un glapissement de surprise, Mostro se vit pivoter sur lui-même. En effet, la vampire se servit de lui pour repousser la luciole rouge, celle-ci rebondissant sur le pelage jadis blanc avant de crever la surface de l’eau dans un bruit bien caractéristique, coulant comme une pierre. Si explosion de lumière il devait y avoir, ce serait dans les abysses. Sans même en avoir conscience, Alicia venait d’effectuer un magnifique home run. Cependant, elle ne s’arrêta pas là. Emportée par l’élan qu’elle avait pris en pivotant sur elle-même et le poids de son second assaillant neutralisé dans l’action, la jeune femme l’envoya une nouvelle fois valdinguer pour percuter l’humain de plein fouet. Puisque ces deux-là avaient visiblement l’intention de lui faire la peau à l’unisson, qu’ils aillent donc couler ensemble.
Le choc fut si brutal, qu’elle doutait au fond devoir se battre de nouveau. Ce fut avec un large sourire satisfaire qu’Alicia tourna les talons, pour de bon cette fois. Bien que sa rencontre inopinée avec le visage de l’humain réveilla les douleurs qui subsistaient à travers son corps, le contact sec et gelé de l’eau empêcha Mostro de sombrer comme une pierre, à l’image de la luciole rouge malchanceuse. Mu par l’instinct, le loup blanc remua les pattes pour crever la surface d’abord puis pour maintenir la tête hors de l’eau. Il chercha son complice improvisé du regard, juste à temps pour le voir disparaître entre deux vagues provoquées par sa chute. L’Infant ne réfléchit pas et se rapprocha de l’humain pour attraper son vêtement entre ses crocs, le tirant vers la berge. Ce ne fut qu’une fois l’autre à moitié hors de l’eau, suffisamment en tout cas pour ne pas risquer de replonger de suite, que Mostro s’autorisa une pause. L’odeur de la vampire s’était évaporée, tout comme celle de son parfum. Ils ne risquaient rien pour le moment et il ressentit le contrecoup des premières courbatures.
Les minutes s’écoulèrent. Et l’humain ne bougeait toujours pas. S’était-il noyé ? Non, Mostro était certain de l’avoir récupéré avant que l’autre ne soit complètement submergé. D’un autre côté, sous cette forme, il pouvait difficilement s’assurer de transporter correctement un autre corps, seulement le ramener sur la berge. Soudain inquiet que l’état d’Inesis – dont il avait reconnu l’odeur – ne soit plus grave qu’il ne se l’était imaginé, le loup blanc chouina et s’approcha pour le pousser légèrement de sa truffe humide. La surprise puis la joie de l’avoir retrouvé ici cédèrent la place à une vive inquiétude, celle-ci subtilisant toute prudence à l’encontre du sorcier.
« Inesis ! Dis-moi quelque chose… »
Dans son inquiétude, l’Infant n’imagina pas un seul instant la ou les vives réactions que sa vision de lui sous sa forme lupine pourrait susciter chez son collègue. Après tout, ils appartenaient tous les deux à l’Ordre, ce qui faisait naturellement d’eux des alliés. Non ?
| | InvitéInvité | Lun 31 Juil - 18:49 Il ne s’était absolument pas attendu à ce genre de chose, à cette réplique tout droit sortie d’une intelligence plus que supérieure. Inesis eut tout juste le temps de déglutir que, déjà, le loup blanc lui était envoyé dessus comme s’il ne s’agissait que d’un vulgaire projectile. L’eau le recueilli une fois encore dans ses bras impalpables, aqueux, pour mieux l’endormir, cette fois. L’expatrié n’entendait plus rien, ne voyait plus rien, ne respirait plus. Ce n’était plus qu’un rideau sombre qui lui était lancé dessus, un rideau aussi lourd qu’aurait pu l’être une chape de plomb froid. L’Ouroboros ne se faisait pas entendre, peut-être avait-il été assommé, lui aussi ? Tout semblait n’être plus qu’un nuage d’obscurité tout autour du jeune homme.
Et puis, soudain, tout fut brisé autour de lui. La noirceur, lentement, se craquelait de part en part. Et un murmure s’invita entre les sillons de clarté perçant ce dôme tétanisant. Inesis, Inesis… Une voix comme parvenue de l’au-delà, de l’autre monde. Une voix un peu caverneuse mais qui parvenait à garder le jeune homme accroché à cette lumière auditive. Inesis, Inesis… Cette voix était connue du damoiseau, mais où ? Et quand ? Cela il n’aurait su le dire, en revanche. Ses paupières finirent par se rouvrir, au prix d’un effort qu’il n’aurait jamais deviné si conséquent. Sa tête lui tournait et sa vision fut trouble, les premiers temps ; les premiers instants. Il vit une masse proche de lui ; peut-être la voix qui l’avait sauvé puis remonté vers la conscience plus ou moins contrôlée ? « Gnh… »
Inesis souffla une fois, puis deux et trois. On lui avait appris à composer avec ce genre de symptômes, à l’Ordre. Il aurait préféré de loin que cela reste de la théorie, mais au moins il savait comment réagir, à présent. Son champ de vision devint plus précis, moins chaotique et il découvrit alors la silhouette épaisse … d’un lycan blanchâtre. Il était tout proche, juste là, sans doute pour le dévorer.
Le sang d’Inesis ne fut qu’un tour et il chercha immédiatement à s’éloigner de cette monstruosité ! « Aaaah ! » Mais en essayant de ramper en sens inverse, il en avait oublié son bras déjà fragilisé. La douleur lui lancinait les chaires, le faisait tomber misérablement sur le sable froid et spongieux. « N-N’approchez pas ! » chouina-t-il plus qu’il n’ordonna, le rendant encore plus pathétique qu’il ne l’était déjà. Et pourtant… Il connaissait la voix qui émanait du lycan, il en était sûr… Mais l’origine de cette dernière lui restait mystérieuse comme peu de fois cela avait été le cas.
| | Mostro♕ • Hybride Lycan • ♕ Messages : 56 Âge du personnage : 22 ans
Mémoire de vieRace: InfantMétier/Rang: Loup errantStatut amoureux: Célibataire | Mar 1 Aoû - 17:52 Le corps étendu devant lui demeurait sourd à ses appels. Etait-il mort noyé ? Non. De là où il se trouvait, Mostro pouvait apercevoir la poitrine du sorcier qui se levait et s’abaissait doucement, à un rythme régulier. Il vivait ! Alors pourquoi ne bronchait-il pas davantage ? Devait-il… passer sa langue râpeuse sur le visage de son compagnon d’infortune pour le tirer de sa léthargie ? Les babines du loup blanc se retroussèrent en une grimace de dégoût. Il avait assez bu de cette eau stagnante pour s’octroyer une nouvelle fois son goût immonde sur la langue. Mais si Inesis ne revenait pas à lui rapidement, il n’aurait plus tellement le choix… Alors que l’Infant envisageait plus que sérieusement d’avoir recours à cette méthode, le corps remua légèrement. Oreilles dressées, Mostro observait avec une certaine appréhension, le réveil de son collègue. Il prit conscience que, trop inquiété par l’état d’Inesis, il n’avait pas réfléchi à ce qu’il allait lui dire. S’excuser pour l’avoir gêné dans sa mission ? Se présenter à nouveau ? Comment justifier sa forme animale ? L’autre le reconnaîtrait-il seulement ? Quand les yeux du sorcier s’ouvrirent finalement, le loup blanc fit de son mieux pour ne pas paraître menaçant et laisser voir ses bonnes intentions dans son regard doré. Le hurlement qui s’échappa de la bouche d’Inesis lui fit aussi peur que la première vision du monde de ce dernier à son réveil et l’Infant recula maladroitement en arrière, en une série de mouvements grotesques avant de tomber sur son arrière train, la surprise s’atténuant peu à peu tout comme les battements de son cœur. Qu’est-ce qu’il lui prenait d’hurler de la sorte ?! Il avait failli avoir une crise cardiaque ! En guise de marque de réprobation, Mostro grogna, ce qui pouvait être interprété comme un signe agressif. Le loup blanc s’en rendit compte trop tard, alors qu’Inesis reculait de plus belle, visiblement déterminé à mettre le plus de distance entre eux, même si le spectacle était de loin pitoyable. Penaud, l’Infant n’osa plus bouger, conscient que l’autre ne le reconnaissait pas sous sa forme actuelle. Il tenta le tout pour le tout.
« Inesis ! C’est moi ! Mostro ! »
Peut-être avait-il surestimé la mémoire du sorcier ? Après tout, ils s’étaient connus en Italie pour faire tous les deux partie de l’Ordre et ensuite ? Leur relation pouvait difficilement porter le titre d’amitié, ils restaient des collègues. Inesis l’avait-il oublié ? Le loup blanc n’eut pas le loisir d’en avoir le cœur net : des voix retentissaient non loin, se faisant de plus en plus proches :
« Puisque j’te dis que j’ai entendu du bruit venant du port, m’étonnerais pas que ces gamins s’amusent encore dans les caisses… Woa ! C’est quoi ça ?! »
La terreur s’entendait parfaitement dans le timbre de la voix de l’homme sur ces derniers mots et Mostro tourna la tête vers eux. Ses oreilles se rabattirent sur son crâne tandis qu’il battait en retrait. Ces humains en avaient déjà que trop vu, ce serait un petit miracle en soi qu’ils croient à une hallucination du fait des rayons lunaires. Ce fut à regret qu’il abandonna le sorcier aux mains de ces inconnus, probablement plus aptes que lui à venir en aide à Inesis. Cependant, il ne pouvait pas prendre le risque de demeurer plus longtemps, au risque que les nouveaux venus se méprennent à son sujet comme le sorcier avant eux et se décident à prendre les armes pour le chasser. Défendre Inesis était une option. Blesser des humains pour y parvenir l’était beaucoup moins aux yeux de l’Infant.
« Ben ça ! Va falloir arrêter de j’ter nos ordures dans les rues, les chiens errants d’viennent aussi gros qu’des cochons ! Hé, vous allez bien Monsieur ? »
L’homme s’approcha d’Inesis avant de lui tendre la main pour l’aider à le relever. Puis, avisant la grimace de douleur lorsque le sorcier bougea son bras, l’inconnu prit les devants :
« Vous êtes blessé ? C’est cette bête qui vous a attaqué ? Pardi vous avez eu d’la chance d’vous en sortir avec un seul bras cassé ! Z’avez qu’à venir chez nous ! Ma femme va vous remettre ça en moins d’deux ! »
Tapis dans les ténèbres alentours, à l’abri des regards, Mostro observait la scène. Il émit un nouveau grondement irrité lorsque l’humain fit allusion à lui comme étant l’agresseur du sorcier. S’il ne pouvait pas approcher ce dernier pour le moment, le loup blanc se décida à les suivre discrètement, espérant qu’Inesis l’aurait reconnu. Mieux, qu’ils auraient une chance de discuter plus tranquillement dans les prochaines heures.
| | InvitéInvité | Mer 16 Aoû - 1:56 Mostro… Monstre, en italien. Pourquoi n’avait-il pas songé à cette éventualité plus tôt ? Ce loup qui connaissait son nom et avait décliné cette identité ne pouvait être qu’une seule personne. Il connaissait les visages de la plupart de ses collègues, mais moins leurs formes bestiales lorsque ces derniers n’étaient pas ‘tout à fait’ humains. En l’occurrence, la bête blanche n’avait rien suscité au cœur des souvenirs du jeune homme, jusqu’à l’apparition, dans l’équation invisible, de ce patronyme. Mostro… Mais oui ! Bien sûr qu’il le connaissait ! Dans les souvenirs d’Inesis statuait un garçon un peu plus âgé que lui et fervent défenseur des lois de l’Ordre quand bien même son sang était ‘souillé’ par une trace de non humanité. C’était d’autant plus admirable, aux yeux du désormais sorcier, qu’il aurait pu trahir la communauté et s’enfuir ; mais il n’en avait jamais rien fait.
« Mos… » Entama-t-il avant d’être interrompu par l’arrivée de badauds ignorants tout le de la présente situation. Inesis se mordit la langue de contrariété. Pourtant, il devait jouer le jeu de l’innocence ; il fallait protéger le monde de l’existence des créatures de la Nuit ; quand bien même elles pouvaient parfois se révéler être nos alliés. Un frisson le parcouru alors, puis il se laissa relever par le premier des deux hommes qui l’avait interpellé. « Merci, vous êtes bien aimable… Moi non plus je n’avais jamais vu de chien de cette taille, c’est impressionnant, ahahah ! » « Tu joues très mal la comédie, Inesis. » gronda alors la voix de l’Ouroboros dans les limbes de son esprit. « Oui, je suis toujours là, au cas où tu te serais posé la question. J’étais simplement un peu sonné, mais ça va mieux. »
Il n’ajouta rien de plus et Inesis, bien qu’ayant de nouveau une boule dans la gorge, se laissa conduire chez les affables personnes s’étant proposées pour l’aider avec son bras en piteux état. Sans dire qu’il fut guérit dans la seconde qui suivie, Inesis put au moins remercier l’épouse de son ‘sauveur’ pour l’attelle de fortune qu’elle lui avait confectionnée, ainsi que l’onguent passée comme une pommade sur son bras en très mauvais état. Les hématomes ne disparaîtraient certainement pas en quelques jours ; il faudrait probablement des semaines avant que tout ne puisse de nouveau fonctionner correctement. C’était une catastrophe. Mais au moins, l’os n’était pas brisé, ce qui était une excellente nouvelle. L’immobilisation serait tout de même moins longue que s’il y avait eu une fracture à traiter.
Invité à souper avec ses bienfaiteurs, Inesis ne se sentit pas le cœur de refuser. Etant un voyageur, il avait énormément de choses à raconter et put donc animer le repas avec des anecdotes choisies en fonction de leurs degrés de dangerosité. Inesis ne raconterait jamais quelque chose sur les lycans ou les vampires ; ou alors il masquerait le tout en habit de légende grotesque, afin de paraître le plus crédible possible.
La soirée passée, Inesis prétendit avoir besoin de prendre un peu l’air et qu’il serait bientôt de retour. Sortant donc de la maisonnée, il marcha pendant quelques minutes, jusqu’à atteindre un endroit désert de vie humaine, boisé et ténébreux par cette nuit sans lune. Puis, une fois s’être bien assuré qu’il n’avait pas été suivi, Inesis se détendit vaguement ; un peu. « Je me doute que tu n’es pas loin, Mostro. Tu peux sortir, je n’ai pas été suivi. » « C’est cela, vient près de moi, petit Mostro, que je te libère de ton fardeau héhéhéhé. » Le rire fantôme de l’Ouroboros, bloqué dans le crâne d’Inesis, lui fit revoir un peu ses dernières paroles. « Mais ne t’approche pas de trop non plus… »
Il ne souhaitait en aucun cas le vexer. Simplement le protéger de ce pouvoir dément.
| | Mostro♕ • Hybride Lycan • ♕ Messages : 56 Âge du personnage : 22 ans
Mémoire de vieRace: InfantMétier/Rang: Loup errantStatut amoureux: Célibataire | Sam 26 Aoû - 22:39 Comme il l’avait pressenti, l’humain invita le sorcier chez lui, sans se douter un seul instant de la réelle nature de ce dernier bien entendu. Un couinement dépité s’échappa des babines du loup blanc, contraint à demeurer dehors dans ce qui lui parut être une éternité. L’inquiétude qu’il avait ressentie pour Inesis s’était envolée à l’instant où il comprit que l’autre serait à présent entre de bonnes mains mais l’impatience de pouvoir discuter avec lui, eux qui combattaient sous le même Ordre – et peut-être trouver une solution pour contrer son apparence actuelle qui sait ? – prévalait sur la prudence exigée dans une situation pareille. Mostro patienta cependant à l’extérieur, se demandant combien de temps s’était écoulé depuis qu’il avait vu son collègue disparaître à l’intérieur ? Inesis s’était-il trahi ? Ses blessures étaient-elles plus graves que ce qu’il avait cru au premier coup d’œil ? Les questions se bousculèrent dans la tête du loup blanc, qui songea à plusieurs reprises de tirer l’autre de là. Malheureusement, il s’était déjà fait trop remarquer auprès de simples habitants ignorants de ce qui se tramait dans l’ombre et l’Ordre ne lui pardonnerait pas une nouvelle erreur. Parce que les informations leur parvenaient toujours quoiqu’il advienne. Mostro réprima un frisson quand du mouvement en provenance de la modeste habitation paraissant tenir debout par miracle, attira subitement son attention. Ses oreilles se dressèrent et un reniflement lui suffit pour reconnaître le sorcier, ou plutôt sa silhouette qui s’éclipsait. Il ne fut pas long à lui emboîter le pas, constatant que l’autre prenait la direction d’un sous-bois, chose étonnante quand on savait que la ville n’était pas si loin que ça derrière eux.
En son for intérieur, l’Infant trouva étrange de suivre ainsi furtivement et à distance un individu qu’il considérait comme un allié. Ne pouvait-il pas simplement bondir en travers de son chemin ? Courir vers lui avant de lui sauter au visage pour le lui lécher ? Non, simplement trop de familiarité envers quelqu’un qui n’était qu’un lointain collègue avec qui il avait eu l’occasion de discuter par le passé, rien de plus. Sans doute son instinct animal commençait à prendre le dessus sur sa personnalité humaine. Un constat qui le terrorisa, lui rappelant l’urgence de reprendre sa véritable forme au risque de… redevenir sauvage ? Une nouvelle cible à abattre pour l’Ordre et ses anciens collègues comme Inesis ? A moins qu’il ne soit tout simplement en manque de compagnie depuis tout ce temps passé à errer en solitaire ? Mostro fit claquer ses crocs pour chasser ces sombres pensées de son esprit. Il avait été entraîné pour cela. Il ne devait pas être effrayé ou fragilisé par cette mission en solo qui s’éternisait. Et puis, il avait retrouvé un allié, pourquoi se montrer pessimiste dans ce cas ? Progressant toujours de manière instinctive, le loup blanc sortit de ses réflexions lorsqu’un timbre familier résonna à ses oreilles. D’abord heureux que le sorcier l’autorise à approcher, Mostro déchanta bien vite quand il capta les dernières paroles lancées à son encontre. Le visage horrifié d’Inesis au moment d’ouvrir les yeux pour l’apercevoir lui revint brutalement en mémoire, assombrissant la joie des retrouvailles. Tête basse et regard fuyant, l’Infant sortit d’entre deux buissons pour se révéler à l’autre, cette fois à bonne distance pour ne pas l’effrayer davantage. Un ange parut passer entre eux.
« Je tenais à m’excuser… C’est à cause de moi si cette chose s’est échappée… »
Sans compter que le sorcier aurait pu se noyer, assommé comme il l’avait été lorsque le loup lui avait atterri dessus. Non vraiment, ils formaient un duo bien pitoyable sur ce coup. L’odeur d’Inesis lui emplit le museau. L’Infant reconnut celle de l’Homme mais également autre chose, un mélange entre la terre humide et une légère odeur de moisissure semblable à celle que l’on pourrait constater dans un caveau scellé depuis des années. L’origine des pouvoirs de son collègue ? Bien malgré lui, Mostro s’agita. Cette chose le rendait nerveux. Ou plutôt, son instinct lui recommandait de tenir ses distances, rendu prudent par l’incapacité de la partie humaine à définir précisément ce qui constituait l’essence du sorcier. Sans doute Inesis n’aurait-il pas eu besoin de lui ordonner de rester à distance en fin de comptes…
« Je ne voulais pas t’effrayer… Si je le pouvais, j’aurais repris ma forme humaine pour ne pas t’imposer ça… »
Et par ça, il entendait sa forme lupine. Tout comme Inesis devait garder le secret sur la nature de la chose l’accompagnant dans ses missions, l’Infant n’avait pas révélé son sang mêlé au premier venu. Mais il ne voulait pas non plus s’apitoyer sur son sort jusqu’à ce que l’autre le prenne en pitié, aussi, poursuivit-il :
« Es-tu en mission toi aussi ? J’ignorais qu’ils t’avaient envoyé en Angleterre… »
Bien qu’il mourait d’envie d’aborder le sujet qui lui tenait à cœur, Mostro jugea préférable de changer de sujet. Son collègue avait certainement d’autres problèmes à régler, plus importants, comme celui de cette femme. Peut-être était-ce même la raison de la présence du sorcier sur le sol anglais ? Un horrible pressentiment lui traversa alors l'esprit. Et si on l'avait envoyé pour le récupérer lui ? Faute de revenir une fois sa propre mission accomplie, l'Ordre était-il devenu soupçonneux à son sujet ? Le loup blanc sentit très nettement les battements de son cœur s'affoler au creux de sa poitrine. Il lui apparut soudain ne plus vraiment désirer entendre la réponse de son interlocuteur.
| | InvitéInvité | Mar 5 Sep - 14:21 S’il eut tout de même l’envie fugace de se reculer encore un peu à l’approche de la bête blanche, Inesis n’en fit rien, finalement. Il se devait de dompter sa peur et ses faiblesses. Mostro était un allié, après tout ! Tout comme Inesis, il avait été élevé par l’Ordre et ce point commun les mettait d’office dans le même camp, n’est-ce pas ? « En es-tu certain, de cela, Inesis ? Ne crois-tu pas que Mostro puisse un jour retourner sa veste, lui qui n’est pas tout à fait humain, à la différence de ta personne ? Et puis, le problème se pose aussi à l’inverse. Après tout, toi qui a fuis lâchement après la mort de Yula sans en avertir personne… Es-tu vraiment en mesure de déclarer que tu fais toujours partie de l’Ordre ? Que tu n’es pas une menace pour Mostro, désormais ? Oh, imagine un peu si l’Ordre avait décidé de faire en sorte que Mostro vienne t’abattre ! Ne serait-ce pas excitant comme tout ? » Ces paroles, escortées d’un rire lugubre, déplurent fortement à Inesis qui serra les dents, seule chose qu’il pouvait faire en l’instant.
Il écouta ensuite les dires de son camarade d’infortune, plusieurs questions se bousculant dans sa tête au même moment. Inspirant puis expirant, l’expatrié fini lui aussi par délié les lèvres. « Je…C’est une très longue histoire, en fait. Je n’ai pas d’ordre de mission officiel pour être ici, pour tout dire mais l’Ordre n’y est pour rien… » A mi- mots, il avait l’impression d’avouer une trahison, ou quelque chose de bien similaire. C’était extrêmement désagréable à supporter, d’ailleurs. Il racla le fond de sa gorge. « Je crois qu’en réalité, c’est plutôt moi qui t’ai gêné que l’inverse… Elle s’est servi de moi pour te déstabiliser, j’ai l’impression, donc… » « Mais que tu es agaçant, à la fin, Inesis ! Tu n’es coupable de rien pour une fois, c’est lui, cette créature, qui a tout fait rater ! Toi tu es humain, tu n’as rien à te reprocher. Les créatures sont toujours fautives de tout, rappelles toi, rappelles toi de celui qui se nourrissait de vous, de Yula et de toi… »
Un frisson remonta l’échine d’Inesis alors qu’il luttait pour ne pas laisser échapper des larmes amères sur ses joues. Yula, sa chère et tendre Yula. Il ne reverrait plus jamais sa jumelle, c’était trop tard maintenant. Il avait été bien trop négligent et voici quel était sa récompense pour un tel manque de réactivité. Mais d’ailleurs… Il ne se souvenait pas qu’un jour le pouvoir de Yula ait clairement été expliqué à tous les membres de l’Ordre. Et si Mostro en ignorait tout ? Un jour, un camarade avait bien demandé, persuadé de son fait, si Inesis et Yula partageait le même don ; ce qui était faux. Mais on aurait pu le penser. Si c’est arrivé une fois, pourquoi pas une autre ?
« Mostro… Tu es au courant, pour Yula ? » Il cherchait à savoir jusqu’où s’étendait sa marge de manœuvre, pour tout dire. Mais une autre question vint supplanter toutes les autres, sitôt qu’il se rendit compte d’une chose sans doute insignifiante pour la majorité des humains ; mais pas pour lui. « Mais… Attends une minute, ce n’est pas la pleine lune, ce soir… Alors… Mais… Pourquoi as-tu cette forme depuis tout ce temps ? Et comment peux-tu parler ?! » Beaucoup d’incohérences qu’il n’avait pas relevé jusque-là se faisaient pressentes désormais. Il avait l’impression d’avoir tout raté lui aussi. Son manque d’attention ne s’était apparemment pas évaporé avec le décès de sa tendre jumelle.
| | Mostro♕ • Hybride Lycan • ♕ Messages : 56 Âge du personnage : 22 ans
Mémoire de vieRace: InfantMétier/Rang: Loup errantStatut amoureux: Célibataire | Mer 6 Sep - 17:30 D’aussi loin que remontaient ses souvenirs du personnage, Inesis n’avait jamais été quelqu’un imbu de sa personne, affichant ouvertement sa confiance en lui-même. En un sens, ils avaient plus de points communs que l’un ou l’autre ne l’aurait jamais admis de vive voix. Et c’était également la raison pour laquelle l’Infant appréciait l’humain. L’envier pour sa nature entièrement humaine ne lui était jamais venu à l’esprit, sans doute parce qu’Inesis lui ressemblait. Pourtant, malgré le portrait que Mostro dressait du sorcier, il ne put s’empêcher d’être intrigué par l’attitude de ce dernier. Son instinct lui signifiait que quelque chose clochait mais il aurait été bien incapable de mettre la griffe dessus. Si l’Ordre ne l’avait pas envoyé à son tour en Angleterre alors le pire des scénarios qu’il s’était imaginé s’évaporait aussi rapidement qu’il avait surgi dans son esprit troublé, toutefois une question persistait : pourquoi Inesis se trouvait-il en Angleterre si ce n’était pour le compte de l’Ordre ? L’Infant fut brutalement tiré de ses réflexions quand son interlocuteur tint à s’excuser à son tour. Non vraiment, ils n’étaient pas si différents l’un de l’autre dans leur façon de faire. Le loup blanc s’empressa de le contredire, secouant sa tête de droite à gauche, ce qui eut pour effet de faire voler son épaisse fourrure autrefois blanche. Cependant, avant qu’il n’ait le temps de poser la question qui lui brûlait les lèvres, Inesis le devança.
« Yula ? »
Un souvenir s’imposa brusquement dans son esprit. Pas grand-chose à vrai dire, simplement un visage. Souriant et féminin. Oui, il se souvenait de la jumelle d’Inesis. Non pas qu’ils étaient particulièrement proches tous les trois, l’intéressée avait le don unique de lui donner une envie monstre d’aller se terrer dans un trou de souris avec ses taquineries. Mais elle était également présente pour leur témoigner un peu d’affection sincère, chose rare au sein de l’Ordre. Une attitude que l’Infant n’avait jamais réellement comprise, bien qu’une partie de lui ne la rejeta pas totalement. Mais pourquoi donc Inesis parlait-il de sa sœur jumelle ?
« Que s’est-il passé avec- »
Sa voix mourut dans sa gorge lorsqu’il croisa le regard du sorcier. Une ombre passage sur son visage, fournissant la réponse que le loup blanc avait demandé à tort. Il n’y avait plus besoin de mettre des mots sur ce qui s’était produit. Yula… Sous ses pattes, la terre parut tourner. En soi, c’était effectivement le cas mais cette sensation lui donna le vertige. Incapable de soutenir le regard de son interlocuteur plus longtemps, Mostro baissa la truffe en direction du sol. Etait-ce la raison pour laquelle il valait mieux ne jamais s’attacher à quiconque ? Cette douleur dans la poitrine en était-elle la cause ?
« Je suis désolé, je… j’ignorais que… »
Comme un écho à la tristesse qui l’étreignait, une pluie fine se mit à tomber sur les deux interlocuteurs qui se faisaient face. Le genre à gratifier que trop régulièrement les habitants du pays de ses douches légères. Mais en dépit de tout, elle ne tarderait pas à les tremper jusqu’aux os s’ils ne s’abritaient pas au plus vite. Sans lui laisser le temps d’encaisser la nouvelle, un flot de questions lui parvint. Sa gueule s’étira en une drôle de grimace, laquelle pouvait être un triste sourire :
« Je crois que tu n’es pas le seul à avoir une très longue histoire à raconter Inesis… »
Quittant sa position parallèle au sol, sa truffe se dirigea à présent vers le ciel, comme pour l’embraser tout entier et capter l’effluve de la moindre étoile, pourtant dissimulées par les nuages.
« On devrait se trouver un abri… Tu risquerais de tomber malade avec une pluie pareille… Je crois avoir aperçu un renfoncement rocheux un peu plus au Nord… »
Les falaises n’étant pas si éloignées de l’endroit où ils se trouvaient présentement, il n’était pas rare de découvrir des amas rocheux, formant ou non des abris providentiels pour les égarés le temps d’une nuit. Mostro se fit volontiers le guide du sorcier et ils purent trouver refuge comme convenu. Sauf que la surface ainsi protégée de la pluie n’était pas bien grande, il leur faudrait à tous les deux revoir la superficie de leur espace vital, tout d’un moins pour quelques malheureuses heures. Car un loup aussi pouvait tomber malade, bien que l’idée de demeurer sous la pluie pour permettre à Inesis de mieux s’abriter avait traversé l’esprit de l’Infant. Pour autant, ils parurent se mettre d’accord sur la nécessité de partager cet abri provisoire pour le moment et Mostro s’allongea aux côtés du garçon. Comme il était curieux de renouer avec la proximité d’un autre être vivant, familier de surcroît.
« L’Ordre m’a envoyé en mission ici il y a plusieurs mois déjà… On m’avait communiqué l’identité de ma cible, un vampire… Mais il s’est révélé plus fort que prévu… Ma seule chance consistait à recourir à une potion pour demeurer sous cette forme plus longtemps qu’une seule nuit… Je crois malheureusement que j’en ai trop absorbé… Et depuis, je suis bloqué sous cette forme… Incapable de rentrer en Italie… J’ai pensé… J’ai eu peur que l’Ordre croit à une tentative de fuite de ma part et t’ait envoyé pour me ramener ou… »
Connaissant tous deux les méthodes pour le moins radicale de l’organisation à laquelle le loup blanc faisait référence, il ne jugea pas nécessaire de finir sa phrase pour que l’autre comprenne à quoi il faisait allusion. Mostro déglutit avec difficultés. Il se savait ne pas être en position d’interroger son interlocuteur au sujet de Yula car remuer le couteau dans la plaie n’avait jamais été l’un de ses petits plaisirs de la vie mais…
« Depuis quand ? Yula, elle… »
| | InvitéInvité | Dim 1 Oct - 20:32 D’eux deux, Yula avait toujours été la plus souriante, la plus avenante, la plus sympathique et surtout la plus douée dans ses offices de sorcières. Inesis en avait parfois été un peu jaloux, il l’admettait. Surtout en prenant acte de l’horreur du pouvoir de l’Ouroboros, qui ne l’avait parasité que pour assouvir une vengeance malsaine. Comment diable avait bien pu faire Yula pour ne pas tourner folle avec cette entité dans son crâne, en permanence ? « Qui te dit que j’agissais de la même manière avec Yula qu’avec toi, bougre d’imbécile ? ». Frisson. Oui, il devait prendre ce facteur en compte, également. Il n’avait jamais su comment se comportait l’Ouroboros avec sa tendre jumelle. Peut-être que les deux étaient en totale harmonie ? Inesis aimait à le penser, le croire. Cela allégeait un tout petit peu sa conscience de se dire que Yula n’a pas eu à endurer totalement une vie sans répit. Mais là n’était plus la question désormais, car de répit, elle en avait un éternel, maintenant…
« Ce n’est rien, tu ne pouvais pas savoir, après tout… » Murmura le jeune homme, dans un souffle creux. Car dire que ce n’était pas pénible et douloureux pour lui d’évoquer sa moitié disparue aurait été mentir comme nul autre. Mais il se contint. Peu importe combien sa peine était profonde, elle ne lui ramènerait pas sa sœur, qu’il l’exprime ou non. Autant ne pas perdre de temps en batifolage inutile. « Et si tu me laissais trancher la tête de ce loup répugnant, dis-moi ? ». Inesis serra les dents, ne répondant rien. Non, il ne le laisserait pas faire. L’Ouroboros parut râler avant de se faire plus calme, plus silencieux. C’était en soit un comportement assez suspect venant de la créature étrange mais pour le moment, Inesis ne voulut pas perdre de temps en se concentrant dessus.
« Tu as raison, trouvons un abri le temps de raconter ce qu’il nous est arrivé… » C’était presque rassurant de pouvoir employer pareils mots. Après tout ce par quoi Inesis était passé dernièrement, avoir cette impression de familiarité lui mettait presque du baume au cœur. Ménageant donc son bras, il suivit Mostro jusqu’à un endroit plus propice à la discussion. Il fallut qu’ils se serrent tous les deux mais ce n’était pas gênant. En l’occurrence, Inesis n’était pas gêné par la précarité de l’endroit. Il n’avait jamais eu des goûts de luxe, après tout et se contentait de bien peu.
Il écouta ensuite attentivement le loup blanc parler de son vécu, de son ‘problème’ vis-à-vis de sa forme actuelle. Ah, oui, les sérums… Inesis en avait déjà entendu parler. Sans pour autant savoir ce que cela faisait avec exactitude, il avait maintenant la preuve concrète de la dangerosité de ces produits. Il se sentit peiné pour son camarade. Mais la pensée que ce dernier ait pu songer à ce qu’il soit venu pour l’éliminer le mit encore plus en peine. Les choses étaient ainsi… Et Inesis n’y pouvait rien. Après tout, l’Ordre avait déjà agi de la sorte alors au final, il n’y avait rien d’étonnant à ce que Mostro puisse se faire de telles idées.
Le sujet Yula revint sur le devant de la scène. Inesis ne voulait sincèrement pas ne parler, mais… Mais Yula appréciait Mostro, il le savait. De là à dire qu’ils étaient amis tous les trois aurait été beaucoup dire, mais ils avaient un lien, malgré tout. Et il devait respecter la mémoire de ce lien, si ténu soit-il. Alors, ramenant ses genoux contre lui et les entourant de ses bras, le sorcier laissa son regard parcourir le vide.
« Nous avions été envoyés en mission en France pour éliminer un lycan fou. Nous avons réussi mais cela nous a pris pas mal de temps. Durant ce laps laissé vacant, Yula a rencontré quelqu’un. Elle était… Très amoureuse de lui, et j’en étais heureux pour elle. Ma sœur avait le droit d’être heureuse, après tout ! Ce n’est pas comme si nous avions souvent l’occasion de l’être, après tout… » Il inspira et expira avant de poursuivre. « Un soir, elle m’a dit qu’elle voulait me le présenter et m’a demander de la rejoindre au sommet d’une petite colline, non loin. Elle n’a jamais rien voulu me dire sur lui mais je lui ai fait confiance et je suis partie vingt minutes après elle environ. J’ai suivi ses instructions, mais… » Sa voix trembla. « Mais quand je suis arrivé sur les lieux, il y avait cet individu, couvert du sang de Yula… Il avait du sang sur les lèvres aussi et son expression… Bref. Je suis certain que c’est lui qui a lâchement attaqué ma sœur alors qu’elle attendait celui qu’elle aimait. » Laissant quelques secondes flotter encore, il poursuivit « C’est pour cela que je suis ici et que je ne suis pas rentré. Je veux me venger de ce vampire, Mostro… Beaucoup de choses sont arrivées depuis le départ de Yula et… Je n’ai pas envie de rentrer comme si de rien n’était. Mais ce n’est pas pour toi que je suis là, tu comprends ? »
Laissant une main aller se perdre dans la fourrure de l’animal, il finit par oser laisser libre cours à sa curiosité. « Et pour ton… problème, il n’y a vraiment aucune solution ? » Il ne pouvait pas rester ainsi pour toujours après tout.
| | Mostro♕ • Hybride Lycan • ♕ Messages : 56 Âge du personnage : 22 ans
Mémoire de vieRace: InfantMétier/Rang: Loup errantStatut amoureux: Célibataire | Dim 15 Oct - 17:07 Etonnamment, son camarade d’infortune consentit à lui répondre. Mostro savait combien le sujet abordé serait douloureux, aussi, il n’aurait pas été vexé que l’autre refuse d’en parler. Le loup blanc le remercia intérieurement d’accepter de lui expliquer la situation. Yula… L’Infant n’avait jamais compris pourquoi elle s’obstinait à lui parler ou même à le mettre en garde avant de partir en mission. Sans qu’il ne sache ce que représentait un tel lien, Mostro avait fini par assimiler cette relation à celle que pouvait unir des amis ou plus, un frère et une sœur. Yula se comportait comme telle en tout cas, probablement parce qu’elle prenait avant tout soin de son frère jumeau. Pour lui qui cette affection perturbait, le loup blanc sentit un goût amer lui emplir la gueule, constatant que les choses prenaient de la valeur une fois qu’elles vous étaient arrachées. Conscient que le récit serait loin d’être agréable pour Inesis, l’Infant choisit volontairement de respecter le silence, l’écoutant jusqu’à la toute fin. Un frisson l’agita au moment du passage évoquant le meurtrier présumé. Ce n’était pas la peur ou même le dégoût qui l’animait mais la colère. Pourquoi fallait-il que ces créatures du démon peuplent leur monde ? La mission de l’Ordre consistant à toutes les éradiquer prenait un peu plus de sens dans son esprit formaté. Comment pardonner toutes ces atrocités ? Ces meurtres gratuits ? Sous prétexte que le sang humain leur permettait de rester en vie ? Ne pouvaient-ils pas se nourrir d’animaux ? Ou tout simplement disparaître de la surface de la Terre ?
Ce fut le contact de la main du sorcier dans son pelage qui le ramena au moment présent, lui arrachant même un sursaut qu’il regretta instantanément. Mostro était bien loin d’accepter son côté lupin et sa forme actuelle en faisait partie. Depuis qu’il s’était retrouvé bloqué sous celle-ci, il avait inconsciemment développé un comportement plus loup qu’humain. Un constat qui ne cessait de lui rappeler l’urgence de trouver une solution à sa situation actuelle. L’hygiène n’était pas le seul problème sur la liste et celle-ci risquait fortement de s’allonger avec le temps. Toutefois, un simple contact sur sa fourrure lui était étranger, puisqu’il avait choisi une errance en solitaire, faute de compagnon l’accompagnant pour sa mission d’origine. Trop gros pour se faire passer pour un chien, il en était arrivé à ne pas connaître cette sensation de caresse, même maladroite sur sa personne. Etant donné la première réaction d’Inesis en le voyant sous sa forme lupine, l’Infant n’aurait jamais imaginé que ce dernier puisse de lui-même le toucher spontanément. Bien que peu habitué à ce contact, le loup blanc ne voulait surtout pas que son compagnon s’imagine le mettre mal à l’aise, trouvant même utile en soi qu’il parvienne à le réconforter un peu à travers ces simples caresses.
« A vrai dire, je l’ignore. On ne nous a jamais vraiment avertis des risques encourus. J’imagine qu’eux-mêmes ne sauraient comment résoudre le problème à moins de se débarrasser du fautif… »
Après tout, si l’une de leurs recrues n’était plus en mesure d’effectuer de nouvelles missions correctement – incluant le fait de se montrer discret – pourquoi l’Ordre accepterait-il de les garder à son service ? Mostro déglutit difficilement et reprit, essayant d’installer une lueur d’espoir dans ses propos cette fois :
« Peut-être que les effets se dissiperont avec le temps. Du moins, je l’espère sinon il faudra certainement que je me procure une fiole provoquant l’effet inverse afin de redevenir humain… J’aimerais sincèrement ne pas en arriver là. Non seulement j’ignore si une telle idée fonctionnerait mais sous cette forme, je ne vois pas comment approcher quelqu’un capable de m’en fournir sans créer une vague de panique en ville. »
Là-dessus, le sorcier ne pourrait pas le contredire. Lui-même était présent lorsqu’un villageois les avait découverts dans le port, juste après leur réveil. La réaction de l’homme et les effluves de peur émanant de lui ne trompaient pas.
« Mais puisque je suis sous cette forme, laisse-moi t’aider à traquer cette vampire. Tu penses qu’elle a des informations sur l’identité du meurtrier de ta sœur ? Je peux la traquer à l’odeur et ensemble, on parviendra à la vaincre ! »
Quelle douce et touchante naïveté de sa part. Notamment quand on connaissait le fiasco engendré par leur première tentative de collaboration face à leur cible du moment. Néanmoins, Mostro se voulait convaincu. Pour Yula et cette relation unique qui les unissait tous les trois et sur laquelle il ne parvenait pas encore à mettre de mots.
| | InvitéInvité | Dim 29 Oct - 16:20 Inesis écouta avec une attention toute particulière les mots de Mostro. C’était un peu comme ombre sortie d’un tapis de lumière, une révélation, quelque chose d’éphémère mais qui le maintenait suffisamment attentif pour ne pas qu’il aille se perdre – encore – dans ses pensées, sombres et égratignées depuis bien longtemps désormais. L’infant fidèle à l’Ordre d’Italie paraissait avoir beaucoup souffert, lui aussi. Au final, ils étaient tous les deux des âmes à la dérive, à la recherche de quelque chose de plus grand que leurs simples existences. Peut-être pour ne pas avoir à réfléchir sur quelque chose de plus concret ? Sincèrement, Inesis ne voulait plus se poser ce genre de questions. C’était trop lui demander. Il avait envie d’autre chose.
Lorsque Mostro proposa son aide pour traquer la vampire, Inesis su qu’il aurait probablement dû réagir autrement, lui être reconnaissant, se motiver à la traque… Mais non, rien de ce genre ne lui vint. Enfin… Il était en effet reconnaissant de la réaction de l’infant qui l’accompagnait dans cette dérive mais… Quelque chose l’empêchait de prendre l’entière mesure de la chance qu’il ait de l’avoir auprès de lui, comme allié. « Peut-être parce qu’au fond tu sais parfaitement que ce n’est qu’un monstre et qu’il vaudrait mieux l’éliminer sans attendre ! » Inesis réprima un frisson à cette voix d’Outre-Tombe qui venait – encore – lui rappeler qu’il n’était plus vraiment libre de ses mouvements.
Finalement, déliant ses lèvres – non sans une certaine difficulté -, le jeune expatrié tâcha d’exprimer son ressenti tout en prenant soin de ne pas heurter les sentiments du loup. Il ne voulait que bien faire, après tout. « Eh bien… Ce n’est pas que je veux absolument refuser ton invitation, Mostro, mais, comment dire... Pour dire l’exacte vérité, je ne m’étais pas attendu à ce que cette vampire soit une femme. Je cherche… un homme. Un homme blond. Elle ne correspondait pas vraiment à ce que je recherche et je doute qu’elle puisse avoir des informations sur lui. » « De toute manière même si c’était le cas tu sais très bien qu’elle mourrait avant de pouvoir dire quoi que ce soit ! »
Inesis se frictionna les bras, ajoutant à la balance ce fait qu’il avait sans doute négligé sans le vouloir « De plus mon pouvoir ne me permet pas vraiment d’interroger des créatures capturées. L’Ouroboros ne prend pas la peine de leur poser des questions. Il les tue, tout simplement. » C‘était cela, en soit, le plus délicat.
| | Mostro♕ • Hybride Lycan • ♕ Messages : 56 Âge du personnage : 22 ans
Mémoire de vieRace: InfantMétier/Rang: Loup errantStatut amoureux: Célibataire | Dim 29 Oct - 18:58 Le manque d’enthousiasme de la part de son camarade d’infortune lui fit baisser les oreilles et la truffe. Bien que cette réaction soit parfaitement normale car nulle personne saine d’esprit sur cette Terre ne trépignerait d’impatience à l’idée de traquer puis de tuer une cible quelconque, Mostro était désappointé par le si peu d’intérêt que nourrissait le sorcier pour l’affaire. Après tout, Inesis avait été le premier à prendre en chasse cette vampire. Ignorait-il jusqu’à la toute fin que cette dernière n’était pas un homme ? L’Infant trouvait cela étrange, pour ne pas dire improbable. Quand bien même les sens d’un humain étaient inférieurs aux siens et encore plus lorsqu’il se transformait en loup, Mostro ne pouvait pas croire que son acolyte se soit trompé à ce point. Alors quoi ? Qu’est-ce qui freinait autant son compagnon de chasse ? L’Infant se surprit à penser que leur sujet de conversation aux accents nostalgiques était peut-être la cause de la soudaine baisse de motivation d’Inesis et s’en voulut d’avoir relancé la conversation dans ce sens. Sans compter que ce dernier était blessé. Par sa faute. Un frisson lui parcourut l’échine quand le sorcier se décida finalement à lâcher la véritable raison qui le poussait à abandonner la traque de la vampire. Le pouvoir de l’Ouroboros… Le loup blanc en avait entendu parler pour faire partie de l’Ordre. La première fois qu’il avait rencontré Yula, il n’avait pas cru possible qu’une personne si souriante et gentille puisse abriter une chose pareille en son sein. Cela lui avait fait reconsidérer le pouvoir de la créature à la baisse, songeant que les récits et légendes devaient certainement exagérer la chose. Et maintenant, Inesis mettait des mots sur ce que sa conscience lupine identifiait comme un danger et le poussait à fuir. Un silence s’installa entre eux jusqu’à ce que Mostro se décide à le briser :
« Même si nous ne sommes pas en mesure de l’interroger pour peut-être obtenir des informations sur le vampire que tu traques, n’est-ce pas pour cela que nous œuvrons toi et moi ? Tuer ces créatures ? »
En soi, c’était la raison même de leur existence aux yeux de l’Ordre. Sorciers ou Infants, ici, il n’y avait pas de différence. Des outils, voilà ce qu’ils étaient devenus, perdant de vue l’objectif de tout être : vivre libre et heureux. Toutefois, si Inesis renonçait, le loup blanc ne comptait pas le relancer. Dans le fond, il comprenait parfaitement que son camarade ne poursuive pas la traque. Ce n’était pas là sa mission principale et l’Infant pensait s’en occuper seul. Voyant que l’humain manifestait les signes avant-coureur d’une baisse de température corporelle – ou tout simplement d’une hausse de nervosité compte tenu de la tournure de leur conversation – Mostro se rapprocha lentement de lui, espérant lui communiquer un peu de sa chaleur sans l’effrayer comme cela avait été le cas lorsque le sorcier avait posé les yeux sur lui la première fois.
| | InvitéInvité | Sam 1 Sep - 18:08 Ah... Œuvrer pour éliminer les créatures du mal. Oui, il est vrai qu’Inesis avait longtemps baigné dans cette doctrine. Après tout, l’Ordre d’Italie lui avait sauvé la vie, ainsi qu’à sa très chère sœur, Yula. Comment remettre en doute les enseignements de cette église, supposément plus à même de prendre des décisions au sujet des engeances nocturnes que ne pourrait jamais l’être ses pions – Inesis et Mostro inclus ? Le slave était pourtant perdu dans ses réflexions. Il ne savait plus vraiment quoi faire. Sitôt qu’il remettrait un pied en Italie, il était sûr de devoir faire affaire avec les responsables de sa hiérarchie. Qui sait ce qui allait advenir de lui ? « Ils ne prendront pas le risque de te tuer, ils ne savent pas comment me contenir et donc, me garder… »
Vrai. L’ouroboros marquait là un point sur l’horreur de la situation. Même avec une très bonne justification, Inesis savait bien qu’il ne serait en rien excusé pour être parti de son plein gré en mission sans en avertir les pratiquants de la religion souterraine. Ainsi, se blottissant contre le flan de Mostro, appréciant la chaleur de la fourrure pâle, le brun se laissa aller à ses doutes ; à l’oral.
« Je sais tout ça, Mostro… On ne vit que pour les tuer. Mais dans l’absolu, eh bien… J’ai rencontré des humains capables de pires atrocités. Pourquoi n’ai-je pas pu aller les arrêter ? Et puis, je suis un sorcier, supposément un allié de l’Ordre, non ? Alors pourquoi certains de mes frères et sœurs ont fini sur le bûcher pour les mêmes raisons ? » Plusieurs questions, apparemment sans rapport entre elles, venaient bousculer les certitudes du brun. Si celle vampire l’avait vraiment voulu, elle aurait pu les abattre sur le champ. Quelque chose disait à Inesis de se méfier de tout. Et il ne supportait pas ça. « Ne t’inquiètes pas, je m’assurerais que tu ne deviennes pas fou… pas avant que cela ne rejoigne mes intérêts. »
Il déglutit. Il aurait tant voulu que Yula soit encore là.
| | Mostro♕ • Hybride Lycan • ♕ Messages : 56 Âge du personnage : 22 ans
Mémoire de vieRace: InfantMétier/Rang: Loup errantStatut amoureux: Célibataire | Dim 30 Sep - 14:57 Le doute avait toujours été. Tapi dans les recoins ténébreux de sa conscience. Attendant patiemment son heure, le moment où il referait surface pour faire voler en éclats chacune des croyances de son hôte inconscient. Et Mostro comprit que cet instant était venu. Les mots du sorcier jetèrent comme un froid entre eux mais également en lui. Que pouvait-il répondre à cela ? Lui-même savait de quoi les humains étaient capables, au même titre que les créatures… Et pourtant, l’Ordre avait choisi de prendre parti en faveur des premiers pour mieux éradiquer les secondes. Dans quel but ? Qu’est-ce qui justifiait un tel choix ? Et pourquoi faire des ennemis d’hier, les alliés d’aujourd’hui ? Pourquoi rallier les sorciers à leur cause, eux qui avaient été persécutés pendant des années, des siècles même par les ancêtres de l’Ordre ? Les doutes d’Inesis se mêlèrent aux siens, plongeant le loup blanc dans un trouble sans précédent. Non vraiment, il ne voyait pas quoi répondre aux interrogations de son collègue. Peut-être parce qu’il n’y avait pas de réponse après tout. Jusqu’à présent, ils avaient toujours agi sous les directives de l’organisation, sans jamais les remettre en question. Etait-ce la raison du malaise qui s’était emparé de lui ? Auraient-ils mieux fait de réfléchir aux actions entreprises par l’Ordre au lieu de leur obéir aveuglément ? Est-ce qu’une telle attitude les aurait rendues plus heureux, plus confiants sur leur avenir ? Ou n’aurait-elle fait que les jeter dans un précipice de remises en question perpétuelles jusqu’à les pousser à la folie ? L’aveuglément n’était-il pas nécessaire pour leur épargner ces tourments qui les étreignaient aujourd’hui ?
« Il est vrai que les humains sont capables eux aussi des pires atrocités. Mais si on doute du bienfondé de nos missions, ne risquons-nous pas de perdre la raison même de notre existence ? Ce pourquoi on vit ? »
Inesis sans l’Ouroboros serait-il encore Inesis ? De quoi serait fait sa vie autrement qu’en tant que sorcier au service de l’Ordre ? Ils n’étaient pas destinés à vivre autrement que dans l’ombre de l’organisation, pour mieux exécuter les plus basses besognes.
« Je n’ai pas d’autre raison d’exister que celle de tuer les créatures. Mais si tu choisis d’abandonner alors… »
Alors quoi ? Allait-il devoir prendre la vie du sorcier comme l’Ordre lui en donnerait l’ordre si jamais Inesis devenait effectivement un traître vis-à-vis de l’organisation ? Même si cela signifiait tirer un trait sur leur amitié ? Risquer sa vie face à l’entité qui vivait dans le corps du sorcier ? Mostro déglutit avec difficultés avant de se lever, avec lenteur. Le loup blanc fit quelques pas pour s’éloigner de l’humain, s’approchant à la limite de la caverne les protégeant de la pluie. Il pouvait sentir l’humidité dans l’air, celle s’élevant de son pelage sale et à moitié sec.
« … j’espère que tu trouveras ce que tu cherches Inesis. Et si on me pose la question, j’ignore tout de l’endroit où tu te trouves, je ne t’ai jamais vu en Angleterre. »
Tandis qu’il parlait, l’Infant tournait lentement la tête en direction du sorcier, plantant ses yeux dans les siens. A défaut de pouvoir s’allier dans la traque de cette vampire, Mostro lui offrait une chance de reprendre ses recherches, sans suivre les directives de l’Ordre à l’encontre de son collègue. Il appréciait trop Inesis pour cela. Et peut-être aussi un peu pour Yula. Toutefois, il se devait de le mettre en garde.
« Fais en sorte de ne pas devenir mon ennemi Inesis. Je n’ai pas envie de recevoir l’ordre de te tuer. »
| | InvitéInvité | Jeu 27 Déc - 11:17 Partagé, il l’était. Oh, bien évidemment, il aurait préféré que les choses ne tournent pas ainsi, il aurait préféré largement s’incliner sur ses missions, ses choix par procuration. Continuer de servir l’Ordre sans jamais douter, sans jamais se détourner. Qu’aurais pensé Yula de sa conduite ? Qu’aurait-elle dit à ce propos ? « Que tu n’es qu’un faible ! Un misérable ! Voilà ce qu’elle aurait dit ! » Inesis senti la pointe de contrariété de l’Ouroboros lui piquer le crâne, faisant naître une douloureuse migraine promise pour l’aube prochaine. Mais il n’en tint pas cas pour une fois. Non, il ne pouvait croire que sa jumelle lui aurait édicté pareil discours. La connaissant, ce n’était pas imaginable. Ils s’aimaient trop l’un l’autre pour rabaisser leur moitié. « Ce même amour immonde qui a causé sa perte, oui ! » Mais là, il avait raison. Si Inesis était resté auprès de Yula ce soir-là, les choses auraient peut-être été différentes.
Mais puisqu’il n’y avait aucun moyen de certifier ou infirmer cette hypothèse, il ne pouvait que rester là, en se réinstallant auprès de la fourrure de Mostro. La douleur de son combat précédent commençait à s’estomper petit à petit. Il lui faudrait très probablement plusieurs jours avant de pouvoir se mouvoir comme si de rien n’était, mais au moins le pire avait été évité.
Et les mots de l’infant le tirèrent de sa torpeur. « Quel gentil toutou que voici… » Inesis réprima un grondement à l’égard de cette voix dans sa tête. Car s’il y a bien une chose qu’il rejetait, c’était ce type de pensée envers Mostro. S’il ne connaissait en rien les pensées du demi-lycan à son égard, Inesis le considérait pourtant comme un ami fiable. D’ailleurs le fait qu’il ne dise à personne qu’il l’avait vu en Angleterre le conforta dans sa pensée.
Alors qu’il sombrait de plus en plus dans le sommeil ; Inesis pourtant, voulu débattre un peu, avec les dernières forces qu’il lui restait. « Pourquoi devrions-nous forcément devenir ennemis, Mostro ? Moi en tout cas je refuserais de te tuer, même on me le demandait. Tu mérites d’avoir tes propres idées aussi… Je pense que même si l’Ordre souhaite faire le bien, il ne s’y prend pas forcément comme il le faudrait… » En l’occurrence, instaurer un tel racisme entre ces membres, en fonctions de leurs origines, n’était pas la bonne chose à faire aux yeux d’Inesis. « Tu ne comprends rien, tu n’es qu’un gamin ! » Oui, peut-être qu’au final, le problème était bel et bien celui-là…
| | Mostro♕ • Hybride Lycan • ♕ Messages : 56 Âge du personnage : 22 ans
Mémoire de vieRace: InfantMétier/Rang: Loup errantStatut amoureux: Célibataire | Mer 9 Jan - 17:36 Pourquoi. Un mot si simple et qui introduisait pourtant beaucoup d’interrogations, dont la plupart resteraient probablement sans réponse. Pourquoi les vampires et les lycans ? Pourquoi l’Ordre ? Pourquoi la guerre ? Pourquoi devrions-nous devenir ennemis ? Les mots d’Inesis tournoyèrent pendant de longues heures dans l’esprit de l’Infant, sans que ce dernier ne parvienne à les faire taire et ce, bien après que les deux amis se furent séparés. La pluie glacée s’abattant sur lui, trempant et rendant presque son éclat d’origine à son pelage, tandis qu’il traversait les bois à toute allure, ne suffisait pas à changer le cours de ses pensées. Et le sorcier n’avait rien tenté pour empêcher le doute de germer en lui. Inesis avait osé remettre en question les directives de l’Ordre. Cela aurait suffi pour qu’il soit accusé d’hérésie et condamné à mort. Peut-être même Mostro aurait-il dû le faire sur-le-champ pour ne pas se laisser gagner à son tour par le doute. Alors quoi ? Ce n’était pas la première fois qu’il s’interrogeait sur les méthodes de l’Ordre. Le fait d’avoir recours à des pratiques peu catholiques, d’utiliser les êtres comme bon leur semblait et surtout, cacher la vérité à la population.
« Tu devrais te reposer Inesis. »
C’était là tout ce qu’il avait pu répondre. La joie d’entendre qu’Inesis serait prêt à aller contre un ordre, risquant sa vie au passage, pour ne pas prendre la sienne, fut rapidement étouffée par l’indécision. Jamais personne n’avait osé douter ouvertement de l’organisation devant lui. Et cela le troublait. Qu’est-ce qu’on pouvait ressentir en ayant ses propres opinions ? En ayant la liberté de choisir ? Quelqu’un comme le sorcier aurait peut-être un jour cette chance. Dans le fond, il restait un humain, même doté de pouvoirs étrangers, il pouvait prétendre à une place parmi les Hommes. Ce qui n’était pas son cas. Peut-être que sa seule motivation à servir les desseins de l’Ordre résidait dans l’unique fait que l’organisation lui avait donné une raison d’exister. Le loup blanc s’arrêta brusquement dans sa course. Cependant, il n’eut pas le courage de jeter un regard en arrière, là où il avait laissé Inesis, après avoir patienté à ses côtés jusqu’à ce que son ami ne cède au sommeil. Que devait-il faire à présent ? Mostro ferma les yeux quelques secondes. Pour l’heure, son objectif était de retrouver forme humaine. Mais sa rencontre avec le sorcier lui avait au moins donné une raison valable de demeurer un peu plus longtemps sous sa forme actuelle : traquer et éliminer cette vampire qui était toujours libre de tuer des innocents. Un grondement sourd monta du fond de sa gorge et l’Infant reprit sa course en direction de la ville.
| | Contenu sponsorisé | | |
|
|