Enfermé. Il se trouvait là, captif comme un cheval que l’on aurait désiré dompter à la guise du premier seigneur venu. Sauf que Charles n’avait rien à voir avec une simple bête, il était parfaitement conscient de la situation. Voici plusieurs jours – ou semaines, peut-être ? Il avait perdu la notion du temps entre ces murs – qu’il était maintenu ici, son statut de Roi étant apparemment trop précieux pour être sacrifié sur le pilori. Soit. Il ne chercherait nullement à être coopératif, dans tous les cas. L’amertume lui restait encore en travers de la gorge et à moins de très bons arguments, le souverain de France doutait très fortement de l’amélioration des choses.
Pour autant, il reconnaissait ne pas avoir été traité en ‘simple’ soldat prisonnier. Car si sa résidence actuelle se trouvait effectivement au cœur des sous-sols britanniques, il pouvait s’estimer heureux d’être régulièrement nourri, abreuvé et soigné. A vrai dire, sa geôle ressemblait d’avantage à un petit appartement de gardien de prison qu’à une réelle cellule. A la différence qu’il n’était pas aussi libre que l’image qu’il venait d’avoir, la lourde porte de sa cage étant condamnée par une serrure qu’il doutait pouvoir être brisée aisément.
Ainsi, captif jusqu’à ce que les hautes-sphères du pouvoir délibèrent sur son sort, il était condamné à devoir tourner comme une bête en cage, couper de tout moyen de communication avec qui que ce soit. Assis là, contre le mur, il se surprit à songer à sa terre natale et aux âmes qui l’y attendait. Il pensa à Diane, ô sa reine. Bien qu’il n’ait de réel sentiment de passion à son égard, il regrettait de ne pas être au sein de son palais. Il espérait que ses ministres de guerre sauraient prendre la relève correctement en son absence ; son épouse n’avait sans doute pas les épaules pour cela.
Il songea également à son bouffon et confident, Annibal. Avait-il réussi à fuir après que Charles se soit fait alpagué comme une bicher acculée ? Il l’espérait également, c’était une personne qui ne méritait pas de mourir. Et puis lui, au moins, avait des gens vers qui retourner, au contraire de sa majesté de France.
Ses pensées s’égarèrent même vers la marquise Valentyne, pour une raison qu’il aurait souhaité plus obscure que ce que son être tout entier semblait lui dicter. Il chassa bien vite toutes ces pensées superflues car un son métallique dans la serrure le ramena à la réalité. Le Roi se remit debout, prêt à accueillir avec toute l’ironie dont il était capable la personne qui viendrait le voir en ces moments troubles pour la couronne de France. « Alors ? On vient finalement m’annoncer que l’on va me passer la corde au cou ? »