Chapitre IUn conte d'hiver On dit que le décès de chaque être est un cadeau fait à la faucheuse par sa bien aimée la vie. Ainsi reconnaissante, la mort offre en retour de nouvelles âmes à la vie. C'est de cette légende que l'histoire de Valentine, tout comme la vôtre, commence.
En écoutant les pleurs du bébé qui résonnaient dans sa demeure, Alexandre Gauthier sut que sa femme avait été au bout du long travail d'accouchement qui durait depuis déjà quinze heures. C'était leur tout premier enfant, conçu durant le mariage qui avait été célébré au début de cette même année. Lorsque le jeune père fut autorisé à monter dans la chambre, Maria Gauthier, sa femme, était allongée dans le lit commun, tenant dans ses bras cette petite chose fragile et encore larmoyante qu'était leur nouveau-né. Une petite fille qui se verrait baptisée du nom de Valentine.
En ce même mois de novembre, le frère aîné d'Alexandre rendait son dernier soupir suite à une maladie incurable qui l'avait saisit dans sa quarantième année. Ainsi va le cycle des deux amants éternels ; la vie et la mort, s'échangeant les âmes des mortels tel de glorieux présents pour prouver leur amour.
Valentine grandit dans une belle demeure qui s'imposait de l'autre côté de la forêt bordant le village de Beaumont. Une petite sœur du nom de Lisandre lui fut donnée un an après sa naissance et le jardin se remplit alors de rires et de jeux d'enfants. Rapidement, les deux fillettes développèrent une sorte de rivalité, ce qui ne les empêchait pas pour autant de passer de longues heures à s'amuser toutes les deux. Lisandre était très proche de sa mère Maria tandis que Valentine avait établit une complicité avec sa grand mère paternelle, une vielle femme adorable qui était venue vivre chez son fils cadet suite au décès de son mari.
Souvent, lorsque Valentine ne parvenait pas à trouver le sommeil, elle se glissait dans la chambre de sa grand-mère qui l'accueillait avec le sourire et lui lisait des histoires de vampires et de lycans. La fillette était fascinée par ces aventures qui racontaient l'histoire d'une femme s'étant autrefois battu contre ces créatures démoniaques.
«
Dis mamie, elle était très très forte la dame ? »
Demandait parfois Valentine avec ses grands yeux pétillants de curiosité, ce à quoi la vieille femme répondait par un sourire nostalgique avant qu'Alexandre ne vienne récupérer sa fille pour la remettre au lit.
«
Papa quand je serais grande je veux être comme la dame dans les histoires de mamie !-
Ne dis pas de sottises Valentine, ce ne sont que des contes pour enfants, ces monstres n'existent pas... Ta grand-mère n'a plus toute sa tête ! »
Le sourire bienveillant de la vielle femme s'éteignait alors pour laisser place à la tristesse. Combien de secrets se cachaient-ils sous les rides creusées à même la peau ?
Valentine grandit, malgré son père, bercée par des récits épiques que même sa petite sœur jugeait stupides. Lisandre avait toujours eu un peu peur de sa grand-mère à cause de son œil de verre... Entendre son père répéter sans arrêt que la vieille femme était folle n'avait pas dû l'aider à aiguiser son jugement.
Quoi qu'il en soit, Valentine eut une enfance assez tranquille durant laquelle les rivalités avec sa sœur se firent de plus en plus nombreuses. Paradoxalement le lien de sang les unissant grandissait lui aussi. C'était comme si la compétition était leur moyen d'aller le plus loin possible, de repousser leurs limites tout en fabriquant de merveilleux souvenirs avec cet amour fraternel qu'il est impossible de décrire.
Leur éducation se fit à domicile car leurs parents voulaient ce qu'il y avait de mieux pour elles. Un professeur venait leur faire la leçon plusieurs fois par semaine et là encore il était toujours question d'être la meilleure dans tous les domaines. Néanmoins, Valentine se passionna rapidement pour la littérature et la philosophie tandis que Lisandre trouva son intérêt dans les sciences et principalement l'astronomie.
Certains soirs d'été, elles se rendaient toutes deux vers la lisière de la forêt et suivaient un passage les menant vers le bosquet d'où elles pouvaient contempler le soleil se coucher au loin sur les plaines. Une fois l'astre de jour effacé derrière la ligne d'horizon, elles s'allongeaient dans l'herbe et Lisandre parlait des étoiles pendant que Valentine récitait des poèmes.
Chapitre IILes lames du destin U.C.