Messages : 53 Âge du personnage : ~ 100 ans (elle a arrêté de compter)
Mémoire de vie Race: Mordu Métier/Rang: Servante / Garde-du-corps Statut amoureux: Célibataire
Ven 14 Oct - 14:33
Welcome Home, Son
Croc — fait la pomme alors que je plante mes canines en son sein et la déchire à la force de mes dents. Elle craque, elle cède, elle capitule. Son jus coule entre mes lèvres, le long de ma gorge. Limpide et frais alors que je recueille une goutte imprudente qui s'échappe et roule à mon menton du bout de la langue. Ce n'es point du sang. Ce n'est ni chaud, ni épais, teinté de cette odeur de fer qui vous oppresse et chatouille vos sens, réclamant d'avantage. Ce n'est ni une proie traquée et accumulée, cédant à la peur et la conscience de sa mort prochaine ; ni un ennemi, dont les crocs claquent et menacent, défiant votre autorité, pariant votre mort prochaine — ou la sienne, réalise-t-il alors que la faiblesse s'échappe de chacune de ses plaies et que ses forces l'abandonnent. Ce n'est nullement l'adrénaline, la satisfaction bestiale, la victoire sanglante et sauvage — ce n'est rien de tout cela. Ce n'est qu'une pomme.
À l'abri des regards et à l'écart de la vie humaine, j'apprécie un bref et trop rare instant de solitude. Paris m'étouffe, m'enserre le cœur. Oh ; je ne me plains pas de ma vie ici. Je suis là pour mon jeune maître après tout, pour Mezariel. Et je demeurerais ici, cent ans, mille ans, si c'est là son vœu. Tant qu'il aura besoin de moi, je serais fidèle à mon devoir, pareil aux gargouilles de Notre-Dame.
Mais Dieu ; que la capitale est prison pour l'âme sauvage que j'enferme dans ce carquois de chaire et de tissus de seconde main. Les forêts me manquent, la liberté de pouvoir revêtir ma forme de Bête se fait désirer. Ici, impossible. Sans cesse je dois prendre garde, ne rien laisser paraître. Je dois m'attraper par certains soirs la gorge à deux mains pour m'empêcher de hurler à la lune, mes instincts luttant sauvagement en mon sein pour se laisser aller comme je les y autorisais depuis presque un siècle déjà. Je me languis presque de ce temps ou je battais campagne et recoins reculés de pays, à la recherche de l'infant disparu de mon maître ou même, et là est ma honte, quand je traquais les proies des De SaintLouis afin d'abattre sur ces dernières la sentence du vieil Alpha. J'étais alors une bête, une créature du diable donnant raison à toutes les rumeurs sordides et les légendes forgées par la crainte sur les lycans. Mais, dans mon infortune, j'avais prit goût à ces démonstrations de force et de violence.
Je faillis perdre mon humanité, en ces temps ou Denovan n'était présent en la demeure familiale, parti répondre aux exigences de son rang. Mais mon salut vint sous la forme d'un enfant — encore une fois. Marceau, tendre petit être au regard voyageur et déjà épris d'une liberté dont il continue d'être l'amant aujourd'hui, voguant sur les flots au gré des exigences de son travail et de ses envies. J'ai conservé de cette époque, une profonde affection pour la famille Dugommier et ce bambin dont j'eus la responsabilité à maintes occasions, qui m'appelait “tante” et me souriait de la manière la plus douce du monde. Marceau a grandit depuis, il n'est plus cet enfant maladroit que je regardais apprendre à marcher, cependant notre lien n'a en rien failli. Nos échanges épistolaires sont pour moi source de joie et je guette ardemment chacune de ses lettres, les conservant précieusement dans un coffret sous mon lit.
Ma pomme achevée, je craquais le trognon rachitique entre mes doigts et le laissait tomber entre les herbes, m'essuyant le plat de la mai sur mon tablier que j'avais omis de quitter en m'esquivant pour m'aérer dans les jardins. Je repensais à nouveau à Marceau. Sa dernière lettre remontait à bien une semaine désormais, je lui avais répondu presque aussitôt, mais sa réponse ne m'était encore parvenue et je l'attendais avec une certaine fébrilité. J'avais grande hâte de le revoir en chaire et en os également.
Tant et si bien que voici que j'imaginais son odeur, portée par la brise qui venait jouer avec ma chevelure et faisait gonfler les pans de ma robe avec malice. Mon flair me tromperait-il ? Pourtant, c'était impossible, le lycan amoureux de l'océan était à cette heure sur les flots et — « Par tous les saints ! » m'exclamais-je en me retournant à cette voix familière et désirée, susurrée contre mon oreille. Je contemplais la tignasse noire, inspirais les relents d'iode encore imprégné à sa peau et plongeais mon regard dans ces prunelles vibrantes de l'amusement et de l'accomplissement d'un méfait accompli. « Marceau ! »
Ma voix ne contenait nullement ma surprise et mon émotion et je demeurais un instant à le regarder, béatement, me demandant si je ne m'étais endormie sous le pommier et rêvassais actuellement. Je repris contenance, le blâmant faussement, la tendresse et l'affection faisant vibrer ma voix. « Freluquet va, c'est ainsi que tu te manifeste après tant de mois passés, à te jouer de moi comme un enfant ? »
Puis, faisant brièvement fit des règles de bienséance, je m'approchais et prenais ses joues entre mes mains pour contempler son visage ; il était plus grand que moi désormais, depuis longtemps même. Pourtant, il restait encore un peu mon “petit Marceau”. « Tu n'as pas changé. À ma grande joie. Il est si bon de te revoir, cette journée n'aurait pu devenir plus belle. »
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