je chantonne je chantonne pour oublier mes tourments je porte un regard amer sur mes mains rêches et j'envie aussitôt ces demoiselles que vous côtoyez celles qui n'ont qu'à sourire pour avoir un avenir certain elles ne connaissent pas la peur d'un futur qui ne tient qu'à un fil elles ne savent pas ne se doutent pas de la dureté de grandir parmi les invisibles les grouillants j'ai la chance j'ai la chance de vous avoir que vous soyez vous et que je sois moi et qu'ensemble nous sommes ce nous cet étrange nous qui se résume à des politesses distantes à des instructions données à l'aube écarlate et à quelques sourires à peine vivants (je vous crains) autant que le monde me t e r r o r i s e autant que la mort me t e r r i f i e je ne vous connais pas vous êtes juste celui qui m'héberge un prénom sur une silhouette et non un prénom sur une âme l'inconnu me guette menace de m'étrangler car tout ce qui est inconnu tente de continuer de lacérer mes poumons à la respiration tremblante sifflante pour vous pour votre personne modeste noble que vous êtes je suppose n'être que blanchotte un visage fantomatique dur et marqué par son chignon sombre dans le bas de la nuque je ne suis qu'une occupante éphémère de votre vie n'est-ce pas le temps coule s'effile entre mes doigts impuissants et je ne tarde d'entendre la porte grincer à votre retour eh bien eh bien quand on parle du loup le bruit familier me parvient aux oreilles me fait sourire et la porte c l a q u e je sursaute mon âme s'effiloche un peu plus encore et je crois percevoir mon palpitant qui cesse durant un instant la poterie (ce vase que vous avez disposé dans le salon fait de porcelaine délicate) me glisse d'entre les mains se brise et je murmure tout bas dévastée par cette catastrophe irréparable -non, non, non... je hausse le ton la voix tremblante sans pour autant détourner mon regard vers l'entrée du salon par peur de vous y apercevoir (alerté par le fracas) -c'est vous, monsieur ? et j'ai peur ma tête tourne désarmée car ce n'est décidément pas dans votre habitude de claquer des portes
Loras gardait son lot de secrets, et il se doutait que certains étaient destinés à être découverts, tôt ou tard. Mais celui là était diffèrent. Celui là était mortel.
Une forêt. Un sorcier. Et une demoiselle en détresse. La demoiselle est sauvée Au prix d’un secret.
Personne n’aurait jamais dû apprendre sa nature. Bien sûr, il se rassurait que ce soit Mélissande plutôt qu’un quelconque némésis, qui soit dans la confidence, mais il restait un problème : Il ne pouvait décemment pas rester là, à avoir confiance, à espérer comme un idiot. Et pourtant, cétait là tout ce qu’il pouvait faire. Et ça le rendait fou. Depuis la mort de sa sœur, il s’était promis de fuir l’inaction et la passivité – les circonstances de sa vie l’y avait forcé – et voilà que son destin échappait de nouveau à son contrôle.
C’était agaçant.
• • • Quelques directions Prendre à droite, devant le salon de thé Et à gauche dans la rue qui suit On trouve alors un manoir Et dans ce manoir Un sorcier épéiste et sa domestique
Il s’y dirigeait maintenant. Devant la devanture de sa demeure, Loras l’imagina en proie aux flammes et il se joua dans son esprit la fantaisie de son arrestation. Les chasseurs et leurs épées d’argent. Il se demandait s’il résisterait. S’il opposerait le fer à l’argent. Qu’importe : Il était temps d’entrer.
Il claqua la porte. Ce n’était pas dans ses habitudes, mais aujourd’hui, il n’était pas d’humeur à s’en inquiéter. Dès qu’il se sentit dans une sécurité illusoire – il restait un sorcier en tout lieux -, il posa son dos contre le bois et s’inquiéta. Il ne pensa pas – après tout, il ne pouvait rien changer à sa situation -. Il s’appliqua juste à transcrire ses angoisses dans des images précises, et réfléchit à comment s’y préparer. Face à l’inévitable, il valait mieux préparer ses (l)armes.
Puis vint le verre brisé.
• • • Une précision C’était de la porcelaine Et il l’apprendrait très prochainement
Le fracas le tira de ses pensées et il sentit quelque chose se rompre en lui. Il pensait à sa survie, par tous les deieux, et n’avait pas besoin d’être dérangé par l’incompétence des autres. Avec un soupir agacé, il chercha la cause du désordre.
« Qu’est-ce qu’il se passe encore ? » Il s’attendait à une autre catastrophe. Il découvrit la félonie, le verre brisé.
Ah non.
C’était de la porcelaine.
« Blanchotte. » Un nom prononcé avec une colère à peine contrôlée. « Je n’aime pas employer des incapables à mon service. Tu as une explication, peut être ? »
(je suis désolée) j'ai ces mots là sur le bout des lèvres et mon regard écarquillé rond est tendu vers vous j'ai peur j'ai tellement peur car votre ton appelle à autre chose qu'une simple interrogation je ne sais pas si c'est les morceaux de vase éparpillés sur le sol ou votre voix qui demeurent le plus tranchants il y'a quelque chose qui se brise en moi une faiblesse et vous avez tiré dessus il y'a mes lèvres pâles qui tremblent et je vous fixe encore et encore comme une idiote cherchant mes mots face à cette attaque verbale qui me met dans tous mes états mes prunelles se détournent fuyardes pour s'attarder un instant sur ma bêtise et je m'essuie les paumes moites sur ma robe de toile la gorge sèche la voix vulnérable éraillée par l'inquiétude je suis désolée monsieur je vous êtes rentré brusquement et non non je ne dois pas rejeter la faute sur votre personne quelle terrible erreur quel terrible malheur votre insistance sur quelques mots m'effraient mes doigts se relèvent fébriles alors que mes yeux s'abaissent je suis vulnérable car je me retrouve comme une sale gosse qui aurait volé une pomme enfin je veux dire que- je suis désolée tellement confuse je m'empresse de ramasser tout ça, je n'ai aucune je suis persuadée que vous ressentez ma crainte comme je m’imprègne de votre colère fatiguée ma voix se brise dans un sanglot exagéré impulsif car je ne suis pas de ces demoiselles qui arrivent à retenir le moindre de leurs émotions je suis une boule de nerfs piquée à vive par votre arrivée f r a c a s s a n t e je n'ai aucune excuse. je m'agenouille au sol et ramasse les plus gros fragments du précieux vase peint d'oiseaux dans le creux de ma paume gauche nue et un coin ne tarde pas à s'enfoncer dans ma chair pâle translucide faisant couler le liquide vermeil que je ne supporte pas je m'arrête et je ne sais pas si c'est possible mais je crois que je deviens plus pâle il serait si dur de vous dire pourquoi pourquoi je n'ose pas lever mon nez vers vous il serait si dur d'expliquer pourquoi pourquoi avec vous (alors que les différences sociales ne me font pas peur) vous êtes un parfait inconnu monsieur alors je préfère taire toutes ces confidences que j'aimerais vous conter je tente un sourire tordu et me relève courbée et disgracieuse je file devant vous sans que vous puissiez m'attraper sans que votre regard n'ait le temps de se porter sur le sang chaud qui menace de glisser entre mes doigts ce n'est pas abondant mais j'ai si peur d'aggraver mon cas en tâchant votre mobilier j'accours en cuisine et dépose les morceaux du carnage dans un bol de bois servant habituellement à la cuisine et prends ce torchon que je m'acquiers quand je dois laver des légumes encore terreux je le noue (propreté douteuse) autour de la fine coupure en l'attachant donnant un air ridicule à ma si petite main je reviens vers vous aussitôt et me courbe polie respectueuse et toutes ces choses que je trouve superficielles habituellement (tentant de dissimuler grossièrement ma mimine blessée dans l'arrière de mon dos) veuillez m'excuser de ma maladresse m'sieur, je terminerai de ranger si-si vous le désirez sinon je suis à votre disposition si vous avez besoin de moi pour autre chose. j'essuie rapidement les larmes amères qui se laissent aller le long de mes joues et souris plus pour moi que pour vous
Sa colère tombe comme les larmes de Blanchotte Et s’écrase sur le sol Il reste silencieux devant le sang et le verre cassé La porcelaine
La colère était comme un cancer chez lui. Une dépression. Elle changeait sa perception du monde et le bleu devenait rouge, les regards des affronts, les futilités des complexités. Mais tôt ou tard, elle retombait toujours, et tôt ou tard, il se confrontait au poids de ses insultes, de sa rancœur, de son ressentiment.
Et de ses regrets.
Ceux-là n’ont besoin que d’une seconde pour percer son cœur cette fois. Il lui suffit de voir sa servante s’écorcher les mains pour lui, et il connait déjà son erreur. Puis elle revient de la cuisine, cachant sa plaie sous un torchon sale, ses larmes sous un sourire. veuillez m'excuser de ma maladresse m'sieur, je terminerai de ranger si-si vous le désirez sinon je suis à votre disposition si vous avez besoin de moi pour autre chose.
Et son premier réflexe Sa première excuse Est un claquement de langue
« Blanchotte, si tu laisses ta plaie comme ça, elle va s'infecter. »
Et son premier réflexe Sa première excuse Est d’être agacé
On n’a pas idée de panser ses blessures avec une telle saleté, il pense. Et il sort un tissu de sa poche, histoire de réparer la première conséquence de son erreur, qu’il tend à Blanchotte… Avant de constater qu’il est imbibé de sang, lui aussi. Il se rappelle de l’épisode de la forêt, du sang qu’il a vomi pour quelques secondes de magie, et se sent idiot.
« Ne t'inquiètes pas, c’est bien mon sang. », lâche-t-il pour la rassurer, sans penser un instant que ça pourrait avoir l’effet inverse. Après un moment de réflexion, il range son mouchoir bien à sa place, et disparaît à l’étage. Mais juste avant de monter les escaliers, il lâche un « Ne bouges pas d’ici. » Il disparaît, et revient simplement pour ajouter « s’il te plait. »
Quand il redescend, c’est avec ses mains dégantés, et débarrassé de son mouchoir sanglant. Il l’a remplacé par un autre, d’une blancheur digne d’un homme aussi attentif et prévoyant que lui. Avec cérémonie et grâce, il s’approche de sa servante, et demande finalement « Ta main ». Hors de question de la laisser avec cette horreur autour du doigt.
Tandis qu’il noue le mouchoir autour de la main de la jeune fille, il réalise qu’il ne peut pas maintenir le silence éternellement. Il lui devait des excuses pour s’être énerver puérilement. Quel bel hypocrite je fais, cette pensée le traverse, je prétends protéger les humains, et je blesse ceux qui sont le plus proche de moi.
D’ailleurs… Il s’éloigna un peu de la jeune fille, pour la considérer un instant. Il se demanda si, quand les chasseurs de sorcières le prendraient, ils la penseraient elle-aussi responsable. Il effleura l’idée que Blanchotte puisse être une sorcière, ou même cette engeance de vampire, mais finit par sourire tristement : Ce n’était qu’une humaine, et c’était déjà quelque chose. Mais la peur déréglait la raison des Hommes, et il se mit à craindre pour elle. Peut-être était-ce mieux qu’elle parte.
La blesser d’avantage, par sa compagnie, et lui mentir à elle qui lui était si dévouée ne semblait pas juste. Il se débrouillerait, pour les travaux ménagers : Il les avait déjà accomplis maintes fois, à une autre époque.
« Blanchotte… »
Mais il retarda l’échéance de son contrat avec une question.
j'ai ces mots là sur le cœur impalpables et fuyards sans doute qu'ils ne resteront qu'un murmure sans doute qu'ils ne franchiront pas le seuil de mes lèvres l'autorité ne me fait pas peur vous savez du moins elle ne me fait plus r i e n pourtant je vous respecte et conçois que j'ai mal agi en faisant tomber ce vase que vous avez vos raisons d'être énervé et que mince vous avez vu je sais je sais bien que je risque des maladies en laissant ce torchon sur ma blessure mais que devais-je le faire dites le moi je vous en supplie je n'ai que ça que ça aurais-je dû arracher un pan de ma robe pour ça non non non je m'essuie à nouveau les yeux de ma manche et tente de voiler le rouge qui a atteint mes joues qui a peint mon visage aussi pâle qu'une toile vierge je relève mon nez en devinant un bref mouvement vers moi et je devine sous mes cils charbonneux un mouchoir teinté de s a n g mes lèvres se pincent indécises et je relève vers vous un regard perplexe encore rougie par ce tout ça c'est votre sang c'est votre sang j'ai toutes ces questions que je retiens pour ne pas vous importuner car ce n'est pas tout à fait normal (êtes-vous malade) je vous attends je vous regarde partir et revenir immobile abandonnée avec mes songes mon imagination trop trop débordante qui craint le pire pour vous vous savez je vous laisse faire du début à la fin quand vous nouez autour de ma main ce tissu intact blanc comme neige quand vous me posez cette question aussi quand vous m'observez quand votre regard mord ma peau je ne sais que répondre durant un instant puis les mots dépassent la pensé et sans réfléchir je me permets, d'une petite voix assurée non, on m'a surnommée ainsi au lupanar et s'est resté. y'a trop d'enfants bâtards là-bas, alors pour que ça soit plus simple pour nous appeler on nous donnait un surnom qui correspondait à notre physique. je suis donc devenue la blanchotte, et ça ne me choque tellement plus que j'ai décidé de garder ça ainsi. enfin j'me perds dans mes explications et je viens passer une main sur mon chignon sous ma coiffe pour m'assurer qu'il tient bien en place un peu gênée par ma question indiscrète que je me permets de poser vous êtes atteint de tuberculose ? enfin j'hésite j'ai vu le sang sur votre mouchoir, et vu que c'est un des symptômes vous devriez peut-être consulter votre m'decin. je suis désolée de mon indiscrétion. je suis désolée toujours désolée car parfois ma sincérité traverse le temps
non, on m'a surnommée ainsi au lupanar et Et son cerveau s’arrête.
Avec une expression confuse, Loras fixa sa domestique sous une nouvelle lumière. Il était ravi d’en apprendre plus sur elle, qu’elle ne soit plus un nom sur une fonction, mais il ne s’attendait pas à un destin pareil. Une fille de prostitué ? Sa main sous son menton, il réfléchit : Puisqu’il avait grandi dans une famille bourgeoise avec des ambitions de noblesse, il en savait très peu sur la basse société. Les gens sans rangs, sans responsabilités… Il ne les pensait pas chanceux. Mieux valait des devoirs que la pauvreté.
« Je vois. Et ton vrai nom ? »
Il se trouva un peu hypocrite, à lui poser toutes ces questions sans rien donner en échange sur sa personne, mais à part son nom et quelques informations triviales, le reste devait rester un mystère. Ou un mensonge. Quoi qu’on en dise, les deux désignaient l’absence de vérité : Il ne voyait pas le mal de pratiquer l’un ou l’autre.
Puis vint le souci de Blanchotte, qui le pensait maintenant malade. Quel manque de finesse, ce mouchoir ensanglanté. Mais après les évènements avec Mélissande, il devait avouer penser à autre chose que son hygiène… Ce qui était une chose alarmante.
Après un « Ah ! » s’approchant de l’hilarité, il finit par la corriger. « Non, dieu merci. Le sort se montre , disons, clément avec moi. » En tous cas, en ce qui concernait sa santé. Pour le reste, il n’en était pas si sûr : Il était, après tout, atteint de sorcellerie. Et c’était une maladie incurable, de ce qu’il en savait.
Maladie Malédiction Des mots si proches
« Ce n’est pas grave Blanch… Ce n’est pas grave. » D’accord, Loras était un être insupportable et franchement indélicat, mais on l’avait lui aussi affublé de surnoms peu flatteurs dans sa jeunesse. Hors de question de participer à ce jeu plus longtemps. « En vérité, ton indiscrétion est la preuve de ton inquiétude. C’est flatteur. »
Après une petite pause, il reprit :
« Puis-je m’aller à d’autres questions ? Je suis curieux. »
Il lui apparaissait maintenant qu’ils n’avaient jamais vraiment parlé, au-delà de simples formules de politesse, et d’ordres. Quelle ironie que ce soit la colère qui les rapprochent un peu plus.
je suis moi et vous êtes vous nous sommes insaisissables (enfants et soumis du temps et de ses envies capricieuses) et un jour un jour nous nous éteindrons j'ai l'impression que que vous allez brisé mon intimité si je vous dit mon prénom c'est un symbole pour moi peut-être un peu idiot mais il a toujours a sonné comme liberté (suis-je libre avec vous) alors la voix un peu tremblante face à votre exigence je réponds sans assurance après avoir écouté toutes vos questions pour répondre d'une seule traite (et je souris un peu rassurée quand vous dites que vous êtes complètement en bonne santé) (et je rougis quand vous dites que vous êtes flatté) je m'appelle (voir par mp mdr xd), mais plus personne m'appelle comme ça. et bien sûr et bien sûr j'accepte d'un grand mouvement de tête lançant toutefois un regard inquiet sur les quelques morceaux du vase qui jonchent au sol je croise mes mains dans mon dos en affichant un de ces sourires à moitié hypocrites car je suis terriblement gênée que vous puissiez me poser bon nombre de questions sans que l'inverse se fasse bien sûr.
Petit, Loras était un grand avide de contes. Maintenant qu’il approchait de ses 26 ans, et maintenant qu’il découvrait le monde sous toute son horreur, la magie s’était éteinte en lui, ce qui était un comble pour un sorcier. Mais jamais il n’aurait imaginé être lui-même un être surnaturel, et jamais il n’aurait soupçonné l’existence d’autres créatures comme lui : Du moins, jusqu’à ce que sa sœur se fasse arracher la gorge par un vampire.
Ce qui l’avait toujours surpris, dans ces histoires, c’était l’importance des noms. Une identité. On les donnait sans y penser, on les échangeait librement... Tant que l’on n’avait rien à cacher, bien entendu. Savoir le véritable prénom de Blanchotte le ravit, puisque c’était une preuve de confiance en sa personne. Mais pouvait-on vraiment parler de confiance ? Etant donné qu’il était son patron, elle ne pouvait que lui obéir : Il n’y avait aucun respect dans une obligation.
Il hésitait maintenant à la questionner davantage, puisque la nature craintive de la jeune fille, ajoutée à leurs différences de position, le rendait certain qu’elle répondrait à toutes ses questions, même les plus personnelles. Même celle dont elle ne voudrait pas vraiment donner la réponse. Après une telle pensée, le voilà forcé de préciser :
« Bien entendu, je comprendrais que certaines questions restent sans réponses. » Et il ajouta, après un moment silencieux « ça ne me vexera pas. » Etant donné sa propre nature secrète, il ne pourrait en effet que compatir. « Mais avant de commencer notre… entretien (ça sonnait mieux qu’interrogatoire), je vais nous préparer du thé. Tu es libre de venir m’aider, bien sûr. » Et il partit sans demander son reste dans la cuisine, cherchant de quoi préparer la boisson.
Un maître qui travaillait pour lui et sa servante avait de quoi surprendre, mais Loras était très fier de sa cuisine, si l’on pouvait placer la préparation d’un bon thé dans cette catégorie. « Donc, dit-il en préparant tout le nécessaire, tu as grandi dans un lupanar ? »
(j'ai cette jalousie que possède les enfants cruels) l'enfance est affreuse destructrice et je vous jalouse jalouse pour la vie que vous menez car même si vous le dites même si vous tentez de me placer en tant que votre égale même durant quelques instants (c'est impossible) il y'a ce vide trop grand comme si comme si vous vouliez me tendre la main mais que le précipice était trop profond pour nous deux (j'ai ce quelque chose qui se) b r i s e en moi je suis les fragments de ce vase cassés quand vous dites que j'ai le choix je suis votre colère aussi votre regard et votre irritation car je suis lasse lasse de ce fin manège tiré par les plus grands nos bras emportés par les fils de cette société et nos sourires figés par les plus grands sculpteurs (nous sommes démunis face à cette réalité) on se prend des murs de désillusion sans même un saignement on est habitués à cette douleur de ce mensonge et je n'en peux plus je n'en peux plus chaque jour je me meurs de m'user pour garder les masques et afficher ce sourire (alors quand vous dites que le silence est autorisé) je ne vous crois pas je ne vous crois p l u s (alors quand vous dites que je suis) l i b r e de venir vous aider je ne peux qu'acquiescer et vous suivre vous suivre comme toujours car c'est tout c'est comme ça et on ne peut rien y faire c'est encré en moi vous savez (ou pas) car vous ne pouvez comprendre cet univers qui vous ai inconnu vous pliez aux ordres n'est pas la même chose pour que n o u s non non mes pensées précédentes s'évaporent ces rêves d'alchimie de non-secret entre vous et moi c'est terriblement impossible terriblement trop rêveur car nous serons tout le temps rattrapés par nos démons (nous sommes trop différents) mais je vous suis mes pieds s'agitent dépendants enivrés par vos paroles il n'y'a là aucune sorcellerie comme dans certains contes juste la triste réalité (d'un maître et de sa domestique) je me suis accrochée à l'espoir mais il m'a abandonnée seigneur pardonne-moi car l'espoir fait vivre (vos mots sonnent comme un glas dans mes oreilles) ce qui vous paraît si si curieux est un peu douloureux car c'est pas très drôle vous savez de grandir en ayant ni nom ni père en étant une gamine bâtarde comme certains diraient alors j'affiche ce visage amer des gens mécontents de ceux qui ont raison de se plaindre mais (le malheur c'est pour les gens riches) pour ceux qui ont le temps pour ceux qui ont des jupons plus froissées que la gourgandine d'en face et qui se plaignent de leur nouvelle parure le malheur devrait appartenir aux gens qui sont malheureux vous savez mais je ne suis pas malheureuse car je ne devrais pas l'être je vous ai vous après tout c'est le passé qui me rend ainsi le surplus et je dramatise j'en suis persuadée mais parfois parfois ça fait du bien de se penser un peu moins chanceuse que les autres d'hurler un bon coup que ça va pas (je suis jeune) mais je me sens si vieille mes mots sont aigres alors que je les voudrais doux un peu plus agressifs envers votre personne car je suis énervée mes mains se crispent quand je vous aide et mes sourcils se froncent c'est cela. ça doit vous paraître... un peu fantasque pour vous et vos difficultés différentes des nôtres mais ce n'est pas un milieu facile. si ça ne tenait qu'à moi, je serai devenue catin mais j'ai toujours été trop malade et trop chétive c'est... épuisant comme métier. je vous parle je vous parle comme si vous n'y connaissiez rien un peu condescendante un peu désagréable et puis, mon vrai talent est d'assembler les odeurs que ce soit avec des fleurs ou autres. mais d'où je viens, ça ne sert à rien. et vous ? si puis-je me permettre. comment vous avez grandi ? (j'espère que) vous vous sentirez coupable