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Special Unit • MOSTRO ♥

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Mezariel D. de SaintLouis
Mezariel D. de SaintLouis
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Mémoire de vie
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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptyJeu 26 Jan - 19:43
L’Angleterre… Mezariel y remettait les pieds pour la première fois depuis les ‘récents évènements’. L’amertume qu’il avait encore un peu en bouche ne le quittait plus depuis qu’il avait débarqué afin de réaliser la mission qui lui avait été confié par sa hiérarchie et l’infant ne parvenait pas à éclaircir ne serait-ce qu’un peu ses pensées. Fort heureusement, les personnes chez qui il devait se rendre étaient des ‘connaissances’ de sa famille, mais plus spécifiquement, des lycans.

Cela arrangeait bien les affaires de l’hybride, pour qui la nuit à venir s’annonçait virulente et impossible à contenir. Ce soir naissait la pleine lune, il l’avait prévu dans son calendrier de départ. Au moins, ses hôtes n’auraient rien d’étrange à lui redire à ce propos. C’était un poids colossal en moins pour les épaules du jeune homme.

Sa calèche arriva à l’endroit prévu avec une heure de retard. Le mauvais temps s’étant levé entre le moment où il avait débarqué du bateau pour mieux grimper à l’arrière d’un fiacre désigné à son intention, il avait été difficile pour le cocher de maintenir son attelage sur les routes accidentées menant à la villa où le Marquis était attendu. Toutefois, le bonheur de pouvoir enfin se dégourdir les jambes fut telle pour le susnommé qu’il ne trouva rien à dire au pauvre homme détrempé statuant sur son siège de conduite. Il eut même un sourire désolé pour ce dernier.

Ses hôtes arrivèrent bientôt, prenant en charge ses affaires et invitant même l’humain à entrer un peu le temps de se réchauffer près du feu. Mezariel ne fut aucun commentaire et n’eut à cœur d’agir que très poliment au cours de son accueil ; rien de plus et rien de moins. Heureusement, les nobles en face de lui ne lui en tinrent pas rigueur. Beaucoup de choses se bousculaient dans la tête du damoiseau ; aussi lui laisser un peu de ‘repos’ fut bientôt mis en application. On le guida vers sa chambre en précisant bien que sa fenêtre n’était qu’au premier étage et donnait sur les jardins reliés à la forêt non loin. Parfait, l’endroit idéal pour se laisser aller à la transformation mensuelle.

Mezariel dîna donc avec ses hôte, puis, lorsqu’il ne put plus contenir le loup agité dans sa poitrine, prit congé élégamment des autres loups – lesquels, en tant que sang-purs, pouvaient résister à cet appel lunaire qui faisait tant défaut à l’hybride.

Une fois dehors, ce ne fut plus un bellâtre blond qui prit une grande inspiration mais une bête splendide au pelage couleur blé. Les changements étaient toujours accueillis avec beaucoup de joie, aussi Mezariel ne perdit pas un instant avant d’aller courir à tombeau ouvert vers la forêt toute proche. Les odeurs se mêlaient agréablement les unes aux autres, rendant la nuit agréable à l’infant.

Et puis, brusquement, il se stoppa dans ses pérégrinations. Une fragrance avait attiré son attention. L’humidité ambiante ne permettait pas d’en situer la source exacte mais il aurait pu le jurer… Il y avait un autre loup dans les environs et il ne faisait pas partie de ses hôtes.
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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptyDim 29 Jan - 13:08
La pluie avait cessé de glisser sur ses poils, jadis immaculés et soyeux, pour mieux imprégner sa fourrure, devenue sale avec le temps, le glaçant jusqu’aux os. D’ordinaire, l’humidité qu’elle dégageait faisait ressortir la moindre subtilité dans les odeurs alentours. Vagabonder entre monts et vallées n’était jamais aussi agréable que sous une fine averse. L’herbe humide n’avait pas son pareil comme senteur du point de vue du jeune loup. Cependant, la pluie n’était agréable qu’à petites doses. Lorsque l’orage grondait, zébrant le ciel d’éclairs pour déverser son déluge sur les pauvres créatures qui parcouraient cette Terre, elle en devenait pénible, détrempant tout jusqu’à en mélanger les odeurs, ce qui gênait le moindre prédateur dans ses chasses quotidiennes. Mostro commençait à regretter la moindre goutte qui venait s’écraser sur sa truffe. Il était gelé. Depuis combien de temps n’avait-il pas pu se reposer devant un bon feu de cheminée ? Il n’était certes pas un animal de compagnie – bien trop grand pour se faire passer pour un chien – mais la chaleur d’un foyer lui manquait. Battre la campagne avait ses avantages mais également ses inconvénients. Sa fourrure était sale. Le loup faisait peine à voir. Avec ce temps, hors de question de se baigner au risque de geler pour de bon. Dans ces moments-là, il regrettait plus que jamais l’usage intensif de ces potions. Incapable de reprendre sa forme humaine, il ne pouvait prétendre qu’à l’occupation de fermes abandonnées, chose qu’il n’avait pas fait depuis un bon bout de temps. Toutes celles qu’il avait aperçues de loin grouillaient de vie, tant bipède que quadrupède et le jeune loup ne souhaitait pas se faire remarquer. Tromper les humains était une chose. En faire de même avec des animaux en était une autre.

Fort heureusement, l’orage semblait s’être calmé cette nuit-là. Seule la pluie continuait de tomber, empêchant un silence complet de s’installer. De toute façon, pour quiconque y prêtait une oreille attentive, une forêt n’était jamais totalement silencieuse, y compris la nuit. La faune nocturne se mettait en mouvement, prédateurs et proies se donnaient la chasse et les échos de leur cavalcade effrénée résonnaient entre les arbres. Une douce lueur parvenait toutefois à percer là où les conifères majestueux se faisaient plus rares. Mostro leva la truffe en direction du ciel. La pleine lune était là et avec elle, son besoin de chasse. Pour lui qui demeurait constamment sous sa forme animale, aucun changement physique ne venait ponctuer cette nuit, pourtant toute particulière pour un Infant lycan. Cependant, il se sentait nerveux, agité et l’accumulation d’eau dans son pelage détrempé n’en était plus la raison majeure. Sa partie lupine s’agitait. Et cela le perturbait toujours autant. Un comble quand on savait qu’il passait tout son temps à honorer cette forme. Soudain, il comprit pourquoi cela le rendait aussi mal à l’aise.

La proximité avec un autre loup.

La pluie l’avait empêché de remarquer tout de suite l’odeur, pourtant caractéristique de ces êtres. Ses proies. Mostro s’ébroua. Il ne devait pas perdre de vue son objectif premier, la raison de sa présence en ces terres étrangères qui le contraignaient à être loin du prince. Un grondement bas monta de sa gorge, filtrant entre ses crocs sur lesquels la lune se reflétait. Lentement, le chasseur se mit en route. Puisque sa proie avait le même odorat, si ce n’était un meilleur que le sien, il devait se montrer prudent. Et rusé. La prendre par revers, contre le vent et la pluie. Mais si lui avait pu sentir sa présence non loin, sans doute était-ce aussi le cas pour l’autre loup ? Mostro grogna de plus belle et entreprit de s’éloigner, bien décidé à faire le tour pour donner l’illusion d’avoir changé son itinéraire dans l’unique but d’éviter son congénère. Cependant, il ne tarda pas à revenir sur ses pas, suivant la trace de l'autre loup. A mesure que l'odeur s'amplifiant, irradiant sa truffe jusqu'à en devenir insupportable, Mostro accéléra. Il arriva à toute vitesse sur sa proie. Dans ce genre de situation, l'attaque prévalait sur la défense en terme d'efficacité. Il ne devait surtout pas laisser le temps à son congénère de riposter, ne sachant pas encore s'il aurait affaire à un lycan pur sang ou non. Généralement, ces derniers ne se transformaient pas lors de la pleine lune, probablement par mépris envers les Infants qui eux, n'avaient pas ce choix, évitant ainsi qu'on puisse les confondre. Dire que ces monstres avaient de la fierté à revendre... Au détour d'un bosquet, Mostro déboula dans la clairière d'où provenait l'odeur lupine, tous crocs dehors et les poils de la nuque hérissés.
Mezariel D. de SaintLouis
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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptyLun 30 Jan - 17:19
Il n’avait pas été suffisamment rapide pour éviter à ces furieux crocs sortis de nulle part d’entailler la peau de son cou. Mezariel, trop distrait pas ses premières constatations, n’avait pas prit convenablement acte de ce qui s’était passé. Il lui fallut quelques secondes avant de comprendre ce qu’il lui arrivait. Une attaque. Son sang ne fit qu’un tour et il prit la décision, dans un premier temps, de s’écarter du déchaîné ayant manqué de très peu de lui sectionner la gorge. L’infant déglutit ; il n’avait que très rarement vu pareil comportement chez ses pairs. Telle violence ne pouvait pas être due qu’à sa présence en ces lieux, n’est-ce pas ?

Abasourdi, l’hybride ne souhaitait qu’une chose : pouvoir se faire comprendre de son homologue. Avait-il affaire à un hybride, tout comme lui ? Ou alors était-ce là un sang pur ? Le français n’aurait su le dire avec exactitude ; sachant que toute sa vie durant, des sangs purs et des mordus l’avaient accompagné lors de ses sorties mensuelles au clair de lune. Ses hôtes actuels n’avaient pas semblés être d’humeur à sortir par un temps pareil, mais il ne faisait guère de généralité. Au final, Mezariel se rendait soudain compte qu’il connaissait assez mal tout un pan de sa propre espèce – plus ou moins.

Un frisson gagna son dos tandis qu’il se mit en position afin de faire face à l’ombre blanche qui l’avait pris en grippe. S’il ne faisait guère erreur, c’était un loup plutôt jeune, dans ses âges, même. Mezariel ne vit alors guère pour quelle saugrenue raison il aurait pu vouloir l’attaquer. L’hybride venu de France était en position de pacifisme et non pas de conquérant ; il n'avait aucune vues sur les terres qu’il foulait actuellement. Alors, afin d’éviter tout méprise et tout en se tenant suffisamment loin de l’autre paire de crocs pour éviter d’être une nouvelle fois blessé – la fine blessure près de sa gorge paraissait palpiter sans pouvoir s’arrêter -, il se mit à gratter le sol ; lui qui ne pouvait encore user de la parole humaine pour se faire comprendre sous cette forme devait employer les méthodes ‘anciennes’.

Laissant donc ses griffes creuser la boue sombre, il dodelina de la tête, cherchant à se faire le moins agressif possible ; l’autre ne devait pas prendre sa passivité pour de la provocation, surtout pas ! « Je ne suis pas une menace ! Pourquoi m’attaquer ? ».

Les communications lupines étaient bien moins travaillées et affinées que celles des humains, aussi Mezariel eut cette terrible impression de ne pas être suffisamment clair dans ses tentatives. « Qui es-tu ? Je ne te veux aucun mal. ». Il geignit et rabattit ses oreilles sur son crâne allongé, signe qu’il n’avait pas l’intention de passer à l’attaque – pour le moment, tout du moins, car Mezariel ne se sentait pas encore menacé de manière à être obligé de répliquer sur le champ. Il ne lui restait plus qu’à voir si l’autre individu de son espèce allait prendre en compte les informations qu’il venait de lui délivrer et… ce qu’il déciderait d’en faire.

Le cœur de l’hybride battait si fort qu’il en avait des résonnances dans les oreilles. Si combat il devait y avoir, il n’était pas certain de pouvoir prendre l’avantage.

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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptyMar 31 Jan - 13:12
Son attaque fulgurante lui communiqua un léger avantage sur son adversaire : sitôt aperçu dans la lueur blafarde de l’astre lunaire, Mostro n’avait pas perdu une seconde pour viser la gorge de sa proie. Celle-ci était distraite par quelque chose ? L’avait-elle pris pour un vulgaire congénère qui n’aurait pas eu de mauvaises intentions à son encontre ? Quoiqu’il en soit, le jeune loup fut presque surpris d’atteindre aussi facilement sa cible, bien que l’autre loup se soit rapidement écarté. Déjà, Mostro se remettait en position d’attaque, babines retroussées et oreilles rabattues sur son crâne en signe évident d’agressivité vis-à-vis de son congénère. A tout moment, il s’attendait à ce que ce dernier prenne pleinement conscience de la situation et se décide à riposter. Voilà pourquoi il ne bondit pas de nouveau en direction de sa proie. En parlant de celle-ci, son comportement était étrange. Elle paraissait hésiter. En quoi ? Son attitude à lui n’était-elle pas suffisamment explicite ?

Méfiant et intrigué à la fois, Mostro profita de la confusion chez sa proie pour prendre le temps de renifler les alentours. Le vent étant contre lui, les effluves émanant de l’autre loup lui parvenaient pleinement et bientôt, sa truffe s’anima frénétiquement. Il voulait savoir à qui il avait affaire. Lycan ou Infant ? Malheureusement pour lui, les odeurs de chacune des deux races, ordinairement difficiles à distinguer en temps normal, se mêlaient complètement sur son congénère. Avec l’humidité environnante, Mostro aurait bien été incapable de déterminer avec précision la nature de sa cible. Seule l’hésitation de cette dernière semblait pencher en faveur de l’une des races. Cependant, ce n’était pas suffisant.

Du mouvement en provenance de l’autre loup le fit se raidir. Prêt à bondir au moindre signe suspect venant de ce dernier, Mostro l’observa, intrigué. A quoi jouait-il ? Ayant grandi dans un univers uniquement constitué d’humains, le loup blanc ne comprenait pas bien les communications lupines. La plupart du temps, le langage du corps et des grognements explicites ponctuaient ses échanges avec ses congénères dans l’instant qui précédait la confrontation physique. Heureusement pour lui, sa proie tenta de mieux se faire comprendre, exprimant manifestement une attitude de soumission. Il ne voulait pas se battre ? Mostro avait rarement rencontré une proie aussi faible et reprendre l’assaut le tentait plus que jamais. Seulement… Un doute l’assaillit. Et pas de ceux que l’on peut aisément refouler jusqu’à l’oubli.

« Qu’es-tu ? »

Pourquoi l’autre loup ne reprenait-il pas sa forme humaine pour mieux communiquer en le voyant si indécis devant ces quelques tentatives pour s’exprimer en tant qu’animal ? Etait-ce une ruse ? Aucune aura malveillante ne semblait émaner de lui pourtant… Et si… ? Et s’il ne le pouvait tout simplement pas ? Soumis, comme lui, aux nuits de pleine lune ? Mostro détailla davantage sa cible, visiblement bien en peine de lui répondre en parlant. Pour couper court à son cinéma, le loup blanc grogna plus fort.

« Alors tu es un Infant. »

Un simple constat. Lequel amenait d’autres questions. Seulement, sous sa forme actuelle, l’autre loup ne pourrait pas poursuivre la conversation bien longtemps. Ironie du sort, chacun possédait un langage inaccessible à l’autre en dépit de leur nature similaire.

« Tu n’as rien à craindre de moi dans ce cas. Je m'excuse de t'avoir blessé. »

Prudemment, le loup blanc s'approcha de son congénère, mettant une patte devant l'autre, tout en laissant ses coussinets s'enfoncer doucement dans la terre ramollie par l'humidité ambiante. Mostro ne présentait plus aucune trace d'agressivité et voulait le démontrer à l'autre loup. Une fois à sa hauteur, il lui lécha le bout de la truffe en signe d'apaisement. Puis il se mit à remuer la queue, soulagé et heureux de rencontrer un autre Infant. Même si une partie de lui regrettait toujours de constater qu'il existait d'autres êtres aussi souillés que lui. Sa rancoeur envers les Lycans n'en était que plus tenace.

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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptyJeu 2 Fév - 21:22
S’il avait voulu jouer la carte de l’honnêteté, sans fioritures ni autre chose du même acabit, Mezariel aurait avoué alors qu’il n’avait pas été certain que ses tentatives pour apaiser l’autre loup fonctionnent réellement. Il avait bien dû se rendre à l’évidence, s’il se faisait encore attaquer, il n’aurait eu que peu d’option à sa disposition. C’aurait été soit répondre à l’agression de la même manière, soit fuir. Ni l’une ni l’autre de ces options ne l’avaient enchanté particulièrement. Muscles tendus, il s’apprêtait à bondir pour sauver sa peau une fois encore. Les esquives in extremis n’allaient pas le tirer d’affaire indéfiniment, c’était un fait.

Mais la surprise se fit l’invitée la plus grande entre les entrailles de l’infant lorsque l’autre loup… se mit à lui parler. Comme un humain. Avec des mots, des phrases construites et complètes. Quelque chose sur lequel, avec un minimum de jugeote, l’on ne pouvait se méprendre. Ah, que Mezariel enviait cette capacité qu’il était encore trop jeune sur l’échelle d’une vie de lycan pour pouvoir maîtriser. Lui, qui ne pouvait communiquer encore que par des gémissements et des arabesques de mouvements pour se faire comprendre se sentait soudain très… stupide. Voilà, c’était le terme qui paraissait lui convenir le mieux.

Il sursauta quelque peu et recula de quelques pas lorsque son homologue vint lui lécher le museau. D’instinct, Mezariel s’affaira à passer sa patte –ou plutôt la fourrure recouvrant sa patte avant – sur le bout de sa truffe. Il réalisa seulement à posteriori que ce geste anodin – et qui ne se voulait en rien insultant, loin de là – pourrait être très mal interprété par le loup blanc. L’hybride déglutit alors et se redressa sur ses coussinets, droit et fier comme le lui aurait surement dit de se tenir son père. Il ne comprenait pas encore toute la situation, mais avant tout, il fallait qu’il prenne bien acte de la non-agressivité de son camarade.

Ainsi donc, un autre Infant. Mezariel resta un instant dubitatif. Pour pouvoir parler, il devait être très vieux, sans doute même plus d’une centaine d’années songea le blond transformé. C’était à la fois très étrange et très grisant que de rencontrer un congénère, un semblable. Une personne qui partage le même genre de sang que sois et non pas à moitié seulement. A part sa cousine, Stella, morte des suites des volontés de sa meute, jamais Mezariel n’avait eu l’occasion de fréquenter un autre Infant de si près. Il s’imprégna de son odeur, comme s’il avait l’étrange instinct de se dire qu’il devait faire ainsi.

Puis, il revint gratter le sol, retournant la terre rendue meuble par l’humidité. « Pourquoi chasses-tu ici ? ». C’était une question à multiples facettes, car ce qui l’intriguait tout particulièrement n’était autre que certains des mots utilisés par le blafard. ‘Tu n’as rien à craindre de moi dans ce cas’… qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir signifier ? Mezariel songea alors à la possibilité qu’il puisse être un chasseur de lycans mordus, mais il douta lui-même de son hypothèse. Personne –et surtout pas un Infant – ne s’essaierait à pareille bêtise à moins de vouloir en finir une bonne fois pour toute avec la vie, n’est-ce pas ?
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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptyVen 3 Fév - 12:59
Cette réaction, instinctive chez son congénère, déstabilisa Mostro, plus qu’il ne l’aurait cru. Lui qui était si peu familier des us et coutumes des autres loups, pensait pourtant avoir bien agi envers l’inconnu. Sa partie lupine, tapie au fond de lui, lui avait commandé cet acte en apparence anodin vis-à-vis de l’autre loup. Et même s’il en ignorait la raison, à cet instant, le loup blanc avait ressenti ce besoin de lécher la truffe de son congénère, comme un signe d’apaisement et de rapprochement entre eux. Enterrée la hache de guerre. Pour un temps du moins. Sans doute que la solitude de ces dernières semaines d’errance à travers la campagne anglaise lui pesait plus qu’il ne voulait bien l’admettre et qu’il ressentait un besoin de compagnie plus présent qu’en temps normal. Oui, ce devait être ça. Néanmoins, le mouvement de l’inconnu le fit tressaillir et Mostro ne renouvela pas l’expérience, préférant de loin observer l’attitude de son congénère.

Ce dernier s’était remis à gratter le sol, certainement en vue d’une nouvelle tentative pour communiquer. S’il avait été sous sa forme humaine, nul doute que Mostro aurait soupiré. L’autre n’avait-il pas remarqué son incompréhension de ce genre de signaux ? Certes, il était un loup mais il n’en demeurait pas moins ignorant à ce sujet… Le loup blanc gronda de nouveau, un mélange de dépit, de frustration et de mécontentement. Penchant la tête sur le côté, il jeta un regard en biais à l’autre loup, comme pour s’assurer que ce dernier ne poursuivrait pas ses petites manœuvres, autant que pour lui faire comprendre que lui ne maîtrisait pas cette communication lupine, pourtant propre à ceux de leurs races. Cependant, un silence pouvait être interprété de bien des façons, aussi Mostro se résolut à reprendre la parole :

« Je ne comprends ce que tu essayes de me dire… »

Inconscient que ce type de réflexion risquait, soit de froisser son congénère, soit de lui penser qu’il n’était pas assez clair dans ses grattements, le loup blanc marqua une pause. Il ne pouvait pas complètement se sortir de la tête que cet Infant portait une autre odeur avec lui. Celle de véritables loups. Il devait en avoir le cœur net. Mais comment s’y prendre ? Evoquer la question de front ne semblait pas être la meilleure des solutions envisageables. Tout d’abord, parce que l’inconnu pourrait se méfier de lui et de ses intentions, à juste titre. Ensuite, parce qu’il ne pourrait pas forcément bien le renseigner à ce sujet. Peut-être vivait-il avec des Lycans ? Ce ne serait pas étonnant, quand bien même ces derniers ne portaient pas forcément les sangs-mêlées dans leur cœur. Des deux côtés, les Infants étaient méprisés. Tel était le sort qu’on leur réservait partout où ils mettaient les pattes.

« Mais je peux t’aider. Tu portes sur toi l’odeur que je pistais avant de te rencontrer. D’où viens-tu ? »

Oui. Il pouvait l’aider, lui, son congénère, un Infant, tout comme l’inconnu. Et s’il devait affronter un ou plusieurs Lycans pour l’en libérer, alors Mostro relèverait le défi. Cet Infant ne pouvait pas demeurer avec des loups, au risque de devenir comme eux, un véritable monstre.
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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptyDim 5 Fév - 21:02
C’était de plus en plus étrange, comme situation. Mezariel tâchait de se faire comprendre au mieux, pourtant… N’importe quel loup un tant soit peu aguerri aux signaux visuels de leur espèce aurait dû être à même de déchiffrer ces simples signaux. L’infant plissa les paupières tout en observant son homologue blanc. A l’instant même où il avait prononcé ces mots-là, pour lui faire comprendre que sa gestuelle lupine était inutile avec lui, Mezariel se sentit frissonner. Il y avait comme un singulier instinct qui le prenait au corps, tout entier, pour ne plus le laisser filer. Il renifla bruyamment, claqua des dents et prit le temps de la réflexion.

Peut-être que personne ne l’avait formé à la compréhension des signaux que les loups s’envoyaient parfois, mais cela étonnait grandement le demi-loup, qui avait reçu cette éducation dès que son père l’avait jugé apte à pouvoir se concentrer dessus. Une mauvaise impression, comme un pressentiment mal venu, le tourmenta alors. Mais il voulait ardemment refouler ces mauvaises pensées qui ne le menaient – et ne le mèneraient – nulle part. Alors, écoutant attentivement les mots de son camarade, Mezariel fit volte-face afin de faire demi-tour. Peut-être pouvait-il aider l’autre chasseur à dégoter sa proie ? Celle qu’il recherchait et avec laquelle il avait confondu Mezariel… Un signe de tête plus tard pour enjoindre le blafard à le suivre et l’infant noble était parti en direction retour, de là d’où il venait.

Ce n’est qu’en prenant le temps de mettre ses pensées en ordre qu’il eut une supposition lui glaçant les sangs. Et si… L’autre infant chassait le lycan de sang-pur ? Après tout, il l’avait attaqué tout à l’heure, avant de se rendre compte de son erreur… Se pourrait-il qu’il soit de ce bord-ci ? Mezariel avait du mal à se l’imaginer de la sorte, les loups étaient – en général, bien qu’il existe des exceptions comme tout à chacun – des êtres portés davantage sur la cohabitation que l’élimination. Les guerres de meutes et clans pouvaient éclater, bien sûr, mais jamais à ce niveau-ci. Des cas isolés n’apparaissaient que lorsqu’une transformation d’humain à loup se passait mal ; sinon pourquoi vouloir attaquer ses semblables ? Il déglutit, se retournant vers son camarade lupin, lui lançant un regard bleus qui aurait pu vouloir dire « Tu n’es pas un ennemi, n’est-ce pas ? ».

Mais il avait beau scruter, Mezariel ne distinguait rien de valable. Et, c’est au moment où il allait japper – plus par instinct qu’autre chose – qu’une forme longiligne s’approcha d’eux. C’était Maria, l’une des louves domestiques de la famille lycane chez qui Mezariel logeait alors. Le demi-loup la reconnaissait entre mille avec son pelage gris cendre et ses yeux jaunes à la vivacité rare. Immédiatement, Mezariel vint s’approcher d’elle, pour la mettre en confiance. Sans doute ses hôtes se faisaient-ils du souci pour lui ? Le français espérait bien que non, leur causer du tort était bien la dernière chose qu’il souhaitait avoir fait.
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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptyMar 7 Fév - 12:39
L’espace d’un instant, Mostro crut que l’autre loup allait flairer le piège. Ce genre d’expression était tout particulièrement adapté à ceux de leur espèce lupine, Lycans et Infants confondus, puisqu’ils analysaient leur environnement avec leur truffe la plupart du temps. Et puis, n’importe quel congénère se serait interrogé sur la nature de la proie que prétendait convoiter le loup blanc, puisque lui-même semblait l’avoir confondu avec un semblable. Un loup en chassant un autre… Tout ceci ne risquait-il pas d’alarmer l’inconnu ? Mostro fit de son mieux pour masquer sa nervosité grandissante, s’efforçant de paraître neutre et détendu. Contre toute attente, il semblait s’être inquiété pour rien car l’autre loup ne tarda pas à faire volte-face, visiblement pour le conduire jusqu’à sa demeure. Ce constat le ravit et il ne se fit pas prier pour le suivre. Toutefois, le loup blanc demeurait sur ses gardes et le long coup d’œil appuyé que lui adressa en biais son congénère lui rappela de se montrer prudent quant à ses intentions. Il devait en avoir le cœur net, débusquer ces maudits monstres jusque dans leur tanière et les tuer jusqu’aux derniers. Peut-être que cela allégerait quelque peu son fardeau, celui d’être toujours prisonnier de sa forme animale. Et si, quelqu’un, avait décidé de le punir pour ses actes en l’enfermant dans cette même enveloppe lupine ? Si Mostro avait élevé au sein d’un ordre religieux bien qu’extrême dans ses pratiques et respectait autant qu’il craignait leur Dieu, il ne pouvait pas croire que ce dernier déciderait de punir ceux qui œuvraient en son nom. En somme, ce genre de réflexions ne le menait nulle part.

Tandis qu’ils progressaient lentement, dissipant la légère brume humide qui enveloppaient leurs silhouettes détrempées, du mouvement attira son attention. Oreilles dressées, truffe en l’air, le loup blanc pilla net. Attentif à son environnement, il remarqua lui aussi la forme quadrupède qui s’approchait d’eux. Sa truffe s’anima de plus belle, l’identifiant comme un autre loup. Un Lycan. La nervosité le gagna de plus belle. Ses craintes étaient fondées : son congénère Infant était bel et bien élevé par des Lycans. Et à en juger par les multiples odeurs qui émanaient de la nouvelle venue, il en existait d’autres. Mostro demeura impassible devant le spectacle qui se jouait, celui de l’Infant venant à la rencontre de la Lycanne, tel un chiot courant vers sa mère. En son for intérieur, il pesait le pour et le contre de ses prochaines actions. Sa partie lupine lui hurlait de passer à l’assaut, l’Infant n’étant pas véritablement une menace, quand bien même il se déciderait à joindre ses forces à celles de la Lycanne. Néanmoins, en agissant ainsi, il ruinerait ses chances de retrouver la trace des autres Lycans en perdant son guide dans la bataille. Non, il lui fallait être plus malin que ces monstres.

« Alors c’est donc vrai… Il y a d’autres loups dans les environs. » commenta-t-il à voix haute, presque pour lui-même et surtout, pour attirer l’attention de la Lycanne sur lui.

Comment s’y prendre désormais ? Le loup blanc ne savait rien de l’inconnue, pas plus qu’au sujet de l’Infant d’ailleurs. Quel lien les unissait ? Qui était-elle et quel rôle jouait-elle auprès de son congénère au sang-mêlé ? Mostro décida de jouer la carte de l’honnêteté feinte, usant de son apparence pour le moins pathétique afin de convaincre son interlocutrice.

« Je cherchais un refuge pour la nuit, loin des humains… Quand je suis tombé sur lui. » commença-t-il alors, essayant de taire l’envie de sauter à la gorge de la Lycanne, celle-là qui lui apparaissait délicieusement accessible pour ses crocs avides de sang lupin.

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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptyDim 12 Fév - 20:19
Mezariel avait sincèrement pensé bien faire en guidant cet autre infant sur le chien de sa demeure provisoire. Il fallait bien dure ce qui était ; croiser un autre individu partageant sa particularité était chose si rare qu’il s’était sans doute laissé un peu submergé par la curiosité, abandonnant là son naturel méfiant envers les races supérieures aux êtres humains en terme de force et de folie – quoi que ce dernier point restait tout à fait discutable. L’arrivée de Maria le ramena quelque peu sur la terre ferme. Elle savait mieux que personne quoi faire et comment le faire, dans cette situation. Car, après tout, Mezariel jamais n’avait été formé à savoir bien réagir vis-à-vis de ce genre de rencontre.

La louve parut peser le pour et le contre, scrutant le loup blanc avec une certaine intensité. Le demi-loup français observait tout ceci d’un air détaché, attendant plutôt la suite des évènements, baillant par deux fois alors qu’il tâchait également d’apprendre de sa comparse – car ce n’était pas parce que leur rangs différaient qu’il ne pouvait apprendre des réactions de la lycane, après tout ! Un loup reste un loup, les dignités et autres rangs n’avaient pouvoir qu’au sein d’une société humaine, d’une cour ; pas en pleine forêt sous cette apparence. Seule la puissance brute et le charisme demeurait de l’enveloppe humaine une fois le loup revenu à son état primaire.

Maria inclina la tête sur le côté. « Qui es-tu ? Quel est ton nom, étranger ? » demanda-t-elle d’une voix neutre. Ah, ce que Mezariel pouvait envier la mordue ! Elle au moins pouvait s’exprimer convenablement dans une langue qu’il comprenait autant que celle des bêtes de meute – chose qu’apparemment, le second loup ne parvenait pas à appréhender convenablement. C’était ainsi, aussi l’Infant attendit patiemment, ne cherchant pas à brusquer les choses.

Finalement, son regard croisa celui de Maria et, avec une rare élégance, elle hulula vers le ciel. Il n’y eut aucune réponse à ce son divinement beau aux oreilles de Mezariel mais il avait compris ce qu’il en était. Elle avait prévenu ses hôtes qu’elle avait retrouvé Mezariel entier et que les choses étaient désormais sous contrôle. Le demi-sang tilta à cet instant qu’elle avait sans doute dû voir la légère plaie à son cou. Il tâcha de lui faire comprendre que ce n’était rien, qu’il n’y avait guère lieu de s’inquiéter. La louve parut septique mais vint lécher la blessure avant de dépasser l’infant, l’invitant lui et le second loup à la suivre.

Mezariel arqua ses pattes avant pour enjoindre l’étranger à suivre ses pas ; on aurait pu le comparer à un jeune chiot curieux – ce qu’il était tout de même un peu, la forme louve lui retirant ses convenances de marquis. Maria les conduisit jusque dans une grange appartenant à ses maîtres. Elle poussa la large porte de son museau grisâtre puis fit volte-face. « Vous pouvez passer le reste de la nuit ici, le temps de vous retransformer tous les deux, si le cœur vous en dit. Mes maîtres ne doivent pas être dérangés alors je resterai ici pour vous protéger tous les deux s’il le faut. Il fait plus chaud à l’intérieur et au moins la pluie ne sera pas une menace. »

Mezariel opina du chef, allant s’installer à l’intérieur, se couchant sur un tas de paille confortable. Son regard bleu couleur ciel s’agrafa ensuite sur la silhouette de son camarade dont il ne savait pas grand-chose. Il espérait seulement qu’il prendrait le parti de faire confiance à Maria et de venir se reposer ici. La nuit avait été suffisamment éprouvante ainsi !
Mostro
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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptySam 18 Fév - 11:16
Se faire dévisager de la sorte – pour ne pas dire analyser – était particulièrement déplaisant. Ajouté à l’odeur lupine, celle de ses semblables, qui envahissait l’espace et sa truffe, la situation devint rapidement une véritable torture pour Mostro. Son instinct lui commandait d’ignorer la prudence, tout juste bonne pour les faibles et sauter aussitôt au cou de la Lycanne. Cependant, sa conscience humaine s’y opposait, le rendait tout aussi indécis quant au comportement qu’il devait adopter. Finalement, il choisit la prudence, s’efforçant de convaincre sa bête – et lui-même par la même occasion ! – du bien-fondé de cette décision, argumentant qu’il valait mieux en apprendre davantage sur cette meute avant de passer à l’attaque. Si toutefois, il se révélait rapidement que ses interlocuteurs étaient les seuls loups arpentant les environs, alors Mostro ne se retiendrait pas d’agir. Le cas échéant, il était préférable d’obtenir davantage d’informations sur l’emplacement exact de leur tanière et surtout, sur le nombre d’individus composant ladite meute. Jusqu’à présent, l’Infant avait toujours attaqué des cibles une par une, quelques fois en binôme mais le fait demeurait exceptionnel. Il avait cruellement conscience que ses capacités physiques n’égaleraient jamais celles d’un Lycan né, ou même un Vampire. S’il avait une chance de s’en sortir face à des créatures mordues pour l’une ou l’autre des deux races citées, attaquer de front un groupe entier n’était pas conseillé. A moins de vouloir y passer bien entendu. L’attente parut interminable. Si le loup blanc se retenait à grand peine de s’agiter ou montrer les crocs envers la nouvelle venue, si cette dernière persistait à l’évaluer de la sorte, il risquait bien de céder à l’appel de sa bête. Comme si elle prenait soudain pleinement conscience, l’inconnue s’anima et s’enquit de son identité.

« Caleb. Un simple loup errant. » répondit-il après quelques secondes, un rictus retroussant ses babines.

Dans le monde lupin, prétendre répondre au nom de Caleb, revenait à s’appeler « John » parmi les humains anglophones. Un prénom tellement répandu au point de permettre à ses porteurs de se fondre dans la masse des inconnus. La Lycanne avait-elle relevé le sarcasme de sa réponse ? Dans tous les cas, Mostro n’eut aucun moyen de le découvrir car elle n’afficha rien de particulier en entendant celle-ci. Si elle était agacée, son interlocutrice n’en montra rien. Contre toutes attentes, elle finit par les conduire vers un lieu sec, qui leur offrirait à tous les trois un abri pour la nuit. Par-delà la grange, le loup blanc aperçut des lueurs dans la nuit. Celles-ci étaient en hauteur, laissant présager qu’il s’agissait d’une maison. Et imposante à en juger par leur nombre et leur altitude. La tanière en question ? Un frisson lui secoua la nuque et il dut se retenir de grogner. Par chance, il se trouvait à l’arrière de l’étrange procession qu’ils formaient tous les trois, si bien que ni la Lycanne, ni son congénère ne remarquèrent son trouble passager. Mostro ne rechigna pas à pénétrer à l’intérieur de la grange. Son esprit s’évertuait à trouver un plan pour la suite. Il lui fallait en effet se débarrasser de la Lycanne pour espérer échapper à sa surveillance et s’approcher du manoir silencieux non loin de là. Le tout, sans se faire voir par l’autre Infant, lequel risquerait de prendre naturellement partie pour la louve, au risque de compromettre les plans du chasseur. Mostro s’allongea dans un coin, faisant mine de vouloir dormir. Toutefois, ses oreilles et sa truffe restaient à l’affut. C’est ainsi qu’il perçut la respiration ralentie de son congénère. L’Infant devait avoir cédé au sommeil. C’était le moment d’agir !

Lentement, le loup blanc ouvrit les yeux, analysant brièvement son environnement avant de se redresser. Son mouvement n’échappa pas à la Lycanne, laquelle lui adressa un regard inquisiteur. Mostro s’approcha d’elle sans rien dire, évaluant mentalement la distance et le temps qu’il lui faudrait pour l’abattre. Avant qu’elle n’ait le temps d’ouvrir la gueule pour poser verbalement la question qui persistait à briller dans ses yeux, le loup blanc lui sauta à la gorge. Elle émit un glapissement de surprise avant que les crocs ne se referment sur elle. Le pelage puis la chair n’offrirent aucune résistance. Mostro les perça un par un, jusqu’à ce que le goût caractéristique du sang se répande dans sa gueule. Celui-ci, métallique, électrisa sa bête, lui faisant resserrer inconsciemment son étau mortel. Son existence même était un blasphème. Et lui existait pour chasser ces abominations. Elle n’avait aucun droit de rallier l’un de ses malheureux congénères à leur cause ! Le corps retomba mollement sur le sol. Etait-elle encore en vie, agonisant ? Il n’en savait rien et ne perdrait pas le temps à le vérifier. L’odeur du sang ne tarderait pas à sonner l’alarme parmi les Lycans, aussi Mostro ne s’éternisa pas à l’intérieur de la grange. Il fila aussitôt en direction du manoir qu’il avait repéré plus tôt.

Une course contre la montre s'était engagée. S’il ne parvenait pas à tous les abattre – même en ignorant précisément leur nombre – sa seule option serait la fuite. La queue entre les pattes. Le loup blanc redoutait d’en arriver à cette extrémité, sachant pertinemment que les Lycans avaient la rancune tenace et qu’ils le traqueraient aussi longtemps que ce serait nécessaire pour se venger. Dans le fond, s’il pouvait les amener jusqu’à lui plutôt que d’avoir à les chercher, c’était certainement une bonne chose. Sauf si ses adversaires se décidaient à attaquer en bande. Là, les choses se corseraient pour lui. Rapidement, les murs du manoir émergèrent des ténèbres à mesure qu’il se rapprochait à toute vitesse. Avisant une porte sur la droite, le loup blanc obliqua dans cette direction. A première vue, il ne devait pas s’agir de l’entrée principale, probablement la porte donnant sur le jardin ou les cuisines pour les domestiques. Mostro ralentit l’allure pour pénétrer à l’intérieur du manoir sans réveiller tout le monde. Il avait vu plus ou moins juste : il déboucha dans une sorte de débarras, où l’on semblait entasser divers outils pour entretenir le jardin appartenant à la demeure. Quelque peu décontenancé par ce décor, le loup blanc progressa prudemment. Un rai de lumière horizontal et relativement bas plusieurs mètres devant lui, l’avertit de la présence d’une seconde porte, laquelle déboucha sur un couloir éclairé. L’odeur était plus forte, et ce, en dépit du sang qui collait déjà à ses babines. Quelque soit la première personne dont il croiserait le chemin, Mostro se doutait d’afficher un spectacle d’épouvante : fourrure trempée et sale, regard fou et gueule pleine de sang. Qu’importe, il se mit aussitôt en chasse, ayant repéré une piste qui ne tarderait pas à le conduire jusqu’à un petit salon. Une femme s’y trouvait. Paisible. Un peu moins lorsqu’elle prit conscience de la présence de l’intrus. Son regard se durçit.

« Qui êtes-vous ? De quel droit osez-vous vous présenter sous cette apparence devant moi et sans y être invité ? »

Un grondement sourd monta de sa gorge. Andrea Berkeley avait ressenti le danger. Son sang ne fit qu’un tour. En tant que future maman, son instinct prit le dessus sur les us et usages lors d’une pareille situation. L’inconnu était menaçant. Il présentait un danger pour son bébé et elle n’hésiterait pas à lui arracher la tête à mains nues s’il le fallait.
Mezariel D. de SaintLouis
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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptyLun 20 Fév - 10:44
Il s’était fait avoir d’un bout à l’autre de la rencontre. Désormais qu’il le réalisait, Mezariel sentait des émotions très différentes les unes des autres le prendre de toute part au sein de son corps de loup. Il y avait la rage, la peur, l’angoisse. Mais il y avait aussi l’envie de tuer. Prenante, imposante, impossible à ignorer. L’infant avait beau être d’une nature douce et tendre lorsqu’il était sous sa forme humaine la plupart du temps, sa bête tapie au fond de ses côtes, elle, n’aurait su dire non bien longtemps à une chasse. Surtout de ce genre-là. Ses babines se retroussèrent.

Il s’était laissé surprendre dans son sommeil et estimait avoir eu de la chance que l’autre loup blanc ne s’en prenne pas à lui. L’agitation l’ayant tiré de sa torpeur, il avait immédiatement voulu réagir, mais la tétanie s’était mêlée au reste et il avait été incapable du moindre mouvement tant que le corps lourd de Maria ne s’était pas étendu sur le sol. Là, après le vacarme provoqué par la fuite de son ‘camarade’ nommé Caleb, Mezariel s’approcha de la louve mordue les ayant guidée jusqu’ici pour leur sécurité et renifla l’amère odeur de sang qui vint couler à ses narines. Cette dernière émit un sifflement avant de parvenir, par un effort surhumain, à aligner quelques mots « Mes maîtres… Il est parti… vers le manoir… Mes maîtres… »

Inutile d’en dire davantage, Mezariel avait bien comprit la situation. Aussi, même si laisser Maria dans un tel état, seule, ne l’enchantait guère le moins du monde, l’infant décida de parer au plus urgent. La lycane elle-même le lui avait implicitement demandé, il l’avait parfaitement comprit en dépit de leur incapacité à communiquer correctement, à la vue de l’actuelle et terrible situation.

Ni une ni deux, le loup couleur blé s’élança à travers les buissons, tâchant de rejoindre le manoir Berkeley le plus vite possible. Sur le chemin, ne ménageant en rien ses pattes, il songea que tout était probablement de sa faute. Il n’aurait pas dû chercher à être sympathique et bienveillant envers cette créature-ci. L’animal lui ressemblant était en réalité bien plus dangereux que son apparence le laissait suggérer. La blessure à son cou pulsa de nouveau, lui rappelant qu’au départ, il avait tout de même était attaqué par cet inconnu. Mezariel serra les mâchoires. Il avait été bête et stupide de vouloir croire en la bonne foi de cet inconnu. Maintenant que son forfait avait été accompli, l’autre désirait encore plus de sang dans sa gueule. Sauf que non, jamais. L’hybride blond ne laisserait pas les choses se dérouler ainsi. Plutôt mourir !

Il réalisa alors qu’au sein de la demeure Berkeley, la maîtresse de maison était enceinte. Son sang ne fit qu’un tour. Mezariel était très sensible face à ce statut-ci, réservé aux femmes et si particulier. Il ne permettrait pas que quiconque puisse poser la main – ou le croc pour le coup – sur elle.

Parvenue jusqu’au dit manoir, il n’eut aucun mal à suivre la piste de l’étranger l’ayant attaqué et remonta bien vite elle chemin le guidant jusque dans les entrailles de la maison. Là, il tomba sur le coupable, de dos. Peut-être l’avait-il senti, peut-être pas, mais Mezariel sentit le parfum si particulier de la dame Berkeley non loin et se doutait bien de la suite des évènements s’il n’intervenait pas.
N’attendant pas une minute de plus pour agir, il bondit en traître sur le loup blanc, le saisissant de ses crocs tout sorti au niveau du cou. Il ne voulait pas non plus le tuer, juste l’immobiliser afin qu’il ne soit plus en mesure de représenter une menace. Le chambardement était tel que les grondements remontèrent dans les couloirs de la demeure luxueuse. Les deux bêtes étaient pour autant bien trop à l’étroit dans ce petit passage. Les choses ne pourraient trouver une issue plus désastreuse.

C’est alors qu’Andrea décida d’intervenir en ouvrant l’immense baie-vitrée de son salon ouvragé Mezariel capta vaguement l’ordre masqué de sa ‘consœur’ en jetant un regard furtif aux actions de cette dernière et fit de son mieux pour traîner – ou balancer, tout dépendait du point de vue – le maudit loup menteur à l’extérieur. Ceci fait – et ce n’avait en rien été une mince affaire, loin de là -, Mezariel fut le pied de grue devant la baie vitrée que la maîtresse de maison avait pris soin de refermer derrière eux. Andrea ne manquait ni de courage ni d’astuce mais il lui fallait désormais aller se mettre à l’abri – plus qu’à présent, en tous les cas.

De son côté, l’infant français, se sentant trahi plus que jamais, enfonça ses griffes ans le sol, baissant la tête pour mieux dévoiler ses crocs luisants sous la lune émergée tout juste des nuages. L’air était lourd, oppressant, mais Mezariel ne se laisserait pas impressionner. « Pourquoi ? » émit-il en un gémissement, bien qu’il sache cette entreprise potentiellement inutile. L’autre ne comprenait pas la langue des loups. Mais, peut-être qu’instinctivement, il comprendrait l’essence de cette demande-ci. Dans les yeux bleus de Mezariel baignait une centaine de questions et de douleur. Pourquoi l’avoir trahi ?
Mostro
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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptySam 25 Fév - 12:03
Le sens olfactif d’un loup ne trompait pas. Du moins, c’était ainsi que l’Infant considérait les capacités sensorielles de sa truffe. Ironique quand on savait jusqu’à quel point il avait été berné par son amant occasionnel. Cependant, il n’en avait pas conscience pour le moment. L’horreur de la chose lui apparut dans toute sa beauté. Cette Lycanne était enceinte ! Elle portait la vie en elle ou plutôt, une future abomination, laquelle viendrait grossir leurs rangs par la suite. La stupeur fit hésiter Mostro une seconde. Celle de trop, qui permit à son congénère de le prendre en traître. Le loup blanc couina de surprise pour de douleur avant de se débattre comme un pauvre diable, grognant de plus belle. L’image du regard doré de Maria tandis qu’il lui perçait la gorge lui revint en mémoire et Mostro paniqua, s’imaginant que trop bien comment l’Infant pourrait lui infliger la même chose. Ce ne fut heureusement pas le cas pour lui. Loin de cisailler sa chair, les crocs de son congénère s’immobilisèrent soudain, entravant sa liberté et sa respiration mais sans aller jusqu’à lui infliger une morsure fatale. Ce constat rengahardit le loup blanc qui s’agita encore plus. Il s’en voulait de s’être fait prendre par surprise, bêtement, comme un vulgaire débutant. Ce qui se passa autour de lui échappa à son contrôle. Mostro gronda plus fort en se voyant traîné loin de sa cible, pire, jeté dehors comme un malpropre. A peine relâché par l’autre Infant, il se remit sur ses pattes, plantant son regard dans celui de son congénère, poils de la nuque hérissés et crocs découverts en signe évident d’agressivité.

« Ne te mêle pas de ça gamin ! Ce sont nos ennemis ! »

Voyant que l’autre loup ne bougeait pas davantage, l’empêchant d’atteindre le manoir sans avoir à engager le combat. Sauf que l’Infant n’était pas son adversaire ! Pourquoi diable ne le comprenait-il pas ?

« Pourquoi crois-tu que des horreurs de sang-mêlé comme nous existent ? A cause d’eux ! Écarte-toi ! »

Pourquoi nier l’évidence ? En raison de leur statut si particulier, ils ne pouvaient prétendre à rejoindre aucune des deux races dont ils portaient cependant l’essence en eux. Seul le statut de paria s’offrait à eux, les condamnant à une existence de soliraire. Et non satisfaits de souiller les humains, ils se reproduisaient même entre eux ! Pourquoi l’autre ne voulait-il pas comprendre cette réalité ?!

« Tu n’es pas mon ennemi. Mais si tu te dresses entre moi et mes proies, alors je t’éliminerai comme les autres. »

Même en disant cela, la douleur lui creva le cœur. Pour une fois qu’il rencontrait un des siens… Il était obligé de le tuer. Mostro se ressaisit. C’était la mission qu’on lui avait confié, celle pour laquelle il existait. Il ne devait pas hésiter. Pas maintenant. Alors que le loup blanc s’apprêtait à passer à l’attaque, une ombre se projeta sur eux, bientôt suivi d’un raclement, celui de la porte qu’avait ouverte Andrea quelques instants plutôt pour permettre à l’Infant de jeter l’agresseur dehors. Helson Berkeley les toisait tous les deux d’un regard dur, réprobateur. Connu pour être plus diplomate que son épouse, il n’en demeurait pas moins catégorique dans ses décisions, n’hésitant jamais à aller au bout de ses idées.

« Tes fréquentations laissent visiblement à désirer Mezariel. »

L’assurance émanait de lui, comme celle que l’on pouvait s’attendre de constater chez un homme qui était ici chez lui. De plus, un Lycan mâle adulte constituait un réel challenge pour Mostro, si ce n’est une menace. Cet adversaire-là serait dangereux. Le loup blanc grogna de plus belle quand l’autre posa les yeux sur lui.

« Cesse de grogner clébard. Ou dois-je t’apprendre les bonnes manières avant d’obtenir les réponses à mes questions ? »
Mezariel D. de SaintLouis
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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptyLun 27 Fév - 12:08
Que les choses deviennent encore plus catastrophiques qu’elles ne l’étaient déjà, Mezariel n’aurait jamais pu se le figurer. Maria terriblement blessée, la dame de maison, Miss Andrea presque sous la menace d’une rangée de dents traitresses et finalement… Cet autre Infant en qui il avait cru pouvoir avoir confiance. En son être et conscience, le français avait mal, atrocement mal. Plusieurs raisons venaient s’ajouter les unes aux autres, comme sels intempestifs sur des plaies déjà ouverte. Au fond, il avait parfaitement en tête qu’il n’aurait jamais dû accorder sa confiance aussi tôt que cela à un autre individu, fut-il un loup tel que lui.

Son père et Nao lui avait déjà dit et répété des dizaines de fois que la confiance ne s’acquiert qu’au bout de plusieurs preuves concrètes et de bonne foi de la part des deux parties concernées. Encore une fois, l’hybride estimait qu’il n’en avait fait qu’à sa tête et que le retour des choses lui était légitimement imputable. Il aurait dû être plus prudent. Mais il n’était guère décidé à commettre une seconde fois la même erreur. Il n’accorderait plus le même crédit aux paroles de son confrère, quand bien même elles pourraient se révéler tentatrices. Son instinct aurait sans doute réagit bien mieux s’il n’avait pas oublié la morsure de son cou comme s’il n’avait été question que d’une bête écharde. Imprudent, il avait été beaucoup trop imprudent.

Ses muscles se tendirent sous la mauvaise surprise contenue dans les mots de son semblable. Des horreurs comme eux ? Le pensait-il réellement ? Ces palabres étaient de l’acide sur son esprit, son ressenti, ses sentiments. Comment pouvait-il dire une chose pareille ? Oh, certes, il se souvenait que plus jeune, il avait lui aussi tenu semblables propos… Mais c’était une chose qui appartenait –majoritairement – au passé. Ses proches lui avait fait comprendre qu’il était dans l’erreur. Une pensée le traversa alors… Cet autre infant, était-ce vraiment à lui qu’appartenait ce discours ? Mezariel se sentait étrange face à tant d’incohérence. Il songea qu’il y avait forcément quelque chose derrière, quelque chose qui pourrait potentiellement, peut-être pas pardonner, mais au moins comprendre les réactions étranges de Caleb – ce nom était-il aussi le sien ou non, d’ailleurs ? Pas le temps de se pencher dessus.

Mezariel émit un gémissement plaintif, persistant dans ses tentatives de communications qu’il savait avoir de grande chance de ne pas être comprise le moins du monde. Toutefois, il ne désespérait pas. Pas totalement, tout du moins.

En réalité, il commença à entrevoir la situation d’un mauvais œil lorsque la voix de l’Alpha local s’éleva dans son dos. Trop occupé à essayer de comprendre le second Infant, Mezariel ne l’avait même pas senti approcher. Une erreur qui aurait pu lui couter très cher en d’autres circonstances. Il continuait sur la voie des erreurs basiques et intolérables pour quelqu’un de son âge. Serrant les dents à l’écoute des dires de Sir Berkeley, le de SaintLouis ne concéda cependant pas à laisser les choses se dérouler comme il le pressentait. Si l’Alpha souhaitait poser des ‘questions’ à Caleb, ce n’était en rien innocent et il serait très probablement tué immédiatement après. Le français voulait à tout prix éviter cela mais ceci le plongeait donc dans une situation très déplaisante. D’un côté il voulait sortir son camarade de ce très mauvais pas et de l’autre… il ne souhaitait pas mentir à ses hôtes, c’aurait été très incorrect de sa part.

Il décida d’aviser à l’instant présent. Pour l’heure, tournant le dos à Caleb – peut-être une preuve qu’il n’avait pas encore totalement perdu foi en ce dernier – Mezariel tâcha de communiquer avec le maître des lieux, qui lui comprenait le langage des loups étant donné sa nature de sang-pur.

« Laissez-moi le conduire plus loin dans ce cas ! Les humains alentours… ». L’enchaînement de grondement et de claquements de dents n’avaient peut-être aucune clarté pour Caleb mais ce ne fut pas le cas pour le chef de maison, qui comprit immédiatement.

« Tu as raison, oui. Conduis-le en forêt, je vous y rejoins bientôt. Je ne tiens pas à provoquer d’avantage de frayeur chez mes enfants et les humains du voisinage ne doivent pas se douter de l’existence de cette créature. »

Rassurez par la fonctionnalité de son plan, Mezariel pria ensuite très fort pour que l’autre Infant ne fasse pas trop de vague. Il était dans don intérêt de comprendre que sa vie était plus que jamais menacée présentement. Il lui lança un regard qui se voulait entendu et entama un court trop vers la forêt toute proche. Il fallait l’éloigner le plus possible de cette résidence. S’il n’était pas décidé à le suivre, Mezariel devrait utiliser la force… Et il n’en avait en rien envie.
Mostro
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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptyMer 8 Mar - 15:29
L’arrivée du maître des lieux – potentiellement l’Alpha étant donné l’odeur qui émanait de lui – changea radicalement la donne. Si Mostro pensait avoir une chance de réduire les effectifs ennemis grâce à l’effet de surprise occasionné par son attaque soudaine, il voyait ses chances de s’en sortir diminuer à vue d’œil. Le nouvel arrivant dégageait l’assurance de quelqu’un qui se sait sur son territoire. De plus, le loup blanc n’avait pas l’avantage physique face à un Lycan de sang pur et celui-là, dans la force de l’âge, représentait un adversaire de taille, sinon impossible à vaincre compte tenu de la différence de force entre eux. Mostro voyait bien que la situation lui échappait complètement. Au lieu de foncer le manoir comme son instinct le lui avait suggéré, il aurait mieux fait d’éliminer cet autre Infant. Non pas à regret. Maintenant, son congénère se rangeait du côté de leurs ennemis, l’empêchant de mener à bien sa mission. Les paroles de l’homme firent naître un frisson sur sa nuque. Son interlocuteur ne lésinerait probablement pas sur les moyens pour obtenir la vérité. Alors que faire ? Fuir ? C’était une option. Dans sa malchance, le loup blanc n’avait pas eu le temps de blesser sérieusement un second membre de cette meute, ce qui lui vaudrait peut-être un sursis. Cependant, la fermeté dans le regard de l’Alpha laissait présager que des réponses s’imposaient. Et ce, rapidement.

En dépit de la menace ouverte proclamée à son encontre, Mostro gronda de plus belle. S’il devait mourir au combat, plus particulièrement contre un adversaire de cette envergure, sans doute pourrait-il s’estimer satisfait. Certes, il aurait un ou deux regrets au moment de lâcher son dernier soupir, comme celui de n’avoir pas pu revoir le Prince. Ou même cet agaçant personnage qui avait néanmoins réussi son petit manège de séduction auprès de l’Infant. Mostro se fit violence pour chasser ces pensées de son esprit. Il lui fallait se préparer au pire. Dès maintenant. D’eux trois, ce fut son congénère qui réagit le premier. Etrangement, ce dernier se risqua à lui tourner le dos et cette marque de confiance – ou d’inconscience – prit le loup blanc par surprise. Comment l’autre pouvait-il se montrer aussi inconsidéré en présence d’un chasseur comme lui ? En dépit de son agression sur cette Lycanne, il ne se méfiait pas davantage de lui ? Pourquoi ? N’éprouvait-il pas suffisamment de colère ou de rancœur envers lui pour éviter de lui laisser une ouverture ? Trop abasourdi pour bondir, Mostro assista à ce drôle d’échange silencieux – ou presque – entre ses interlocuteurs, sans comprendre un traître mot de ce que semblait affirmer son congénère. Ce qui n’était pas le cas pour le Lycan, à en juger par la lueur dans son regard. La réponse de ce dernier lui échappa en partie. La forêt. Frayeur. Enfants. Humains. Créature. Même si le manoir se trouvait légèrement isolé par rapport aux autres habitations, le maître des lieux se souciait de son voisinage ? Comme c’était risible de la part d’un monstre qui donnait naissance à des êtres comme eux ! Pour la peine, le loup blanc aurait bien hurlé à la lune, histoire d’anéantir les derniers espoirs du Lycan concernant l’ignorance de ses voisins au sujet de la présence d’un loup dans les environs.

Du moins, cette pensée lui traversa l’esprit et seul le regard insistant de l’autre Infant lui imposa le silence. Avait-il demandé à l’éloigner du manoir dans ce but ? Mostro se secoua et se campa un peu plus sur ses pattes, babines retroussées, visiblement peu enclin à se laisser docilement conduire jusqu’à la forêt. Pourtant, quelque chose dans le regard de son congénère le fit changer d’avis. Il ne comprit pas exactement quoi mais son instinct lui suggérait d’obéir. Après tout, il avait bien songé à la fuite comme solution de rechange. Si on lui permettait de quitter les lieux en toute sécurité pour ensuite se volatiliser dans la campagne anglaise, pourquoi refuser ? Le loup blanc observa ses deux interlocuteurs, suspicieux, craignant une attaque en traître de la part de l’Alpha puisqu’il n’avait pas compris le discours tenu par l’autre Infant. Une bête piégée pouvait se révéler extrêmement dangereuse pour le prédateur qui la traquait. L’un comme l’autre le savait et peut-être que le Lycan, en dépit de sa supériorité sans équivoque, ne voulait pas prendre ce risque ? C’était une possibilité que le loup blanc ne pouvait totalement écarter, même s’il doutait que l’homme soit le genre d’individu à user de pareilles techniques étant donné l’assurance dont il faisait preuve. Finalement, il se redressa dans une position moins défensive avant d’emboîter le pas à son congénère, non sans surveiller en biais les faits et gestes de l’Alpha.

Le trajet jusqu’à la forêt se fit dans un silence de mort. D’abord, parce qu’ils ne pouvaient se comprendre l’un l’autre, faute d’un langage commun. Ensuite, parce que chacun s’abimait dans ses pensées les plus secrètes, s’interrogeant sur la suite des événements. Quoi dire ? Que faire ? Qui se risquerait à lancer les hostilités le premier ? A peine cette pensée traversa son esprit, que Mostro, soudain mu par une colère sourde, bondit sur son guide. Ils roulèrent dans l’herbe humide, chacun essayant de prendre le dessus sur son adversaire avant que le loup blanc ne finisse par plaquer son congénère au sol, sur le dos.

« Pourquoi m’avoir arrêté ?! Pourquoi tu ne comprends donc pas ?! »

De rage, il fit claquer ses crocs sous la truffe de l’autre Infant, comme on réprimerait un enfant dans le monde lupin. Aussi rapidement qu’elle était apparue, la colère disparut pour laisser place à la tristesse, inattendue après une telle succession d’événements.

« Tu es avec eux… Tu fais partie de leur meute… »

Un constat qui l’attristait plus qu’il ne l’aurait imaginé. Dire qu’après ces longues journées passées à errer de villages en villages, en âme solitaire qu’il était, Mostro se retrouvait contraint d’éliminer l’un de ces congénères. Son besoin de compagnie avait pris le dessus sur son sens du devoir mais il allait y remédier. Une fois la tristesse évacuée.
Mezariel D. de SaintLouis
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Que son ‘plan’ édifié à la va vite eut été accepté était déjà un soulagement immense pour Mezariel. Et désormais que son acolyte daignait le suivre, il estimait que les choses pouvaient, peut-être ‘s’améliorer ‘ si tout s’accordait selon son bon vouloir. Non pas qu’il veuille trahir ses ‘amis’ de sang-purs, mais il ne pouvait pas s’imaginer laisser l’autre loup seul avec eux, tout près de leur demeure. Mezariel en avait assez du sang, des combats. Depuis récemment, il en avait trop vu. D’ailleurs, en passant avec la calèche l’ayant amené jusqu’ici, par les champs encore déserts pour l’heure, Mezariel n’avait pu que contraindre une nausée l’ayant pris au corps de rester calme le plus longtemps possible.

Il avait horreur des effusions de sangs, peu importait comment elles se déroulaient. Il avait déjà empêché son père d’abattre cette mordue ayant tenté de le dévorer lorsqu’il était plus jeune, ce n’était pas pour laisser un infant, semblable à sa personne, tomber sous les crocs de ceux dont il était l’invité. Plier la vérité de la sorte ne lui plaisait pas non plus – Mezariel n’avait jamais appris à mentir comme un professionnel -, mais il savait bien qu’il n’avait plus le choix d’agir de la sorte pour ce cas de figure précis. Il trouverait bien un moyen de faire amende honorable par la suite. Du moins l’espérait-il fortement.

Parcourant le sous-bois dans un calme olympien – nulle chouette ou autre bête quelconque n’osait sortir de sa tanière avec la présence de deux immenses prédateurs dans le secteur -, Mezariel réfléchissait surtout à la manière de tourner la chose pour que le reste se déroule sans trop d’encombre. Déjà, il songeait à une mise en scène bien ficelée, mais retint cette idée ; le temps était compté et il n’était en aucun cas question de le gaspiller.

Ce fut alors qu’il demeurait prostré dans ses réflexions qu’il se sentit être poussé sur le côté, jusqu’à rouler-bouler dans l’herbe tapissant le sol de la forêt. L’autre Infant l’avait très certainement poussé et Mezariel, n'ayant pas ressenti de danger particulier – tout du moins, pas de la même intensité que précédemment -, ne réagit pas violement. Ainsi plaqué au sol, vulnérable, il frissonna certes lorsque les crocs de son homologue fondirent presque sur lui, mais au fond, il avait confiance. Si le dénommé Caleb – était-ce simplement son nom, d’ailleurs ? – n’avait pas profité de l’opportunité que lui avait offert Mezariel en lui tournant le dos tout à l’heure, c’était qu’il n’avait pas de raison de le craindre, de le prendre pour ne menace réelle. L’infant français n’était certes pas très à l’aise mais tâcha de se contenir au maximum.

Lorsque le loup blanc déclara que Mezariel faisait partie de la meute des Berkeley, ce dernier bougea vigoureusement sa tête de gauche à droite, afin de signifier l’erreur du blafard. Si le marquis ignorait ce que son semblable avait contre les lycans de sans-purs, au moins pouvait-il tenter d’en savoir davantage sur lui et ses aspirations. Et faire le point sur tout le reste, aussi. Remettre les pendules à l’heure, et cætera.

Alors, avec la plus grande prudence, Mezariel se redressa sur ses pattes et, malgré son pelage souillé par la terre meuble dérangée par sa chute, réfléchi posément à comment faire passer son message. Il finit par décider de faire quelques traces dans la terre presque boueuse. Bien que peu agile sous cette forme, il espérait que sa fibre artistique n’avait pas totalement disparue. Ainsi, sautillant presque sur ses pattes, il essaya de griffer le sol de manière grossière et irrégulière afin de dessiner un mot dans le sol. Famille.

Pointant ensuite le lieu d’où ils venaient, le second infant et lui avec son museau pour flèche directrice, Mezariel aurait voulu lui faire comprendre qu’une famille doit être protéger et se protège. C’était même le principe d’une meute. Le damne de certains loups porteur d’un sang-pur – ou à moitié dans le cas du marquis- était que l’on ne pouvait jamais réellement renier les siens, peu importe ce qu’il avait pu faire auparavant. Mezariel le savait mieux que personne. Bien que son grand-père n’ai jamais ménagé ses efforts pour tenter de le tuer lorsqu’il était encore un bébé, il ne lui portait aucune rancune. Son sang le voulait ainsi. Et, au fond, l’infant appréciait cette situation d’attachement. Se dire que des êtres partageaient toujours un commun avec lui le rassurait.

Enfin, reculant de quelques pas, il voulut amener son camarade à s’approcher afin de lui permettre de ‘lire’ –ou décrypter car les lettres étaient tout de même hideuse en bien des points – ce qu’il avait marqué à même le sol. Une idée le traversa alors… Où était la famille et la meute de Caleb ? Etaient-ils toujours en vie ? Le cherchaient-ils ? Oh, il aurait tant voulu pouvoir user de la langue des mots pour bien faire les choses… Mais à la place, il ne put qu’émettre un gémissement à percer le cœur. Au fond de lui, son empathie lui faisait imaginer les pires scénarios possibles. Pauvre jeune loup, pensa-t-il alors…

Spoiler:
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Le petit manège de son congénère le tira de ses pensées. Exaspéré, ne voyant pas ce qu’il y avait de si comique dans leur situation actuelle pour que l’autre loup se laisse aller à ces enfantillages dans la terre boueuse, Mostro émit un son qu’on pouvait comparer à un profond soupir chez un humain. Dire qu’ils devaient à peu près avoir le même âge… Et des préoccupations opposées à l’extrême. Le loup blanc se remit à gronder dans son congénère tenta de l’amener à lire ses gribouillis faits à la va-vite dans la terre. Effectivement, c’était peut-être la meilleure façon pour eux de communiquer. Si toutefois, on pouvait qualifier cela de communication… Mostro eut toutes les peines du monde à déchiffrer le message de l’autre loup et ce, en dépit des bonnes intentions de ce dernier. Mais un frisson lui parcourut la nuque quand il y parvint finalement. Famille. Cette idée fit renaître la haine en lui. A moins que ce ne soit un mélange d’incompréhension et de tristesse, lui qui n’avait jamais eu de famille ?

« Tu veux me faire croire que c’est eux ta famille ? Ah ! C’est ce qu’ils veulent que tu penses oui ! »

Depuis tout petit, il savait déjà être différent de ceux qui l’entouraient. Quand venait la pleine lune, lui seul se transformait en une boule de poils maladroite du fait de ses premières fois sous cette forme. Et ce sentiment d’être à l’écart n’avait cessé de croître avec les années. Non pas qu’il en arrive à rejeter l’Ordre, bien au contraire. L’Infant ne pouvait que leur être reconnaissant de l’avoir accepté parmi eux pendant toutes ces années. Seulement voilà, il était différent, à jamais considéré comme paria par l’une ou l’autre des races dont les sangs respectifs coulaient dans ses veines. Comment l’expliquer à son congénère ? Comment lui ouvrir les yeux sur le fait que les Lycans n’étaient en rien leur famille ! Ce simple mot lui nouait la gorge. Et où était-elle sa prétendue famille pour qu’il se retrouve au milieu d’humains ? Etait-ce ainsi que les Lycans traitaient les membres de leur clan ? Une odeur familière et pas moins menaçante pour autant parvint à sa truffe. Le loup blanc pivota sur lui-même pour faire face à cette nouvelle menace, pas si inconnue en somme.

« Pour que tu sois si nerveux en présence d’autres loups, j’en déduis que tu n’as pas été élevé parmi eux. » déclara calmement Helson qui les avait rejoint entre temps.

Contrairement lors de son apparition devant eux la première fois, l’Alpha paraissait plus maître de ses émotions. Parler avec son épouse lui avait rendu sa sérénité, là où la fureur d’Andreea ne diminuait pas. Il lui avait fallu toute sa force de persuasion pour la contraindre à demeurer au manoir. Sans cela, nul doute que la Lycanne serait venue massacrer le fauteur de troubles en personne. Ah, quelle femme charmante !...

« A ton air surpris, j’en conclue que j’ai raison. Ce sont des humains qui t’envoient. Et j’aimerais en connaître les raisons… »

Chaque membre de sa meute veillait à ne pas se faire remarquer du voisinage, ou plutôt, faisait en sorte que ces derniers n’aient pas connaissance de leur appartenance à la race lupine. Non par honte mais pour vivre paisiblement dans ce havre de paix qu’ils avaient bâti. Helson Berkeley n’avait que trop conscience de la peur qu’inspiraient ses congénères aux humains, presque autant que l’animosité naturelle que nourrissaient les vampires à leur encontre. Pour vivre ensemble, mieux valait attendre qu’ils se fassent une raison à leur sujet. Même si cela demandait du temps.
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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptyDim 19 Mar - 0:46
Cette situation avait fait passer Mezariel par tout un panel d’émotions différentes, si bien que désormais, il en tremblait d’incertitude. Et le fait que son homologue n’ai pas compris le sens de son véritable propos, à savoir le simple terme’ famille’, commençait à l’agacer. Incompétent chez les loups, incompétents chez les humains… Avait-il seulement quelque chose qu’il puisse faire présentement ? Il se maudissait de ne pas encore connaître les rudiments du langage humain sous cette forme ; les choses auraient été bien plus simples ainsi ! Mais avec de tels espoirs on aurait pu refaire le monde, hors l’infant n’avait guère de temps pour cela. Seuls les actes comptaient, maintenant plus que jamais.

Caleb avait fait erreur, une fois encore, en supposant que Mezariel faisait partie de la famille des Berkeley. Ceci étant dit, même si le français aurait voulu soupirer de découragement, il pouvait comprendre cette ignorance certaine. Le blafard n’avait pas été élevé avec des loups, semblait-il. Aussi faire le rapprochement entre une meute et une famille était logique, même si biaisée dans ce contexte.

L’arrivée du lycan alpha dans la « petite » réunion eut le mérite de faire s’hérisser les poils de Mezariel sur sa colonne vertébrale. L’infant savait mieux que personne que le calme d’un alpha était d’autant plus redoutable qu’il pouvait cacher bien plus que ce qu’il n’y paraissait. Pour preuve, son propre père, Alpha de sang-pur, réussissait encore à le surprendre parfois, dans certaines de ses réactions. Aussi, alors que l’anglais lupin édictait sa question, après avoir survolé l’évidence même, le demi-sang des terres continentales s’approcha doucement. Sans faire barrage entre son homologue Alpha et Caleb, il se tenait suffisamment proche du loup blanc pour le pousser sur le côté si besoin était. En attendant, il tâchait également de mûrir les paroles du Berkeley. Des humains… ?

« La Milice, vous pensez ? Ils ont des infants parmi eux ? » Toujours communicant avec des alternances de gémissements et de claquements de dents, Mezariel savait pourtant que l’alpha lui faisant face pourrait le comprendre sans aucun problème. Hum… C’était tout de même étrange que des humains emploient une telle créature, même pour des desseins similaires. Mezariel avait eu l’occasion de rencontré une fois les membres de la Milice, bien connue en France dans le monde autre que celui des humains. Son père lui avait même déjà raconté avoir eu à en affronter, une fois. Des humains acharnés et bien entrainés. Humains uniquement, certes, mais bien formés. Suffisamment pour agacer un lycan de sang-pur, en tous les cas. Rien que ce constat demeurait inquiétant en soit.

Aussi, avant de poursuivre sur sa gestuelle animale, Mezariel décida de patienter quelque peu, histoire de voir ce que l’alpha avait derrière la tête. Il espérait très fort que l’abattage de Caleb n’était pas une des options de ce dernier…
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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptyDim 19 Mar - 8:13
L’intervention lupine de Mezariel lui valut un regard en biais de la part du Lycan de sang pur. Que ce dernier fasse mention de la Milice le laissa songeur. Cette organisation était davantage connue pour œuvrer en France et de là à envoyer ses soldats, surtout des créatures, avait quelque chose d’improbable. D’abord dans la méthode puis dans le choix de leurs nouvelles recrues. Non, décidément, cela ne leur ressemblait pas. Alors qui… ? Un nouvel ennemi en perspective pour ceux de sa race ? Le regard d’Helson Berkeley s’assombrit soudain lorsque de telles pensées firent leur apparition dans son esprit et n’adressa qu’un discret signe de négation à l’encontre de Mezariel. Il ne pouvait pas exprimer le fond de ses pensées en présence du loup blanc. Du moins pas avant que celui-ci ne soit plus considéré comme une menace. Cela incluait la possibilité de devoir le tuer comme sa charmante épouse restée au manoir le lui avait suggéré à maintes reprises, non sans une certaine vigueur.

De son côté, Mostro montrait les crocs. La situation lui plaisait de moins en moins. S’il avait eu l’opportunité de raisonner son congénère, l’arrivée de l’Alpha changeait la donne. Et surtout, ce dernier avait l’air bien trop perspicace pour plaisir au loup blanc. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’il n’imagine la possible existence de l’Ordre, sans toutefois être en mesure de l’identifier clairement. L’Infant ne nourrissait pas d’espoirs quant au fait qu’Helson n’enquête pas davantage au sujet des raisons qui l’avaient conduit jusqu’ici. Tel le chef de meute qu’il était, le Lycan s’inquiéterait de savoir ce qui menacerait encore les siens et mettrait certainement tout en œuvre pour apprendre la vérité. Et cela, Mostro ne pouvait se le permettre.

Mû par la crainte soudaine que l’existence de l’Ordre soit connue de leurs ennemis par sa faute, le loup blanc se reprit. D’un mouvement brusque, il repoussa son congénère et bondit en direction de l’Alpha. Un geste désespéré. Les chances de l’emporter n’étaient clairement pas de son côté. Mais l’Infant se battrait jusqu’au bout. Il existait dans ce but et ce n’était plus le moment de reculer. Il lui fallait assumer ses erreurs et accomplir la mission qui était la sienne. A lui et lui seul. Malheureusement pour lui, Helson Berkeley n’était pas un Lycan que l’on prend facilement de vitesse. L’homme vit venir l’attaque. A ses yeux expérimentés, l’attaque surprise du loup blanc se voyait venir à des kilomètres. Voyant les crocs se rapprocher dangereusement de sa gorge, l’Alpha se contenta du barrage sommaire de son avant-bras droit pour parer l’assaut. Il fronça légèrement les sourcils sous la douleur lorsque ceux-ci s’enfoncèrent dans sa chair, déchirant son veston qu’il avait pris la peine d’enfiler avant de venir. Toutefois, c’en était terminé du loup blanc.

« C’est tout ce dont tu es capable ? »

Gaucher de naissance, Helson serra le poing gauche, rassemblant sa force pour porter un coup, un seul. Avec un glapissement de douleur, Mostro se vit projeté contre un arbre non loin de là, contre lequel il s’écrasa avec violence. S’il ne se brisa pas sous l’impact, l’arbre émit un craquement sinistre qui se répercuta dans toute la forêt, demeurée silencieuse au cours de la confrontation entre les deux prédateurs. L’Alpha se détourna de son adversaire pour jeter un œil aux dégâts subis par son veston.

« Ah. Je l’aimais bien ce veston… »

Voyant qu’aucun mouvement ne lui parvenait depuis l’endroit où le loup blanc avait atterri, le Lycan constata que ce dernier gisait à présent sur le sol, inconscient. L’opportunité rêvée pour en finir une bonne fois pour toutes avec lui. Sauf que…

« Inutile de montrer les crocs à ton tour Mezariel. Je ne vais pas le tuer. Je désire moi aussi avoir le fin mot de cette histoire de loup au service d’humains. Et mort, il ne pourra plus répondre à mes questions. Ramenons-le au manoir. D’ici l’aube, nous découvrirons sa véritable identité. »
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Il se senti bête sitôt après la réponse muette délivrée par le Berkeley. Mais bien sûr, quel idiot ! Ils étaient en Angleterre, ici, et non pas en France ! Jamais la Milice ne mettrait les pieds ici… sans doute ? Trop de questions inintéressantes pour l’heure. Il n’était guère le moment de perdre bêtement du temps. Il fallait agir vite et bien. Mezariel songea qu’il n’était plus d’une réelle utilité dans l’échange, aussi n’ajouta-t-il rien de plus et se contente d’observer.

Lorsqu’il se sentit poussé sur le côté, il sut immédiatement que le destin de l’autre Infant était scellé. Il soupira lourdement, de dépit, cette fois, et ne put qu’être impuissant devant cette scène affreuse. Il put percevoir les os maltraités s’exprimer à leur manière après avoir encaissé le choc avec le tronc d’arbre et un frisson d’effroi le prit tout le long de sa colonne vertébrale. Une chose était certaine, il n’aurait guère aimé être à sa place.

Lorsque l’Alpha parlait, Mezariel secoua la tête à la seule pensée de pouvoir aller contre lui. « Ce n’était pas mon intention. Je vais voir aider à le transporter. ». Il était clair qu’il ne pouvait plus rien faire pour ce camarade Infant. Non pas que cela le ravisse tout particulièrement, mais les faits étaient là. Il s’était démené… Pour rien. La frustration ainsi ressenti le mis quelque peu de mauvaise humeur, autant être honnête.
Prenant soin de ne pas blesser davantage le loup assommé, Mezariel le tira par la nuque, jusqu’à pouvoir le hisser sur son dos. Puis, il reprit donc le chemin vers la maisonnée Berkeley où même lui put ressentir une ambiance plus que glaciale. Oh, il savait bien que ce n’était pas dirigé contre lui, mais le simple fait de s’en rendre compte n’était déjà pas agréable du tout.

Caleb lui fut retiré du dos et enfin l’infant français pu goûter à un calme tout relatif. Les premières lueurs du soleil ne tardèrent pas à poindre derrière la ligne d’horizon et le semi-loup reprit donc rapidement sa forme initiale, humaine. Des domestiques s’affairèrent à lui préparer un bain dans lequel il glissa sans demander son reste. Enfin, après le moment de détente – qui lui parut tout de même trop court -, il eut à subir un soin tout particulier à la plaie qu’il avait encore au niveau de la gorge.

Ce n’était peut-être qu’une égratignure, mais il y avait insistance pour qu’elle soit proprement refermée. Il était homme de noblesse après tout, il n’aurait pas été acceptable qu’il rentre de l’Angleterre encore – plus – couvert de cicatrices affreuses et mal refermées.
N’appréciant guère le contact de l’aguille sur sa peau, Mezariel tint malgré tout bon, serrant les dents avec une certaine hargne. Enfin, enfilant un ensemble de vêtements donnés par l’Alpha à son intention – mais qui demeurait légèrement trop grand pour lui -, il redescendit des étages pour aller trouver la famille Berkeley.

C’est de la bouche d’une servante qu’il apprit où Caleb était gardé. Demandant l’autorisation d’aller le visiter, on lui fit comprendre qu’il n’aurait qu’un temps limité à sa disposition. Sa voix étant enrouée quelque peu, il aurait juste le temps de la préparation d’une tasse de thé chaude à son intention.

Etant donné la complexité de la situation, Mezariel n’émit aucun sursaut de mécontentement et suivit la domestique jusqu’à l’endroit dit. Juste avant d’arriver à destination, on lui donna son cache œil ainsi qu’un masque décoratif – valeur ornementale ramené de Venise – afin que ‘l’autre ne puisse pas voir votre visage, messire’, lui avait-on dit. Soit. C’était une solution comme une autre. De plus, il n’avait pas été spécialement honnête avec Mezariel, aussi protéger son identité était une question de survie, très probablement.

Faisant désormais face de manière sécurisée à l’invité, Mezariel se laissa aller à s’appuyer contre le mur le plus proche, harassé par une fatigue mal contenue. « Ton entêtement semble n’avoir d’égal que ta bêtise. » Il ne souhaitait guère l’insulter, simplement illustrer un fait.
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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptyLun 20 Mar - 12:55
De l’endroit où il gisait, amorphe, Mostro crut distinguer la voix grave de l’Alpha, quelque part, non loin de lui. Du moins, il le supposait pour s’être tenu devant ce dernier quelques minutes auparavant car désormais, les notions de temps et d’espace lui échappaient complètement. L’Infant se fit violence pour garder connaissance mais il ne tarda pas à sombrer dans les ténèbres quand ceux-ci voilèrent son champ de vision. Ce qui se passa ensuite, il ne le sut pas. Le loup blanc ne sentit même pas qu’on le déplaçait. Les premiers retours à la réalité se firent par de légers flashs derrière ses paupières closes, bientôt accompagnés d’un entremêlement de pensées indistincts. Son instinct tentait de lui faire passer des messages, certains plus urgents que d’autres, comme le fait qu’une meute de Lycans se trouvait toujours à proximité en dangereux prédateurs qu’ils étaient. Cependant, la léthargie offrait une résistance tenace, narguant sa Bête en le tenant toujours sous sa coupe agréable. Oui, comme il aurait été bon de se laisser porter par l’inconscience en oubliant tout le reste. Seulement, il ne pouvait pas se permettre une telle chose. Mostro remua légèrement. Peu à peu, son esprit remontait à la surface, s’arrachant aux ténèbres nébuleuses dans lequel il s’était perdu. Ses sens lui revinrent progressivement, lui permettant ainsi d’analyser son environnement sans même remuer un coussinet. L’humidité était omniprésente, presque suffocante. Complètement différente de celle de l’herbe gorgée de pluie. Non, celle-ci renfermait des odeurs plus fermentées. De la pierre ? Un cachot donc. A quoi devait-il s’attendre de toute façon ? A ce que ses hôtes lui préparent une chambre ? S’il avait pu, l’Infant aurait lâché un rire sans joie. Au contraire, il s’interrogeait déjà sur le nombre d’heures passées inconscient dans un tel endroit. Le loup blanc n’en avait aucune idée.

A mesure que les sensations se faisaient plus nombreuses en se confirmant les unes les autres, Mostro tenta prudemment de remuer davantage jusqu’à redresser la tête. Un élan de douleur le traversa et il finit par se laisser retomber sur le sol tandis qu’une plainte lui échappait. Le sang d’un Lycan avait beau couler dans ses veines, il n’en était qu’à moitié un. Si ces derniers possédaient une meilleure récupération physique que les humains normaux, ce n’était qu’à moitié son cas. Qui plus est, un os déboîté ou cassé ne saurait se réparer seul, que l’on soit Lycan, vampire ou humain. Là-dessus, tous égaux. Cette pensée qui se voulait réconfortante lui arracha une grimace de douleur. Il était mal barré. Qu’avait-il imaginé en attaquant l’Alpha dans les bois ? Qu’il aurait une chance, même infime, de l’emporter face à lui ? Quel présomptueux il faisait… S’en prendre à une créature n’était jamais un combat gagné d’avance, surtout quand le loup blanc n’était pas au mieux de sa forme. Il en soupira de dépit. Qu’allait-il lui arriver maintenant ? La torture, les questions puis la mise à mort ? Du moment qu’il pouvait garder secrète l’existence de l’Ordre, Mostro ne protesterait pas contre un tel traitement. Des bruits de pas et une odeur devenue familière l’avertirent de l’approche de son congénère. L’Infant émit un grognement. Pourquoi venait-il le voir lui ? Il en avait fait assez en contrecarrant ses plans… Encaissant la réflexion, le loup blanc s’autorisa un bref regard en direction de son interlocuteur. Allongé sur le flanc comme il était, tourner la tête pour observer ce dernier relevait d’une réelle volonté de lutter contre la douleur émanant de chacun de ses membres.

« Je n’ai pas de critiques à recevoir de la part de quelqu’un qui pense qu’un accoutrement pareil pourra lui permettre de garder son identité secrète. »

Même un Infant était capable de pister un individu rien qu’à l’odeur. Et si d’autres venaient malencontreusement se mêler à l’essence originelle de sa cible, il n’empêchait que cette dernière conservait toujours une effluve trahissant sa réelle identité. Du moins, Mostro en était intimement convaincu. Toutefois, en dépit du ridicule de la situation, l’Infant ne pouvait se retenir d’éprouver un élan de fierté : pour que son congénère ait recourt à un stratagème aussi grotesque, alors il devait toujours être considéré comme une menace potentielle par ses hôtes et ce, malgré son état pathétique.

« Pourquoi t’es là ? Tu crois que tu n’en as pas assez fait ? Un jour tu comprendras à quel point tu t’es trompé. » lâcha-t-il avec haine.
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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptyMer 29 Mar - 15:22
Un soupir passa les lèvres du marquis français tandis qu’il recevait les paroles haineuses de son homologue. Pour autant, il reconnaissait que ce masque était fichtrement ridicule. Caleb marquait un point. S’il voulait le retrouver, son odeur était désormais sa pire ennemie. Soit. De toute manière, garder cette chose sur le visage lui donnait l’impression d’étouffer. C’était plus désagréable. Alors… « Tu as raison au moins sur un point. Cet accoutrement n’est pas pour me servir au mieux. »

Il retira son l’artefact de belle facture de ses traits, conservant cependant son œil droit fermer pour le moment. Il avait bien remarqué que Caleb n’était pas redevenu humain. Etrange. En tant qu’Infant, les tenants et les aboutissants d’une nuit de pleine lune étaient parfaitement connus de Mezariel. En théorie, le loup blanc n’aurait pas été capable de tenir sa forme animale plus longtemps. Pourquoi la revêtissait-il encore, d’ailleurs ? La théorie avait-elle trouvée plus forte qu’elle, finalement ? Etrange… Et fascinant à la fois. Mezariel aurait adoré en savoir davantage. Mais l’heure n’était pas vraiment aux expériences ni même aux pertes de temps inutiles. Quand bien même il avait un semblable devant lui, il devait rester dans ses habits de logique. Après tout, sa gorge se souvenait de la presque tentative de meurtre sur sa personne. Ce n’était pas une chose que l’on pouvait aisément oublier. Et le pansement autour de sa nuque était là pour le lui rappeler.

« Je ne dis pas être dépourvu du sens de l’erreur. A vrai dire, j’estime même être une erreur moi-même, depuis ma venue au monde. J’entends bien que tu n’apprécies ni les vampires, ni les lycans capables d’un prodige trop éloigné du nôtre… Cependant, je ne suis pas d’accord avec toi sur un point. » Prenant une inspiration, le noble prit bien soin du choix de ses mots. « Lorsque j’étais enfant, mes cousins et mes cousines, tous et toutes nés de loups ‘purs’, s’amusaient à me battre et me victimiser. C’était drôle pour eux. J’étais un peu une attraction pour ces derniers, un phénomène de foire incapable de bien se défendre contre eux. Sais-tu comment ils m’appelaient ? Le monstre. » Le cœur de Mezariel se serra à ce douloureux souvenir. Il n’évoquait que rarement son passé. Mais pour une fois, il prenait ce risque-là. « Tu défends les humains, soit. Je respecte tes convictions. Mais saches que j’ai également essayé de me mêler aux êtres humains. Sais-tu ce qu’ils ont fait ? Ils ont lâchés leurs chiens de chasse sur moi. J’avais neuf ans à peine. Ils hurlaient ‘monstre, monstre, monstre’. Et tout ça pour quoi ? » Il déglutit, sa gorge se serrant. Ce qu’il s’apprêtait à faire, Mezariel n'aurait su dire si c’était du courage ou de la folie. « De ça. » ouvrant son œil difforme, au creux duquel logeait une agape lupine, il poursuivit son discours.

« Les humains ne sont pas forcément mieux que les lycans ou les vampires. Si je suis en mesure de te parler présentement, c’est parce que mon père, ma nourrice et ma tante on toujours tout fait pour me protéger le plus possible. Je ne sais si tu auras suffisamment de recul pour écouter mes arguments, mais j’aime à penser que tu n’es pas qu’un pantin au service d’humains aux étranges convictions. » Il se massa la nuque avant de poursuivre. « Mon père est un lycan de sang-pur. Et crois le ou non, mais il était éperdument tombé amoureux de ma mère, une humaine. Ils se sont aimés si fort qu’ils m’ont engendré, moi. Et que je suis à ce jour, le dernier vestige de leur amour. Après ma naissance, ma mère projetait même de devenir volontairement une louve, comme mon père, afin que même la mort ne les sépare plus. Mais ce projet mourut dans l’œuf. Mon grand-père et sa meute firent abattre ma mère alors qu’elle venait d’accoucher de moi, après avoir éloigné mon père, bien entendu. Ce soir-là, il a perdu l’amour de sa vie et gagné une cause constante de soucis. Moi. Pour autant, il ne m’a jamais rejeté. Visiblement, je ne peux pas en dire autant de toi. J’en suis attristé, si tu me le permet. »

Cela ne ressemblait pas à Mezariel d’être si bavard… Mais peut-être était-ce le fait d’être n présence d’une autre ‘anomalie’ presque semblable à lui dans une mesure nouvelle ceci étant dit, que lui déliait à ce point les lèvres. Assis sur le banc en bois devant cette geôle, il ne lui restait plus qu’à attendre. Il n’espérait pas convaincre Caleb maintenant. Mais au moins si le dialogue pouvait s’ouvrir entre eux, Mezariel estimerait qu’il avait avancé sur la bonne voie.
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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptyVen 31 Mar - 17:10
Dès l’instant que son interlocuteur fit tomber le masque, au sens figuré comme au sens propre, le loup blanc se jura de prêter une oreille attentive à ce qu’il allait bien pouvoir lui révéler. Son congénère allait-il le mettre en garder ? Tenter une nouvelle fois de le rallier à sa cause ? Ou bien le haïr pour l’avoir trahi en quelques sortes ? Mostro n’aurait su le dire à ce stade de la conversation mais une chose était sûre : il n’avait pas d’autres choix que de l’écouter étant donné sa situation actuelle. Et il le fit, en apprenant un peu plus sur le passé de son interlocuteur à mesure que ce dernier progressait dans son histoire. Son odorat lupin perçut quelques signes perceptibles de changeant d’humeur de la part de son congénère, preuve que ce dernier s’exprimait avec son cœur. A moins qu’il ne soit très bon comédien et capable de simuler des émotions sans véritablement les ressentir sur le moment. Après tout, Mostro ne savait rien de lui. Et ce n’était pas ce beau discours qui pourrait dissiper l’ensemble de ses doutes. Peut-être que son congénère, volontairement ou non, essayer de le convaincre du bien-fondé de sa prise de position ? Le loup blanc garda longuement le silence, bien après que son interlocuteur eut fini de parler. La révélation de cette difformité physique et évidente le troubla. En fin de comptes, cet Infant était encore plus mal lotis que lui, puisque son métissage se voyait ouvertement sur sa personne. Ce qui n’était pas le cas de Mostro, qui n’en portait aucun signe physique.

« … Pourquoi me dire tout cela ? »

La question avait filé entre ses lèvres, bien trop vite pour qu’il songe à le retenir. Le loup blanc soupira intérieurement, regrettant d’avoir exprimé à haute voix, une forme d’intérêt pour les paroles de son congénère et reprit aussitôt après avoir réalisé son erreur :

« C’est malheureusement ce que nous sommes : des monstres. Des êtres n’appartenant à aucune race. Tu auras beau te mêler à d’autres loups, tu n’en seras jamais un. Tu seras rejeté par eux comme par les humains. Car je ne prétends pas que les humains soient tous bons. Loin de là. Mais comment leur reprocher de nous détester ? Nous sommes des horreurs… »

Contraints de revêtir leur forme lupine les nuits de pleine lune. Même en s’efforçant de se mêler à la société humaine, leur bête se rappelait à eux, les empêchant d’oublier complètement ce qu’ils demeuraient au fond d’eux même. Cet Infant en était également conscient, Mostro ne pouvait concevoir le contraire.

« L’amour ? L’amour ne permet pas qu’on puisse donner naissance à des êtres qui seront mis au ban de la société toute leur vie durant ! » gronda-t-il avec colère. « C’est égoïste ! Je n’ai pas demandé à naître ainsi ! »

Ce n’était pas bon. Ses émotions commençaient à reprendre le dessus. Il devait se calmer. Et rapidement.

« Je sais très bien que les humains ne nous accepteront pas pour ce que l’on est. Cependant, certains m’ont accordé leur confiance. A défaut d’une famille, des personnes comptent sur moi. Je ne peux pas pardonner à ces monstres de souiller les humains. Je n’ai pas besoin de ta pitié ! »
Mezariel D. de SaintLouis
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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptySam 1 Avr - 12:39
Mezariel s’autorisa un soupir. Il ne s’était pas attendu à une conversation sans accroc mais l’entêtement de son confrère le mettait réellement au pied du mur. Que faire pour qu’il abaisse un peu les frontières qu’il a lui-même érigé, exactement ? Le français venait de lui dévoiler une très intime partie de sa personne et pour autant, il ne semblait pas percevoir une once de craquelure à la surface de cette carapace durement forgée. En dépit de ce constat dont il n’était guère certain de la véracité, au fond, Mezariel refusa de se laisser abattre. Il était venu ici non pas pour s’amuser de ce qui les séparaient, lui et son camarade, mais bel et bien de ce qui les rapprochaient. Car même si Caleb avait cherché à le trahir, au fond il était impossible pour lui de le haïr. Pas après si peu de temps passé ensemble.

« Je ne suis pas venu ici pour me moquer ou te prendre en pitié. Je pense connaître suffisamment l’amertume de ce sentiment pour ne pas désirer l’appliquer à d’autres que moi. Ce que j’essaie de te dire, Caleb, si tant est que ce soit bien ton nom, c’est que la généralisation des propos ne te mènera probablement nulle part. » Il vint se masser la nuque, devenue rigide « Expliques moi juste pourquoi un Infant est au service d’humains ? Et puis, où sont-ils à présent ? S’ils te font confiance, ils doivent te porter un intérêt certain, non ? Alors pourquoi ne sont-ils pas déjà ici à vouloir te récupérer des griffes supposées des Berkeley ? Si tu les idéalises en tant que famille ou alliés alors qu’ils ne t’ont même pas enseigné les bases pour que tu puisses survivre dans une situation nécessitant une fuite plutôt qu’un affrontement… Es-tu certain qu’ils sont réellement de son côté ? »
Sa curiosité le poussait à vouloir en savoir davantage sur ces fameux humains. Qui étaient-ils, à la fin ? A par la Milice, en France, Mezariel ne connaissait rien de semblable. D’ailleurs il n’avait jamais été renseigné au fait d’Infant dans les rangs de la Milice, au contraire. Là résidait un mystère que son instinct de loup souhaitait percé plus que tout. Pour se prémunir lui et les siens des retombées de ces humains-là ? Peut-être. Mais de l’autre côté, sa part humaine demeurait curieuse dans une dimension toute autre. Il déglutit, se relevant de son assise, la station statique lui étant devenue pénible, soudainement.

Ses doigts fins vinrent s’enrouler autour des barreaux de la cage devant lui, lugubre et sinistre.

« Tu ne cesses de répéter que nous sommes des monstres. Je l’entends bien. Je comprends ton argument, car j’ai la même vision des choses, jusqu’à un certain point. Cependant, j’aimerai voir plus loin que cela. En vertu de quoi devrions-nous être davantage des monstres que des êtres ‘normaux’ ? Qui s’est chargé d’établir les critères de notre apparente malédiction ? Dis-moi… Les humains qui t’ont gardé près d’eux t’ont-ils dit que nous avions été rejetés de tous ? Si tel est le cas, ils se sont fourvoyés. Dieu ne nous a pas rejetés, lui. Nous pouvons pénétrer dans ses églises et les symboles religieux ne nous affectent pas. De l’autre côté, certains loups préfèrent les infants aux sang-purs de par la sensibilité toute particulière qui nous anime. » Il en avait fait l’expérience avec sa tante, sang-pure, après tout il avait été un peu comme un fils, pour elle.

« Moi, j’aime à penser qu’un jour, les Infants tels que nous pourrons trouver un endroit où se sentir chez eux, non rejetés. Mais pour cela, il faut ouvrir les esprits. Il te faut ouvrir le tien aussi. » Une idée lui chatouilla alors l’esprit. « Verrais-tu un inconvénient à ce que je m’approche un peu plus près ? J’entends par là venir te rejoindre dans ta geôle. »
Mostro
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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptySam 8 Avr - 15:38
Au service d’humains ? Voici que son interlocuteur lui fournissait un autre regard sur sa condition actuelle. Mostro n’avait jamais vu les choses sous cet angle, pire, il n’avait pas cherché à remettre en cause les directives qu’il recevait de la part de l’Ordre. Après l’avoir recueilli et élevé comme l’un des leurs ou presque compte tenu de sa race, n’était-ce pas la moindre des choses à faire vis-à-vis de cette organisation ? Pourquoi devrait-il se rebeller au juste ? Il leur devait la vie et adhérait à leurs convictions. La généralisation des propos ? Son congénère ne l’avait-il pas écouté quand il avouait ne pas avoir choisir de naître ainsi ? Peu lui importait que certaines unions contre nature soient le fruit d’un amour sincère et réciproque. Le fait était que des parias comme eux naissaient à cause d’elles ! En revanche, la suite des propos de Mezariel le désarma. En effet, pourquoi se trouvait-il ici sans aucune aide extérieure ? Parce que l’Ordre lui faisait confiance ? Parce que lui-même avait trop honte de remettre les pieds en Italie sous cette forme ? Un peu des deux sans doute. Cependant, ce constat amer que l’organisation n’avait rien entrepris pour le contacter et ce, en dépit de son long silence radio suite l’expiration de la date limite pour accomplir sa dernière mission en date, s’imposait peu à peu à lui. Avait-il si peu de valeur aux yeux de l’Ordre pour qu’ils ne se préoccupent pas de savoir ce qu’il était devenu depuis tout ce temps ? D’un autre côté, comment leur en vouloir ? Comment leur reprocher de ne pas vouloir s’attacher à un monstre ? Le loup blanc grogna de dépit. La tournure que prenait la conversation ne lui plaisait pas le moins du monde. Elle apportait trop de doutes et d’interrogations avec elle.

« Ils me font suffisamment confiance pour savoir que je m’en sortirai seul. »

Est-ce que son ton avait été convaincant ? Il l’espérait en tout cas. De quel droit son congénère critiquait-il sa manière de faire ? Lui-même avait été proche de perdre sa gorge – et la vie – pour ne pas s’être suffisamment méfié dans les bois ! Mostro estimait ne pas à avoir à recevoir de leçons de sa part !

« Ils m’ont élevé, moi, une abomination. La moindre des choses était de leur rendre la pareille. Peu importe les risques et le temps que ça prendra. Que ça ne t’en déplaise. »

Quoi, la religion maintenant ? Cet Infant n’allait décidément pas lui épargner le moindre tabou et sujet à doutes ?

« Dieu aime toutes les créatures vivantes sur cette Terre. Mais ce n’est pas le cas pour ces créatures entre elles. Même si nous pouvions trouver un endroit où vivre sans y être opprimés, ce serait loin des hommes et des lycans. Au final, nous vivrons cachés. Peut-être que notre bonheur ne tient qu’à cela : vivre cachés. Car nous ne serons jamais complètement acceptés par l’une ou l’autre des races. Tu le sais comme moi ! Pourquoi tu te berces d'illusions ?! » conclut-il en grognant, agacé de se répéter.

Ce n’était pas quelques rares exceptions près qui allait changer les choses. Le mal était trop grand et connu de tous pour que les mentalités évoluent. La différence avait toujours effrayé, pourquoi est-ce que cela changerait ? Comment son congénère pouvait-il espérer une telle chose ? Surtout après avoir vécu la violence et le rejet à son égard, à la fois de la part des lycans puis des humains ? Le loup blanc ne le comprenait pas. Trop d’espérance pour un paria. Toutefois, il écarquilla les yeux en entendant la proposition de Mezariel. Le rejoindre dans sa cellule ?

« Tu fais bien ce que tu veux. Ce sera à tes risques et périls. »

Même en disant cela, avec le ton le plus menaçant de monde, il se savait renvoyer une image plus que pitoyable, si bien que son interlocuteur devait se douter qu’aucune tentative de meurtre sur sa personne ne serait commise dans les prochaines minutes. De quoi l’enhardir suffisamment à mettre son idée à exécution.
Mezariel D. de SaintLouis
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Special Unit • MOSTRO ♥ EmptyLun 10 Avr - 12:39
Mezariel fronça un instant ses sourcils, dérangé par quelque chose qu’il était plus ou moins certain d’avoir remarqué, sans en être malgré tout certain absolument. Il y avait quelque chose de creux, dans ce discours tenu par son homologue. Une chose dérangeante pour l’infant français, lequel se sentit parcouru d’une sensation plus que désagréable. Son agacement dû se sentir à travers les mots qu’il lança alors : « Tu es certain de toi, par rapport aux humains ? Au fond, que sais-tu d’eux ? S’il le faut, ils t’ont simplement gardé pour se servir de toi. »

Mezariel était éminemment agacé par les clichés, peu importe leurs colporteurs. Lycans, vampires, humains, sang-mêlé… S’ils se bornaient à des préjugés, les choses ne pourraient jamais avancées, c’est certain. Un soupir gagna les lèvres de Mezariel. « Il est certain que ce n’est pas avec des individus comme toi, retranchés, terrés dans leurs à priori que nous pourrons un jour espéré bâtir un monde où nous n’aurions plus à avoir honte de ce que nous sommes. Au fond tu n’es pas si différent des lycans que tu sembles haïr. »

A ces mots, le français recula quelque peu des barreaux, cherchant du regard les clefs de son entreprise à venir. Le trousseau pendait à l’entrée même du sous-sol et les éclats lumineux des torches vivaces se reflétaient sur la surface du métal des clefs. Mezariel savait qu’il serait sans aucun doute sermonné pour ce qu’il s’apprêtait à faire, mais il tenait à aller jusqu’au bout de son idée. Et s’il devait être blessé, alors il l’accepterait sans mettre la famille Berkeley dans les ennuis. Il eut une pensée pour Maria, la louve grise. Il espérait qu’elle allait aussi bien que possible. Déglutissant, il fit quelques pas en direction du trousseau qu’il prit à pleine main avant de faire demi-tour pour revenir sur ses pas.

Un crissement assez désagréable résonna dans le sous-sol alors que Mezariel faisait pivoter la clef dans la serrure de la cage de Caleb. L’expatrié du moment ouvrit la porte, s’invita à l’intérieur comme il l’avait annoncé et en referma l’accès. Il n’était pas fou au point de réitérer son erreur de tout à l’heure. Et puis, la fatigue le gagnait, aussi. Il devait agir vite et intelligemment.

La porte de nouveau fermée, Mezariel passa un bras agile entre les barreaux de la cellule, venant ainsi scellée cette dernière depuis l’extérieur. Enfin, il suspendit le trousseau de clef à un petit crochet situé sur le mur extérieur adjacent. Le seul moyen de pouvoir les atteindre maintenant était de posséder un bras humain ; chose que Caleb ne semblait pas être en mesure de faire valoir. Le blond se retourna alors, laissant son regarde difforme courir sur la silhouette du loup blanc. Il eut un sourire presque tendre, loin d’être moqueur alors qu’il s’avançait vers ce dernier. « Tu me fais penser à un enfant…. Enfin, non, pas exactement. Disons plutôt qu’en te regardant, en observant ton attitude, je me revois moi, enfant. » Doucement, il approcha une main de Caleb tout en se mettant à genoux, signe qu’il ne lui voulait aucun mal « Moi aussi, avant, j’étais plein de haine et de rancœur… J’aurai voulu voir le monde brûler tout entier pour m’infliger pareil supplice. Humains, Lycans… Pour moi ils étaient tous pareils. Tous. Mais j’ai ouvert les yeux, depuis et je ne vais que mieux depuis ce temps maudit. »

Il ne savait pas si son plaidoyer allait servir à quelque chose, mais Mezariel voulait tout de même essayer. Il était presque certain que s’il parlait de Caleb a sa tante, elle l’accueillerait à bras ouvert dans son domaine du Sud de la France, comme elle l’avait fait avec lui, son neveu, dix ans auparavant. « Mais au fait… Si tu es un infant, comme moi, pourquoi ne t’es-tu pas déjà retransformé en humain ? » C’était une question très hors cadre mais qui intriguait Mezariel depuis le début. Tout se mélangeait dans sa tête.
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